L’homophobie inquiète HRW

21 Juillet 2020
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L’ONG Human Rights Watch (HRW) a exprimé (7 juillet) sa « profonde inquiétude » face aux poursuites judiciaires contre la communauté LGBT en Tunisie, notamment après la condamnation, le mois dernier, de deux hommes à deux ans de prison ferme pour sodomie, explique l’AFP. « Les poursuites actives de personnes pour homosexualité en Tunisie sont profondément inquiétantes et constituent une invasion flagrante de leur vie privée », a expliqué Rasha Younes, chercheuse spécialiste des droits LGBT pour HRW. Si « les États et les organismes internationaux ont félicité la Tunisie pour ses progrès en matière de droits humains, la criminalisation et la poursuite de personnes homosexuelles indiquent le contraire », pointe l’ONG Comme c’est l’habitude dans le pays, la police a tenté de soumettre les deux hommes à un examen anal « pour servir de preuve dans l’affaire ». Le jugement contre les deux hommes « viole leurs droits à la vie privée et à la non-discrimination en vertu du droit international et de la Constitution tunisienne de 2014 », selon HRW. L’article 21 de la Constitution dispose que « tous les citoyens, hommes et femmes, ont des droits et des devoirs égaux et sont égaux devant la loi sans aucune discrimination », rappelle l’ONG. HWR a demandé au Parlement tunisien d’abroger la loi contre la sodomie, punie de trois ans d’emprisonnement selon l’article 230 du Code pénal. Elle a aussi enjoint le gouvernement à abandonner la pratique des tests anaux. « Ceux-ci n’ont aucune valeur scientifique ou juridique pour établir l’homosexualité. En effet, lorsqu’ils sont forcés, de tels examens sont intrusifs, invasifs et équivalent à des traitements cruels, inhumains et dégradants, en violation du droit international. Les examens anaux forcés pratiqués avec l’approbation de l’État violent l’éthique médicale et ont été reconnus comme relevant de la torture par le Comité des Nations Unies contre la torture », avance l’ONG. En juin 2018, une Commission des libertés individuelles et de l’égalité (Colibe) avait préconisé, dans un rapport, une série de réformes sociétales, dont des mesures pour l’égalité entre hommes et femmes en matière d’héritage et la dépénalisation de l’homosexualité. Sur la base de ce rapport, seize députés avaient déposé au Parlement en octobre 2018 un projet de code des libertés individuelles qui prévoit notamment de sanctionner toutes les formes de discrimination et de supprimer l’article 230 du Code pénal, rappelle l’AFP. Le président tunisien Kais Saied s’oppose à une dépénalisation de l’homosexualité, mais est également opposé aux incarcérations sur la base de l’orientation sexuelle.