Indice de confiance en berne

Publié par Ferdy le 04.11.2011
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Qui croire ? lorsque l'indice de confiance évolue aussi rapidement que le cours du cacao sur les marchés. Quelques heures à peine après son passage devant le Conseil de discipline bicéphale, le candide Papandréou fait mine de renoncer à son référendum, menaçant même de démissionner d'un poste peu enviable pour s'en remettre à la Destinée.

Il se joue là quelque chose de la tragédie contemporaine, avec ses rebondissements inattendus, ses alliances mystérieuses, ses revirements de fortune à peine croyables, sur fond de damnation divine et de dettes souveraines.

Ou, pour aller plus loin, serions-nous en train d'assister à une comédie qui aurait l'audace de frapper les spectateurs d'une amnésie sélective, en débarquant de l'intrigue le berceau de la démocratie pour lui assigner le lieu de sa sépulture, une cité balnéaire réputée pour son festival de cinéma et ses palmiers ?

Dans n'importe quel petit commerce de proximité, la chose aurait été rapidement entendue. Mais la liquidation judiciaire d'un pays n'a aucun antécédent. Même la sortie de l'euro n'a jamais effleuré l'imagination de ces innombrables cabinets d'avocats, fiscalistes, économistes, juristes de toute obédience qui ont su rédiger des Traités abscons, dans une frénésie de conquête redoutable, sans concevoir un seul instant que toute leur belle ordonnance pouvait d'un jour à l'autre s'effondrer.

On nous annonce aujourd'hui que la Grèce serait entrée dans la zone euro par effraction, dans un consentement mutuel, dont aucun pays n'était dupe. Ce n'est pas très joli, reconnaissons-le. Un bilan truqué, une déposition mensongère, un simple oubli d'une pathologie ancienne vous ferait perdre, de facto, toute légitimité à un banal crédit ou à un simple contrat d'assurances.

Fallait-il que nos dirigeants, tous autant qu'ils soient, se trouvent à ce point illusionnés par leur créature, indifférents à la menace qu'ils invitaient à leur folle entreprise, et disons-le corrompus, pour ignorer le risque qu'ils faisaient encourir à un peuple, probablement resquilleur, fiscalement distrait, quasi improductif depuis l'Odyssée, le risque d'une banqueroute ?

Cette apparente désinvolture de l'Union européenne souligne toute l'ambiguïté de sa construction qui ne repose, en fait, sur rien. Parmi les vingt-sept Etats membres, il n'est question que du leadership franco-allemand (50% du PIB européen), dont on peut se demander ce que ces deux puissances économiques ont en commun avec la République Tchèque, l'Estonie ou la Slovénie. C'est un peu comme si l'on reprochait à une Bentley de louper les virages, lorsque ses pneumatiques sont ceux d'une 4L.

Fallait-il absolument se résoudre à intégrer une main-d’œuvre bon marché, au gré d'une délocalisation facile, lorsque le secteur économique affichait déjà une érosion perceptible ? Enfin, nos vertueuses démocraties libérales n'ouvraient-elles pas ainsi une brèche idéale à tous ces mouvements populistes qui gangrènent aujourd'hui l'Union ?

En France, gauche et droite confondues devraient tirer de cette pénible expérience tout l'enseignement qui conduit, aujourd'hui, des peuples à s'indigner, non pas tant de la catastrophe annoncée, mais du sort qui lui avait été réservé, en toute bonne foi, par des personnalités aussi respectables que V. Giscard d'Estaing, Jacques Delors, François Mitterrand ou Jacques Chirac (ce dernier étant disculpé du fait de son amnésie juridique). 

Il n'en fallait pas tant pour un fossoyeur afin d'ensevelir un rêve d'union démocratique.