Efavirenz : chi va piano…

Publié par maniabosco-seronet le 20.07.2009
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Une étude conduite en Andalousie tend à démontrer qu’une augmentation progressive des doses d’efavirenz, durant les deux premières semaines de la thérapie, en réduit les effets secondaires sans altérer l’efficacité du traitement.
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L'efavirenz (ou Sustiva/Stocrin) est largement exploité dans les traitements contre le contre le VIH. Cette molécule entre, par exemple, dans la composition de l'Atripla, qui associe plusieurs médicaments en un même comprimé. Mais l'efavirenz est susceptible de favoriser l'apparition d'effets neuropsychiatriques, de perturber le sommeil, de provoquer des vertiges, des cauchemars et des insomnies dans les premières semaines de la prise de ce traitement. Ainsi 50 % des personnes qui démarrent une thérapie avec cette molécule s'en plaignent. Ces effets indésirables sont généralement modérés et se dissipent le plus souvent après quelques semaines mais, pour un nombre minoritaire de cas, ils sont beaucoup plus sévères et peuvent même occasionner des pulsions suicidaires.

Les traitements antirétroviraux sont présents à des doses élevées dans le corps après la prise de médicament. Il s’agit de « pics » de concentration pouvant être responsables de certains des effets indésirables ressentis ou de leur intensité. C’est pourquoi, l’efavirenz est souvent recommandé en prise le soir, avant le coucher, pour éviter les effets négatifs  en journée. La réalisation d’un dosage plasmatique où on mesure les concentrations résiduelles de médicaments dans le sang (pour voir si elles ne sont pas trop élevées) le lendemain d’une prise peut aussi permettre de corriger un éventuel surdosage, dû au fait que certaines personnes éliminent moins bien ce médicament. Si c’est le cas elles se retrouvent  avec une quantité trop forte d’efavirenz dans le corps et risquent des effets psys plus gênants et durables, sans avoir une efficacité contre le VIH supérieure pour autant. Suite à un dosage plasmatique le médecin pourra adapter la posologie du médicament.

Une équipe de chercheurs espagnols a ouvert une nouvelle piste pour essayer de réduire  certains effets gênants de l’efavirenz en conduisant un essai randomisé sur deux groupes de 114 personnes, toutes démarrant pour la première fois une thérapie anti-VIH. 60 d'entre elles se sont administrées l'efavirenz à doses progressives : 200 mg par jour pendant six jours, puis 400 mg, puis 600 mg, la dose quotidienne habituellement prescrite. 54 personnes ont, elles, pris l'efavirenz à raison de 600 mg par jour dès le début du traitement. L'effavirenz était évidemment combiné à deux autres médicaments VIH (des nucs). L'expérimentation a duré 6 mois.


Si 55% des personnes ont déclaré avoir subi des effets psychiques et troubles du sommeil dans la première semaine, celles prenant la dose complète ont été plus nombreuses à éprouver ces problèmes (66% contre 47% pour le groupe démarrant avec une dose réduite). Les sensations de vertiges, d'ébriété, les problèmes de concentration ou, chez certains, les hallucinations, étaient moindres aussi dans le groupe à prise progressive.

Lors de la deuxième semaine de traitement, les effets indésirables avaient tendance à être moins sévères pour ce même groupe. Au niveau de l'efficacité du traitement, c'est à dire l'obtention d'une charge virale indétectable, il n'y a pas de différence entre les deux groupes. Une proportion similaire de personnes dans chacun des groupes avait atteint cet objectif. Même chose pour l'augmentation du nombre de CD4.

Le fait était déjà établi avec la névirapine (ou Viramune), médicament de la même famille que l’efavirenz (les non-nucléosides). Une administration à dose progressive est recommandée en début de traitement : 200 mg/j pendant
14 jours, puis 2x200 mg/j (Rapport Yeni 2008).

Cette équipe de chercheurs espagnols s'apprête à publier des conclusions similaires au sujet de l'efavirenz, dans la revue « Annals of Internal Medicine ». L'un de ces chercheurs déclare : « A notre connaissance, c'est le premier essai randomisé qui compare directement l'incidence des effets indésirables neuropsychiatriques de l'efavirenz selon les doses absorbées ».
(source Aidsmap)