l'acceptation

Publié par libellule33 le 19.12.2011
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Il est très facile de juger, mais bien plus difficile d'accepter chaque moment tel qu'il est, juste comme il est, sans vouloir le changer, le modifier d'une façon ou d'une autre. Nous nous évaluons, nous comparons sans cesse, d'une manière plus ou moins subtile. Il est bien plus bénéfique d'accepter chaque moment, le laisser être, nous permettre d'être nous aussi. En général, nous résistons ou refusons ce qui est. Mais nous ne sommes pas ici pour rendre les choses parfaites.
Lorsque nous commençons à accepter chaque moment juste comme il est, les autres justes comme ils sont, nous-mêmes comme nous sommes, alors chaque instant est parfait. C'est un grand soulagement.
L'acceptation n'est pas la résignation, la passivité, l'abandon, c'est plutôt permettre aux choses d'être sans les rejeter. Le Dhamma nous enseigne justement de ne rien exclure. Mais la réalité est que nous ne pouvons ou ne voulons pas la supporter.
Il ne faut pas vouloir nous accepter quand nous changerons ou quand nous évoluerons. Nous devons nous accepter maintenant tels que nous sommes. Il en est de même pour les autres. Nous ne devons pas chercher à les changer, mais les accepter comme ils sont maintenant.
En réalité, le changement n'est possible que quand nous nous acceptons. Nous devons permettre et être avec chacune de nos expériences directement. Comment pouvons-nous y parvenir ?
En étant attentif. L’attention n'ajoute rien, ne juge pas, ne compare pas. Grâce à l'attention nous pouvons être conscients de ce qui est en train de se passer, de chaque moment, et nous pouvons observer comment nous y réagissons. Est-ce que nous nous y accrochons ? Est-ce que nous rejetons ? Que ressentons-nous dans notre corps ? Y a-t-il des contractions ou sommes-nous ouverts ?
Nous avons tendance à nous crisper quand nous ressentons des sensations désagréables, par conséquent nous ne leur permettons pas d'être complètement. Du fait des contractions, nous créons un blocage et nous ne pouvons voir clairement ce qui se passe. En fait nous essayons d'agir en sorte que les choses soient différentes, au lieu de les laisser être, de les observer avec attention, que ce soient des douleurs, de l'agitation ou de la tristesse. Si au lieu de les bloquer, de lutter contre, nous les acceptons, elles commencent à se calmer car l'énergie utilisée pour lutter et se contracter est libérée.
Accepter ne signifie justement pas abandonner. Lorsque chaque chose est vue clairement, avec compréhension, il est possible d'agir sagement. Il s'agit d'accepter tous nos états émotionnels et mentaux, ainsi que nos réactions à leur égard. Nous nous apercevrons que notre acceptation leur permettra de les dissiper. Il faut les inclure au lieu de les exclure, parce que les exclure consomme beaucoup d'énergie, et nous avons tendance à utiliser tant d’énergie en allant à l'encontre de ce qui existe, en rejetant, en niant, en nous crispant. C'est épuisant.
Bien souvent, nous ne sommes même pas conscients de le faire. Nous sommes le plus souvent sévères avec nous-mêmes, nous nous jugeons durement. Nous manifestons de l'hostilité envers certaines parties de nous-mêmes. Nous devons être gentils et nous donner de l'amour.
Comment cultiver un esprit qui accepte et ne juge pas alors que c'est une habitude conditionnée très ancrée en nous de comparer, de juger et de rejeter ?
C'est à nouveau l'attention. Observer simplement ce qui apparaît, le reconnaître sans concept, sans condamner, sans rejeter, sans blâmer. Être attentif. Au fur et à mesure, nous cultiverons l'amour bienveillant et la compassion, et notre faculté d'acceptation grandira et s'approfondira incluant les infimes parties de nous-mêmes que nous rejetons. Ce sera une guérison, un soulagement, la paix. Cela demande du courage et de la confiance de regarder profondément en soi, d'expérimenter et de voir précisément la colère, la peur, l'avidité, la tristesse, au lieu de vouloir s'en débarrasser. C'est un processus de purification.

