PrEP : Le Royaume Uni retarde son accès au plus grand nombre

12 Avril 2016
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C’est une mauvaise nouvelle pour de nombreux militants britanniques qui espéraient voir le même scénario qu’en France, où la PrEP a été autorisée et remboursée début 2016. Dans un communiqué du 21 mars, le National health service (NHS, équivalent du ministère de la Santé) anglais a mis fin à l’espoir d’une arrivée proche du traitement en prévention du VIH. Dans son explication, le NHS explique que la décision finale sur la PrEP, qui devait être rendue publique en juin prochain, n’aura pas lieu. Malgré un processus de concertation de plus de dix-huit mois, c’est la fin des discussions sur une autorisation de la PrEP en Angleterre. Le NHS se justifie en affirmant que la mise en place et le financement de la PrEP ne sont pas de son ressort, mais de celui des structures de santé locales, renvoyant la balle de la responsabilité de ces dernières. Cet avis inattendu a suscité la colère de l’ensemble des activistes anti-sida au Royaume Uni. Les militants ont dénoncé cet abandon en bonne et due forme d’un outil qui a pourtant fait ses preuves et permettrait d’éviter de nombreuses contaminations. Le NHS estime qu’avec la conjonction de la politique de mise sous traitement précoce des personnes récemment contaminées (Tasp) et d'une expérimentation de la PrEP dans des sites pilotes, les nouvelles infections devraient reculer. Le NHS va se contenter de financer à hauteur de deux millions de livres la mise sous PrEP de 500 personnes supplémentaires sur ces différents sites, d’ici à deux ans. Il réfléchit également au maintien du traitement préventif chez les participants de l’essai Proud, qui doit bientôt s’arrêter. Mais pour Gus Cairns, activiste et journaliste pour le site d’information anglophone Aidsmap, c’est un moyen de repousser l’accès officiel à Truvada en préventif, en se défaussant sur les autorités de santé locales, qui ne pourront pas payer un accès global à la PrEP à ceux qui en ont besoin. "Le  NHS peut parfaitement payer pour la PrEP s‘il voulait en faire une priorité. Pour évaluer correctement le caractère coût/efficace de cet outil, 25 millions de livres pour mettre 5 000 personnes sous PrEP auraient été un bon début. De plus, cette décision britannique va avoir un effet repoussoir pour les pays qui hésitaient à mettre en œuvre la PrEP et regardaient vers l’Angleterre", défend-t-il. Ce dernier invite à une mobilisation européenne voire mondiale, notamment auprès de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui avait publié ses recommandations en faveur de l’accès à la PrEP aux personnes les plus vulnérables en novembre 2015.