Santé LGBT+ en danger

4 Août 2023
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Depuis que le président de l'Ouganda a promulgué la Loi anti-homosexualité du pays, le 29 mai dernier, la communauté LGBT+ et ses soutiens à Kampala, la capitale et la plus grande ville de l'Ouganda, ont été confrontés à une augmentation des harcèlements et des menaces sécuritaires. Selon les informations rapportées par CNN, cette réglementation a entraîné plus de 300 violations des droits humains à l'encontre de personnes supposées être homosexuelles en Ouganda. Les experts-es sont profondément préoccupés-es par l'impact de cette loi sur les progrès de l'Ouganda en matière de santé, en particulier sur la transmission du VIH. Bien que les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) représentent moins d'un tiers des nouveaux cas de VIH dans le pays, contenir la propagation de l'infection parmi les hommes, les femmes et les enfants dépend d'un accès régulier aux traitements et à la prévention du VIH. À Kampala, Brian Aliganyira, le directeur de l'Ark Wellness Hub, une clinique de santé LGBTQ, tente de maintenir le cap dans ce contexte de LGBTphobies croissantes. Dans un entretien accordé au média en ligne Vox, Brian Aliganyira a fait part des risques auxquels lui et son personnel sont confrontés, et des actions qu'il estime que les personnes en dehors de l'Ouganda devraient entreprendre en réponse à la Loi anti-homosexualité. Peu avant cet entretien, la clinique venait de recevoir la visite d'employés-es du bureau national chargé de surveiller le travail des organisations non gouvernementales en Ouganda. Ces employés-es ont dit à  Brian Aliganyira que le bureau détenait des informations sur l'implication du groupe dans des « actes immoraux » et le recrutement de mineurs pour des « comportements homosexuels ». Cette clinique, ouverte en janvier 2020, semble dans le collimateur des pouvoirs publics ougandais. « En tant que professionnels-les de santé [LGBT+, ndlr] et prestataires de services, nous sommes exposés à des sanctions en vertu de cette loi. Cependant, si nous abandonnons et ne fournissons pas de services à notre communauté, nous pouvons être certains qu'ils n'en bénéficieront nulle part ailleurs », explique Brian Aliganyira. Le directeur de l'Ark Wellness Hub raconte l’impact direct des lois homophobes sur la santé des personnes LGBT+ : « Il existe un récit mensonger selon lequel des cliniques comme la nôtre favorisent l'homosexualité et la traite des êtres humains. Ainsi, de temps en temps, des personnes — des espions — se présentent déguisées en étudiants et prétendent chercher des partenaires sexuels à l'étranger. Ils utilisent cela comme un piège pour vérifier si vous correspondez à ce récit. C'est pourquoi nous formons notre personnel sur la manière de réagir lorsque des personnes viennent et essaient de les piéger pour les pousser à commettre des actes répréhensibles ». Ambiance… Et problème n’est pas restreint aux cliniques LGBT+, comme l’explique Brian Aliganyira : « Début juin, une femme transgenre qui avait été agressée a été conduite à l'hôpital pour recevoir des soins d'urgence. Pendant que les médecins s'occupaient de ses blessures, ils ont remarqué qu'elle avait des organes génitaux masculins et ont appelé les médias. Cette personne était dans un état critique, et au lieu de lui prodiguer des soins, ils ont simplement appelé les médias, pris des photos et exposé la personne [à des risques d’agressions, ndlr].