PrEP : AIDES en mode offensif

22 Octobre 2015
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AIDES envisage de "tout mettre en œuvre" pour rendre accessible la PrEP (prophylaxie pré-exposition au VIH), y compris en organisant un "circuit de prescription hors autorisation de mise sur le marché" (AMM), si celle-ci n'est pas disponible rapidement dans le cadre d'une recommandation temporaire d'utilisation (RTU). C’est ce qu’a indiqué Christian Andréo, directeur général délégué de AIDES, à l’agence de presse médicale (APM, 9 octobre). AIDES demande depuis plus de deux ans un accès à la PrEP dans le cadre d'une recommandation temporaire d'utilisation (RTU). L’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament) mène depuis plusieurs mois une réflexion conduite par un comité scientifique spécialisé (une quatrième réunion est prévue cet automne). De son côté, les experts français coordonnées par le professeur Morlat ont rendu publiques leurs nouvelles recommandations sur la PrEP. Tout ce processus (qui n’est pas encore achevé) est long, très long, d’autant plus que la PrEP est accessible aux Etats-Unis depuis 2012. Dans un communiqué, Aurélien Beaucamp, président de AIDES, a expliqué que "ces nouvelles recommandations doivent agir comme un électrochoc auprès des autorités de santé". Reste que l’impatience demeure. Impatience d’autant plus grande que la "PrEP pourrait empêcher de nombreuses contaminations", comme le plaide AIDES qui considère que "tout nouvel atermoiement serait irresponsable". L'association évalue avec les professionnels de santé les possibilités de prescriptions hors AMM de Truvada et se dit prête à "organiser un circuit de prescription hors AMM", rapporte l’APM. Rappelons que Gilead n'a pas déposé de demande d'AMM de Truvada en prophylaxie auprès de l'Agence européenne du médicament (EMA) parce que le laboratoire n'a pas réalisé d'étude d'évaluation de Truvada en pédiatrie, comme l’explique une interview de Jim Rooney, vice-président des affaires médicales monde de Gilead sciences. Quoi qu’il en soit, AIDES entend maintenir la pression pour que la décision tant attendue soit enfin prise. En témoigne ce qu’expliquait dans le journal "La Provence" (11 octobre), Bruno Spire, administrateur de AIDES et ancien président de l’association : "Le problème de la PrEP, c'est que cela coûte de l'argent, 500 euros par individu et l'Etat ne veut pas payer. La prévention a toujours été le parent pauvre de la santé (…) En France, on rembourse les soins seulement. Alors, c'est vrai que c'est cher, mais aux Etats-Unis, on n'hésite pas à rembourser. Et 30 000 personnes en auraient besoin en France. Mais bon, comme il s'agit d'homos, qui représentent une minorité électorale pour les élus, on s'en fout".