L'Espagne légalise l'euthanasie

27 Mars 2021
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Une évolution législative et sociétale majeure se profile en Espagne. Le Parlement espagnol a approuvé définitivement jeudi 18 mars la légalisation de l'euthanasie. Ce vote fait de l’Espagne l'un des rares pays au monde permettant à une personne atteinte d'une maladie incurable de mourir pour mettre fin à ses souffrances. Cette loi, qui doit entrer en vigueur en juin prochain, était une priorité pour le gouvernement de gauche de Pedro Sanchez. Elle intervient après plusieurs cas emblématiques dans le pays, au cours des dernières décennies, dont celui de Ramon Sampedro, tétraplégique incarné à l'écran par Javier Bardem dans le film oscarisé Mar adentro, rappelle l’AFP. C'est une victoire « pour les gens qui pourront en bénéficier », et aussi « pour Ramon », s'est félicitée, auprès de l’AFP, Ramona Maneiro, l'amie de Ramon Sampedro qui l'a aidé à mourir en 1998. Arrêtée durant quelques jours, elle n'avait pas été jugée, faute de preuves. L'Espagne deviendra ainsi le quatrième pays européen à avoir dépénalisé la mort médicalement assistée, après les Pays-bas, la Belgique et le Luxembourg. Le Parlement portugais a également adopté, fin janvier, une loi dépénalisant l'euthanasie, mais la Cour constitutionnelle a retoqué (15 mars) le texte qui va être renvoyé pour discussion aux députés-es. En Amérique latine, seule la Colombie autorise l'euthanasie. La nouvelle loi espagnole autorise aussi bien l'euthanasie – c'est-à-dire lorsque le-la soignant-e provoque la mort de la personne malade – que le suicide médicalement assisté – lorsque la personne malade prend lui-même la dose létale prescrite par un-e professionnel-le de santé. D'autres pays acceptent cette dernière solution, tout comme l'euthanasie passive, c'est-à-dire l'interruption des traitements médicaux. La loi espagnole prévoit que toute personne ayant « une maladie grave et incurable » ou des douleurs « chroniques le plaçant dans une situation d'incapacité » puisse demander l'aide du corps médical pour mourir et s'éviter ainsi « une souffrance intolérable ». Des conditions strictes encadrent la démarche : la personne, espagnole ou résidant dans le pays, doit ainsi être « capable et consciente » lorsqu'elle fait la demande initiale, qui doit être formulée par écrit « sans pression extérieure ». Elle doit être renouvelée quinze jours plus tard, à l’issue de cette période de réflexion. Le-la médecin pourra toujours rejeter cette demande s'il estime que ces critères ne sont pas remplis (par exemple, le consentement de la personne concernée…). En outre, elle doit être approuvée par un-e autre médecin et recevoir le feu vert d'une commission d'évaluation. Il s’agit donc d’une décision collégiale. N'importe quel-le professionnel-le de la santé peut enfin faire valoir « son objection de conscience » et refuser de participer à la procédure, prise en charge par le système public de santé. La droite et l’église catholique espagnole sont très opposées au texte.