Maurice dépénalise l'homosexualité

12 Octobre 2023
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On connaît depuis longtemps l’impact négatif des lois discriminatoires sur l’accès à la santé des populations dites clefs : celles qui sont le plus exposées à des risques d’infection par le VIH comme celles qui vivent avec le VIH. Cela ne sera donc pas une surprise de voir que les Nations-Unies et tout particulièrement l’Onusida ont récemment salué la décision de la Cour suprême mauricienne de « dépénaliser les relations sexuelles entre personnes du même sexe ». La plus haute instance juridique de Maurice a, en effet, reconnu l’inconstitutionnalité d’une loi discriminatoire criminalisant les relations sexuelles consenties entre personnes du même sexe ; loi qui a immédiatement été retirée du Code pénal. Auparavant, l’article 250 du Code pénal de l’île (qui remonte à 1898) prévoyait une peine d’emprisonnement maximale de cinq ans. Cette décision fait suite à une plainte déposée par Abdool Ridwan Firaas Ah Seek, le président d’Arc-en-Ciel, la plus grande et la plus ancienne organisation mauricienne de défense des droits humains des personnes LGBTQI. Cette avancée majeure a donc pour point de départ une action courageuse de la société civile. « Aujourd’hui, la Cour suprême a renversé une loi coloniale obsolète et a démontré son engagement en faveur de la non-discrimination et sa volonté de n’oublier personne », a déclaré la coordonnatrice résidente des Nations Unies à Maurice, Lisa Singh. Par cette décision, le pays rejoint « la liste croissante des pays africains qui protègent les droits humains de tous et toutes, y compris des personnes LGBTQI+ », a souligné l’Onusida. « La décision de Maurice de dépénaliser l’homosexualité est une étape importante pour la santé publique et une étape vers l’égalité des droits, le respect et la dignité pour la communauté LGBTQI », a commenté Anne Githuku-Shongwe, la directrice de l’équipe d’appui de l’Onusida aux régions pour l’Afrique orientale et australe. « Cette [décision] signifie que les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes auront beaucoup plus facilement accès aux services de santé et sociaux dont ils ont besoin sans crainte d’être arrêtés ou criminalisés. Le travail devra continuer pour briser les barrières de la stigmatisation et de la discrimination dont souffre la communauté LGBTQI, mais la décision d’aujourd’hui est un pas de plus dans la bonne direction. Elle sauvera des vies », a pointé l’agence onusienne de lutte contre le sida. Maurice est le dernier pays en date d’une liste toujours plus longue à déclarer inconstitutionnelles les lois qui criminalisent les personnes LGBTQI. L’Onusida estime néanmoins que 66 pays ont encore des lois qui criminalisent les relations sexuelles consenties entre personnes du même sexe.