chant d'automne

Publié par lericou06 le 22.09.2009
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    Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ; 
    Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! 
    J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres 
    Le bois retentissant sur le pavé des cours. 
    
    Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère, 
    Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé, 
    Et, comme le soleil dans son enfer polaire, 
    Mon cœur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé. 
    
    J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ; 
    L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd. 
    Mon esprit est pareil à la tour qui succombe 
    Sous les coups du bélier infatigable et lourd. 
    
    Il me semble, bercé par ce choc monotone, 
    Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part. 
    Pour qui ? - c'était hier l'été ; voici l'automne ! 
    Ce bruit mystérieux sonne comme un départ. 
    
   II 
    
    J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre, 
    Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer, 
    Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre, 
    Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer. 
    
    Et pourtant aimez-moi, tendre cœur ! Soyez mère 
    Même pour un ingrat, même pour un méchant ; 
    Amante ou sœur, soyez la douceur éphémère 
    D'un glorieux automne ou d'un soleil couchant. 
    
    Courte tâche ! La tombe attend ; elle est avide ! 
    Ah ! Laissez-moi, mon front posé sur vos genoux, 
    Goûter, en regrettant l'été blanc et torride, 
    De l'arrière-saison le rayon jaune et doux !

Commentaires

Portrait de arsule

trés beau

(;-p)o(      .)&

arsule

Portrait de balwin

Ta prose poétique est jolie. J'ai longtemps pensé que le seul bruissement de la langue pouvait se passer de poésie. Et puis, à force d'analyse, on comprend que tout y ramène, que l'on ne saurait s'en passer car elle contient presque tout en germe ou en substance.