Mathieu : "Il vaut mieux se casser la jambe que vouloir faire un dépistage"

Publié par Mathieu Grasset le 27.09.2012
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Mathieu vit actuellement en Nouvelle-Zélande. Un jour, il décide de se renseigner dans un hôpital pour effectuer un teste de dépistage du VIH. Une expérience qui l’a marqué et qu’il raconte ici.

"Je voyage et travaille actuellement en Nouvelle-Zélande et je souhaitais vous faire partager une mésaventure qui vient de me choquer. En écoutant la chanson "Passer ma vie" de HK et les Saltimbanks, je suis impatient de raconter ce qu’il m’est arrivé. Et en particulier, cette phrase : "Passer ma vie à accepter ce que je ne peux pas changer, passer ma vie à vouloir changer ce que je ne peux pas accepter".

Je suis allé me renseigner dans un hôpital pour faire un dépistage du VIH. La secrétaire me dit qu'étant étranger de plus de 25 ans, je dois payer le coût de la consultation du médecin plus la prise de sang, soit l'équivalent de 130 euros (200 dollars néozélandais). Pour les locaux, ce prix varie suivant l’âge entre la gratuité et l'équivalent de 40 euros. Pour les moins de 20 ans, c'est gratuit, moins de 25 ans très accessible, et après 25 ans… bah faut avoir une bonne mutuelle (les joies de la privatisation du système de santé).

En tant qu'étranger, si je veux avoir accès aux soins gratuitement, il faut que j'aille dans un planning familial dans une grande ville. Dans mon cas, elle se trouve à 250 km, soit quatre heures sur les petites routes néozélandaises. Cela est très démotivant quand au fait de rester sérieux avec son dépistage. Pour info : 200 dollars néozélandais, cela représente pour moi deux jours de travail. Et même si mon assurance de voyages me rembourse, ça fait mal d'avancer les frais. Pour relativiser cela, le système de santé néozélandais a un gros point positif, qui est aussi accessible aux étrangers. Cette partie s'appelle ACC et compense les accidents corporels de toutes formes et l'Etat prend alors en charge 80 % des frais. En gros : il vaut mieux se casser la jambe que d'avoir la grippe ou vouloir faire un dépistage. Un système de santé qui est donc mi-humaniste, mi-tatchérien. Ce qui me trouble dans cette expérience, c'est que j'estime que quelque soit le pays où l'on est, quelque soit le pays d’'où on vient, si on veut éradiquer ce fléau qu'est le sida, c'est l'accessibilité et la gratuite pour tous qu'il faut. Je ne sais pas trop comment cela marche en France pour les étrangers, mais sans chauvinisme, je crois que c'est plus accessible. Sinon la Nouvelle-Zélande est une belle expérience avec des gens chaleureux et des paysages complètement incroyables. Salutations militante et entrAIDES Internationale".