Les sans-abri de Paris vers les régions

2 Juin 2023
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Apartheid ? À l’approche des Jeux Olympiques de 2024, le gouvernement veut inciter des milliers de personnes sans-abri, principalement des migrants-es, à quitter la région parisienne pour la province, arguant de la baisse du nombre d’hôtels prêts à les héberger. Reste que ce projet suscite des interrogations. De nombreux-ses hôteliers-ères ne souhaitent plus accueillir les publics précaires car ils-elles attendent un afflux de clientèle lors de la Coupe du monde de rugby à l’automne prochain, et des JO en 2024. C’est ce qu’expliquait, début mai, le ministre français du Logement, Olivier Klein. Près de 5 000 chambres ont ainsi été perdues pour l’hébergement d’urgence, selon la députée centriste Maud Gatel, citée par l’AFP. Depuis mi-mars, l’exécutif a donc demandé aux préfets-es, ses représentants-es en province, de créer des « sas d’accueil temporaires régionaux » dans presque toutes les régions afin de « désengorger les centres d’hébergement » de la région parisienne. Les personnes invitées à partir sont censées être prises en charge pendant trois semaines dans ces « sas » avant d’être « orientées » dans leur nouvelle région. Le dispositif concerne surtout des personnes migrantes, très nombreuses dans la région parisienne à vivre dans la rue ou en hébergement d’urgence. Toutefois, il ne les vise pas spécifiquement, a précisé à l’AFP le cabinet du ministre du Logement. L’AFP cite l’exemple de la ville de Bruz (18 000 habitants-es, ouest de la France) qui a été désignée par le gouvernement pour accueillir un tel centre. La municipalité a fait part de son mécontentement, critiquant le choix du terrain qui jouxte une voie ferrée et est « pollué par des hydrocarbures et des métaux lourds ». Depuis 2021, le gouvernement a déjà mis en place un dispositif similaire, mais centré uniquement sur les demandeurs-ses d’asile. Selon un rapport parlementaire rendu public mardi 23 mai, ce système « a fait preuve de son utilité et de son efficacité », mais un quart des personnes concernées a refusé de quitter la région parisienne. Pour le président de la Fédération des acteurs de la solidarité, Pascal Brice, « accueillir des gens dans de bonnes conditions un peu partout en France (...) sur le principe c’est positif, mais est-ce qu’on s’en donne les moyens ? » On peut « s’étonner de la concordance de l’arrivée des Jeux olympiques et d’un programme qui vise à envoyer les migrants en province, note, de son côté, Éric Constantin, de la Fondation Abbé Pierre, qui se demande  »si le gouvernement a voulu faire en sorte « qu’il n’y ait plus de campement avant que des millions de personnes arrivent en France ».