expérimenter la possibilité de la mort à 17 ans

Publié par Ferdy le 18.11.2009
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j'aime ce titre, il correspond pourtant à une réalité éprouvée à cet âge, 17 ans, hospitalisé à l'hôpital de Sèvres-Ville-d'Avray, je risquais, paraît-il, une hémorragie interne, une tuberculose rénale, plus d'un mois à rester confiné dans une chambre, certes confortable ; la visite de mes grand-père, père, cousins, girl-friend, et l'aumônier ! (je dis bien tous, à l'exception de ma mère, retenue par on ne sait quoi, sur la côte d'azur) ; je vous assure que lorsqu'on a déjà tenté cette expérience, la vie devient une chance (c'était l'année de parution de Fragments d'un discours de R. Barthes, que je lisais en boucle); je ne comprenais pas pourquoi mon corps me trahissait ; chaque après-midi, après la visite de toute l'équipe médicale, le médecin attaché me rendait compte des mauvais résultats, ce n'était pas tant la mort qui pouvait m'ennuyer, mais l'incompréhension ; je me retrouvais à ne plus pouvoir vivre (je ne raconte pas les promenades en ambulance vers Ambroise-Paré); pourtant, il se pourrait qu'à cet instant, j'ai accepté la mort, comme une coïncidence malvenue, mais adaptée. Le pire fut sans doute la visite de l'aumônier. Je suis athée. Je récusais son discours avec un acharnement de malade. Frôler la mort, si jeune, ça, oui, je l'ai vécu.

http://www.deezer.com/fr/#music/result/all/alain souchon lancer des balles

Commentaires

Portrait de nathan

Je pense que tu veux parler de Fragments d'un discours... amoureux de Barthes ? Ce serait curieux que tu aies spontanément censuré l'adjectif amoureux dans ce titre... Je trouve de plus en plus qu'il y a du Vipère au poing dans le personnage de ta mère... Me trompé-je ?
Portrait de Ferdy

évidemment, un terme difficile à fragmenter... je ne souhaiterais pas non plus en faire une caricature, trop facile, ma mère est un personnage de série B, allemande, aussi intransigeante que banale, la possibilité de la mort, elle, m'a fait grandir (un peu)...
Portrait de Ferdy

après plus d'un mois d'hospitalisation, il fut décidé que je devais me rendre à Antibes, afin de me reposer. Tu parles ! (à titre personnel, je n'aime pas beaucoup ces insertions exclamatoires, mais, bon) C'est alors que je me suis mis à fumer et à prendre de l'acide et de la coke ; sur le port, on trouvait de tout et mon argent de poche devait représenter un petit smic ; l'acide, je le prenais dès le réveil, avec le petit déj' puis je faisais de la figuration pour les déjeuners orchestrés par ma mère, le reste du temps, je ne sais plus, jusqu'au jour où je décidai de partir à Rome, puis à Athènes, en passant par Corfou, puis je vécus trois mois en Crète, plus précisément à Pélékas, dans le sud, une caverne sur la mer ; rarement été aussi bien, presque heureux ; ensuite, je fis une excursion en Turquie ; je retombai malade à Istanbul, l'horreur absolue, en plein hiver, une fièvre incroyable, j'essayais de me reposer à Ste-Sophie et Blue Mosquee ; la vie en hiver en Turquie, c'est difficile quand on a 39 de fièvre, les gens grouillent, s'agitent, te bousculent ; par l'ambassade, je me fis réexpédier à Rome (aucun souvenir), un sentiment poisseux, le froid même à Rome, séjourner dans un hôtel minable en attendant (Godot ? Nathan ?) n'attend rien, une vie crépusculaire, assez sordide (la pharmacie, les médecins, trastevere ...), je reprends un avion pour Nice (pas terrible, le retour) ; dès mon arrivée, je me remets à la coke et au lsd ; nouveau séjour à l'hôpital, ma mère m'exhorte à "sortir de ma torpeur" etc.

Portrait de Ferdy

dont je ne me souviens plus.

peut-être convient-il de ne pas se souvenir de tout ?