Migrants-es : l'Académie de médecine alerte

29 Février 2020
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La situation sanitaire des migrants-es et réfugiés-es en France se révèle « préoccupante » et se dégrade en raison des « obstacles » imposés par les pouvoirs publics, a dénoncé, mercredi 26 février, l'Académie nationale de médecine lors d’une conférence de presse concernant un rapport à paraître prochainement, indique l’AFP. L'Académie de médecine appelle les autorités à faire « le pari de l'accueil ». L'Académie réclame notamment que toute personne exilée, qu'elle soit ou non en situation régulière, puisse bénéficier « dès son arrivée » d'un examen médical et d'un accès aux soins.  « La situation des étrangers arrivant en France est préoccupante (...) compte tenu de la précarité des conditions de vie et d'hébergement, du manque cruel d'hygiène et d'un retard à l'accès aux droits », a souligné l'instance, en dévoilant son rapport, précise l’AFP. Elle a également dénoncé « tous les obstacles qui provoquent, involontairement ou non, le retard à l'accès ou même l'absence de soins ». L'institution a en particulier ciblé le délai de carence de trois mois récemment imposé aux personnes demandeuses d'asile avant qu'elles ne puissent accéder à la PUMa (Protection universelle maladie, ex-CMU), alignant désormais leur accès aux soins à la carence de trois mois pour l'AME (Aide médicale d'État) réservée aux personnes en situation irrégulière. L'Académie recommande ainsi de « créer une Protection Maladie réellement universelle rassemblant AME et CMU » ; ce que demandent de longue date plusieurs associations de défense des droits à la santé des étrangers-ères. Si les personnes demandeuses d'asile « présentent une mortalité plus élevée » que le reste des exilés-es, « la santé de tous les migrants est fragilisée par les traumatismes » du parcours migratoire, relève le rapport. Une situation aggravée par leur précarité en France, « entraînant des troubles organiques mais surtout mentaux, six fois plus fréquents que dans la population générale ». « Il faut qu'on fasse le pari de l'accueil. C'est plus efficace, beaucoup moins onéreux et plus digne », résume, pour l'AFP, le Pr Marc Gentilini, coauteur du rapport. Le texte, explique-t-il, a surtout pour objectif de « trouver des formules qui permettent aux pouvoirs publics et aux ONG de s'allier et non de s'opposer », car « la France est certainement l'un des pays, en terme de couverture médicale, qui propose les formules les plus larges ». Il s'agit donc d'une volonté politique, soulignent les auteurs, qui rappellent que la suspicion de fraude est devenue « un sujet dominant, alors qu'elle ne représente que 1% des demandes de titres de séjour pour soins ».