Les SCMR « utiles et efficaces »

22 Septembre 2021
4 374 lectures
Notez l'article : 
0
 

Les salles de consommation à moindre risque (SCMR) pour les personnes usagères de drogues sont « utiles et efficaces » et doivent être implantées de préférence dans des quartiers où la consommation est déjà active, estiment deux parlementaires chargés d’une mission flash diligentée par l’Assemblée nationale : les députés-es Caroline Janvier (LREM) et Stéphane Viry (LR). Demandant à leurs collègues de « ne pas parler de salle de shoot, terme péjoratif pour les personnels du secteur, mais aussi pour les usagers », les rapporteurs-rices de cette mission considèrent que le dispositif légal autorisant les SCMR « doit être maintenu, et qu’il est pertinent pour prendre en charge les usagers de crack », ont-ils expliqué (14 septembre) devant la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. Cette dernière les avait chargés de cette mission en vue du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS 2021). « Ces salles doivent être pérennisées, mais pas généralisées », a expliqué Caroline Janvier alors que le cadre expérimental qui autorise les SCMR depuis 2016 arrive à son terme en 2022, comme le rappelle l’AFP. Début juin, le cabinet du ministre de la Santé Olivier Véran avait jugé « positif » le bilan des deux structures actuelles à Paris et Strasbourg, qui fonctionnent depuis 2016. Reste que pour le député Stéphane Viry : « ces salles ne peuvent se concevoir que dans un parcours médical complet » car leur but « n’est effectivement pas de sevrer des toxicomanes ». Il  préconise pour cela de « développer les lits en addictologie pour permettre le sevrage » et « les lieux de postcure ». Ces SCMR « doivent être issues d’initiatives locales, portées par les municipalités et conçues en concertation » notamment avec le voisinage, disent encore les rapporteurs-rices. Le sujet provoque de fortes tensions dans le nord-est parisien, où la maire PS Anne Hidalgo a proposé au Premier ministre Jean Castex quatre nouveaux sites sur Paris (dont un dans le quartier de Pelleport), afin de sortir les consommateurs-rices de crack « de la rue et de leur dépendance ». « L’ouverture de salles au niveau de scènes déjà existantes doit être privilégié afin de garantir l’efficacité du dispositif, mais aussi de ne pas créer de nouveaux lieux de fixation », soulignent les députés-es. « Une salle mal ouverte, mal implantée va générer des difficultés, des conséquences collatérales très dures, pénalisantes pour l’idée même de la salle », a expliqué Stéphane Viry. La volonté de la maire de Paris d’ouvrir un de ces « espaces intégrés de prise en charge » dans le XXe arrondissement, jusqu’ici peu concerné par le crack, a provoqué une levée de boucliers des riverains-nes. « Pour l’instant, il n’est pas question de lieu d’inhalation » rue Pelleport, a assuré le premier adjoint (PS) Emmanuel Grégoire à l’AFP ; façon de tenter de faire retomber la polémique. Le maire d’arrondissement Eric Pliez devait rencontrer les riverains-nes le 15 septembre. Pour les rapporteurs-rices, la possibilité d’ouvrir des espaces de consommation « au sein de certains Caaruds » (centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues), petites structures où la consommation est jusqu’ici interdite, « doit être étudiée ». De son côté, le Premier ministre Jean Castex a donné (15 septembre) son feu vert à la maire PS de Paris Anne Hidalgo pour aménager de nouveaux sites d’accueil pour les personnes consommatrices de crack. Il a cependant émis une réserve sur celui prévu près d’une école dans le XXe arrondissement (quartier Pelleport), indique l’AFP qui a pris connaissance du courrier adressé à la maire de Paris. « La création de nouveaux lieux dédiés à l’accueil et au repos sera soutenue par les services de l’État » sous réserve d’une offre et d’une localisation adaptées, écrit le Premier ministre. Jean Castex veut « offrir aux consommateurs des lieux de repos et un parcours de sevrage de qualité » et poursuivre le déploiement de « l’offre de soins » dans le cadre du plan crack signé en 2019 entre l’État et la Ville. S’il n’évoque pas explicitement l’aménagement de nouvelles salles de consommation à moindre risque (SCMR), dites « salles de shoot », sujet de crispation politique avec les riverains-nes, les quatre nouveaux sites proposés fin août par Anne Hidalgo ont « vocation à s’inscrire dans le cadre expérimental offert par la loi du 24 janvier 2016, que le gouvernement prendra l’initiative de proroger » avec le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS 2021) présenté en Conseil des ministres le 6 octobre prochain.