L'UMP drague les fidèles

Plus d'un siècle après la loi instituant la séparation de l'Eglise et de l'Etat, certains députés de l'UMP considèrent encore que la laïcité en France trouve toute sa légitimité dans la défense de la foi catholique, apostolique et romaine jusque dans l'hémicycle. 

C'est ainsi que 80 législateurs conduits par Richard Maillé (B.-du-R.), ont potassé tout l'été le manuel scolaire de SVT (Sciences et vie de la Terre), destiné dès la rentrée prochaine aux élèves de 1ère, pour faire remonter au ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, l'indignation paroissiale.

Comme on pouvait s'y attendre, ce n'est pas pour se plaindre du manque d'effectifs dans les lycées et collèges, ni de la disette des budgets alloués à l'éducation dans le secteur publique, mais afin d'exiger la mise au pilori de ces manuels où la "théorie du genre" occupe un petit paragraphe contraire au dogme. Laisser entendre à cette jeunesse malléable que le clivage mâle/femelle serait la conséquence d'une construction culturelle et sociale, sans aucun lien avec les évidences biologiques de la naissance, voilà qui sape vingt et un siècles de certitudes conditionnant la vie sexuelle procréative. Que l'orientation sexuelle puisse y être abordée sans tabou, l'hétérosexualité comme un mode de sexualité parmi d'autres, cela paraît inadmissible et contraire à l'enseignement fondamental du pêché originel. 

La droite, auto-proclamée populaire, est ici rejointe par quelques signataires UMP immuables, tels que Bernard Debré, Eric Raoult et Hervé Mariton. A quelques mois du scrutin pour la présidentielle, assez mal engagé pour Sarko la rigueur, la majorité parlementaire serait censée faire diversion et rappeler à leurs ouailles que les valeurs de droite n'ont pas pris une ride. La famille, le travail et la patrie demeurent le socle d'une société irréelle à laquelle l'UMP croit encore. Alors, le recours à la foi, même dans l'espèce de désaffection qui la menace, saura peut-être faire revenir aux urnes les croyants désespérés.

Le prétexte d'un manuel scolaire peut paraître assez puéril et régressif, mais il souligne le malaise d'une droite de plus en plus sensible aux discours de son extrême.