Les craintes du Fonds mondial

23 Mai 2023
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Mi-mai, le Conseil d’administration du Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose a réaffirmé son « ferme engagement à mettre fin aux épidémies dans un contexte de menaces grandissantes pour la santé mondiale ». Le Fonds a certes souligné le progrès constant de la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, mais il a surtout signalé que le changement climatique, les conflits et la législation anti-LGBTQI+ constituaient des menaces pour la lutte contre ces trois maladies. À l’occasion d’un réunion à Hanoï, mi-mai, au Vietnam, le conseil d’administration du Fonds mondial a estimé que des progrès « importants » avaient été réalisés dans la lutte contre les trois maladies dans plusieurs régions du monde, notamment l’approche des objectifs 95-95-95 pour le VIH en Afrique orientale et australe, mais aussi le succès de la lutte contre le paludisme pharmaco-résistant dans la région du Grand Mékong et la reprise généralisée des services et des indicateurs de lutte contre la tuberculose. Le Conseil a également reçu une mise à jour sur les décaissements depuis le début de l’année pour le cycle de subvention en cours. Ceux-ci sont en voie de dépasser la somme record de 5,2 milliards de dollars décaissée en 2022. Reste que les membres du Conseil d’administration demeurent préoccupés-es par les menaces qui pèsent sur la santé mondiale et qui compromettent l’atteinte du troisième Objectif de développement durable – Bonne santé et bien-être. En effet, le changement climatique et le nombre croissant de conflits et de déplacements de populations affectent l’épidémiologie et la transmission des maladies, en particulier le paludisme, et augmentent le risque d’apparition de nouvelles maladies. Le Conseil a aussi souligné que « l’abrupte détérioration des droits des personnes LGBTQI+ dans plusieurs pays au cours des derniers mois menace d’entraver encore davantage l’accès aux soins de santé pour des communautés déjà confrontées à la stigmatisation et à la discrimination ». « La réduction de la stigmatisation, de la discrimination et de la criminalisation des populations clés les plus touchées par le VIH est une condition essentielle pour vaincre le sida, a d’ailleurs affirmé Lady Roslyn Morauta, vice-présidente du Conseil d’administration du Fonds mondial. Des lois punitives ne feront qu’alimenter l’épidémie de VIH et mettre en danger la santé de communautés entières. Voilà pourquoi le Fonds mondial s’est engagé à lever les obstacles liés aux droits humains qui entravent l’accès aux services de santé. » Le directeur exécutif du Fonds mondial, Peter Sands, s’est fait l’écho de ces préoccupations, et a lancé un appel au renforcement des partenariats entre les acteurs mondiaux pour opposer un front uni aux menaces actuelles. « Nous devons prioriser davantage les maladies infectieuses dans les discussions sur le changement climatique, a-t-il affirmé. Le paludisme est le meilleur exemple pour démontrer que le changement climatique affecte déjà la santé humaine. La lutte contre le paludisme devrait être un élément central d’une riposte mondiale plus équitable au changement climatique. » Enfin, le Conseil d’administration a discuté des tendances économiques et des contraintes budgétaires qui minent la capacité de nombreux pays à financer les services de santé, et exhorté les partenaires à accélérer le développement de solutions de financement innovantes et à appuyer un financement national de la santé à la fois ambitieux et réaliste ».