Touche pas à ma pute !

21 Novembre 2013
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"Tous ensemble, nous proclamons : touche pas à ma pute !", peut-on lire dans "Le manifeste des 343 salauds", une pétition contre l'abolition de la prostitution à paraître dans le magazine "Causeur" de novembre. "Nous considérons que chacun a le droit de vendre librement ses charmes - et même d'aimer ça. Et nous refusons que des députés édictent des normes sur nos désirs et nos plaisirs", argumente le texte dont l'AFP a eu copie. Révélée par des médias, la pétition, fortement commentée sur les réseaux sociaux, a été lancée en réaction à une proposition de loi du PS contre la prostitution et visant, notamment, à pénaliser les clients. Cette proposition de loi doit être examinée fin novembre. Parmi les premiers signataires, dont "certains sont allés, vont, ou iront aux "putes"", figurent notamment les écrivains Frédéric Beigbeder et Benoit Duteurtre, les journalistes Eric Zemmour, Ivan Rioufol, Daniel Leconte et Basile de Koch ou l’avocat Richard Malka. "Homos ou hétéros, libertins ou monogames, fidèles ou volages, nous sommes des hommes. Cela ne fait pas de nous les frustrés, pervers ou psychopathes décrits par les partisans d'une répression déguisée en combat féministe. Qu'il nous arrive ou pas de payer pour des relations charnelles, nous ne saurions sous aucun prétexte nous passer du consentement de nos partenaires", plaident-ils. La directrice de la rédaction du mensuel "Causeur", Élisabeth Lévy, explique dans un communiqué avoir "décidé de batailler par l'humour pour cette cause sérieuse. Nous ne défendons pas la prostitution, nous défendons la liberté. Et quand le Parlement se mêle d'édicter des normes sur la sexualité, notre liberté à tous est menacée", déclare-t-elle. Cette initiative a été critiquée par Najat Vallaud-Belkacem, la ministre des Droits des femmes. "Les 343 salopes [dont l’initiative actuelle s’inspire de loin] réclamaient en leur temps de pouvoir disposer librement de leur corps. Les 343 salauds réclament le droit de disposer du corps des autres. Je crois que cela n'appelle aucun autre commentaire", a déclaré Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement et ministre des Droits des femmes, lors du compte-rendu du Conseil des ministres (30 octobre). Morgane Merteuil, du Syndicat du travail sexuel (Strass), dénonce un "discours anti-féministe" dans une tribune publiée sur le site de L’Express. "Il fallait s'y attendre, la médiocrité des débats sur le travail sexuel, savamment entretenue par celles et ceux qui n'ont aucun intérêt à ce que les véritables enjeux de celui-ci soient abordés, ne pouvait que nous mener à l'abjection", écrit la militante. Elle dénonce notamment le "discours anti-féministe" de l’appel et tacle sévèrement : "Abjecte, enfin, mais dans un style qui n'a rien à envier aux abolitionniste que vous prétendez combattre, votre paternalisme, lorsque vous énoncez "touche pas à ma pute" : nous ne sommes les putes de personne, et encore moins les vôtres".