Il n'est pas possible de n'avoir que des expériences agréables et d'éviter celles qui sont déplaisantes. Il y a des expériences agréables, désagréables et neutres. Nous devons les laisser être, sans vouloir les modifier. C'est notre conditionnement qui nous pousse à ne vouloir accepter que ce qui est plaisant et à rejeter ce qui est déplaisant.
L’acceptation est très subtile. Nous pouvons penser que nous acceptons alors qu'en fait nous nions ou sommes indifférents. Ce n'est pas accepter. L'acceptation est inconditionnelle, elle dit oui : oui à la colère, oui à la rage, oui à la haine, sans reproche.
Il est très utile de comprendre que ce n'est pas moi qui suis en colère, qui ai de la haine. Ce n'est pas ma colère, ma rage. C'est uniquement l'énergie de la colère, de la haine, de la rage. Ce n'est pas personnel. Nous nous identifions à ces énergies : ma colère, ma haine, ce qui les renforce et nous empêche de les évacuer. C'est très douloureux. Quand nous acceptons réellement ces états mentaux, notre cœur s'ouvre et l'amour devient possible. Quand nous acceptons le chagrin cela libère un espace pour la joie.
L'une des choses les plus difficiles à accepter est le changement. Nous savons que chaque chose change mais nous voulons que les choses soient solides, stables, sécurisantes et qu'elles ne changent pas, bien qu'en réalité elles ne soient pas contrôlables. Les choses changent parce que les causes et les conditions changent. Nous n'aimons pas lorsque notre corps change, nous luttons pour ne pas vieillir. Nous souhaitons que le présent dure et personne ne veut mourir. Cependant nous sommes impermanents, et chaque instant est impermanent. Nous devons accepter l'impermanence qui fait partie de notre vie. Nous souffrons parce que nous nous accrochons et que nous voulons contrôler les choses.
Le bouddha a dit que le moyen de ne plus souffrir est de lâcher prise, de cesser de nous accrocher, de nous attacher. L'attachement est un fort conditionnement. À quoi devons nous renoncer ?

Commentaires

Portrait de Nadicar

Ton texte est clair.

Il attire l'attention sur une "philosophie" à laquelle nous sommes peu préparés, pour ne pas dire une "philosophie" située aux antipodes des modèles éducatifs dominants dans nos contrées. En général, on apprend à cacher son jeu, à taire ses émotions, à avancer à tout prix, dans le but avoué ou non d'être le premier, le plus fort, le plus grand, le plus puissant... En oubliant que, quoi qu'il en soit, chacun n'est que poussière dans l'immensité de l'Univers.

Ce que tu écris ici, un de mes amis, adepte de yogga et de sophrologie depuis deux dizaines d'années au moins, tentaient de me le communiquer, de me le transmettre. Je n'ai finalement découvert tout ça que dans l'épreuve.

Ma contamination (printemps 2008) a plongé ma vie dans une tourmente ponctuellement indescriptible. Mon instinct de vie a réveillé en moi des énergies oubliées depuis longtemps. Se sont-elles associées à des énergies plus cosmiques? je ne sais. Mais, au travers des décisions que j'ai prises, elles m'ont conduit auprès d'un médecin qui n'est pas seulement un prescripteur de médicaments. Il m'a donné l'adresse d'une "Psycho Relaxologue" (c'est ainsi que cette personne se définit).

Dans cette rencontre, au travers des échanges que j'ai eus avec elle et des exercices (respirations, postures, relaxation et travail main gauche, moi qui suis droitier) que j'ai pratiqués sous son expertise, j'ai découvert ce que tu expliques.

Alors, pourquoi j'écris ici? Pour dire ceci:

Il me semble qu'une expérience personnelle dans un domaine quel qu'il soit n'est jamais directement transmissible à l'autre. C'est dans une démarche intime et volontaire que de tels processus de prise de conscience s'enclanchent. En témoigner simplement peut cependant ouvrir des horizons à tous.

C'est ainsi que j'ai compris ton texte. C'est dans ce sens que je m'autorise cette contribution. 

Amicalement.

Portrait de libellule33

libellule33

bonjour Nadicar.

tu as saisi le message que je voulais faire passer et je t'en remercie.

En niant le fait que j'étais seropositive, en refusant de l'accepter je ne faisais que renforcer mon ego. J'ai préféré croire que le virus etait un fantome plutot que de me soigner !

j'ai compris depuis peu que je m'acceptais pas telle que j'étais, j'étais dans le déni le plus total. et ce refus de l'acceptation se manifestait généralement par une colère tournée contre moi, des accusations....

Comme le dit le message "c'est notre conditionnement qui nous pousse à ne vouloir accepter que ce qui est plaisant et à rejeter ce qui est déplaisant...

Portrait de Nadicar

La colère tournée contre soi, en effet...

Quand j'ai fini par éprouver ce sentiment que la plupart des "colères" qui m'animaient prenaient racine en moi, que leur objet premier était moi-même et qu'elles se nourrissaient pour beaucoup de l'aveuglement que j'entretenais à mon propre égard, j'ai eu le sentiment de découvrir ce que certains (Boris Cyrulnik par exemple) appellent le "lâcher prise". Et j'ai accepté en mon fors intérieur d'être ce type pas aussi "costaud" ou "idéal" que je m'évertuais à paraître, surtout à mon propre regard. 

Alors, assez soudainement, plein de tensions sont tombées en moi. Quel apaisement!!

La prise de conscience que j'évoque ici s'est faite dans la foulée de ma contamination et de la révélation de ma séropositivité. En quelques sortes, elle en est née. Mais elle ne s'applique pas seulement à ma relation au VIH. En revanche, elle a éclairé des pans entiers de mon histoire personnelle.

Toute belle soirée à toi, Libellulle33 et plein d'apaisement.

Portrait de Ben59

J'aime beaucoup ton texte. Il est pleins de sincèrité et de vérité. Merci de l'avoir publié Innocent
Portrait de libellule33

libellule33

explications en image !!! bonne lecture.

http://youtu.be/X286eU06yGs

Portrait de libellule33