Le désir

Publié par pascal1969 le 02.11.2009
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Une embrouille arrive avec une femme avec qui je suis en formation de médecine chinoise. Nous nous prenons la tête, elle ne comprends rien aux mails que je lui écris et je suis sidéré de sa réaction. C'est si fort que je ressens le besoin d'en parler à quelques amis pour avoir le point de vue de personnes extérieures. J'envoie donc LE MEME texte à une dizaine de personne de confiance dans lequel je raconte exactements les faits en citant les propos exact de chacun. Je suis d'abord très impressionné par le fait que chaque personne voit un point particulier du problème. Pas une seule personne n'a vu la même chose ! Stupéfiant ! Mon psychiatre, quant à lui, a vu la question du désir. Et il me plante là-dessus : le désir.

 

Le temps passe, j'oublie tout et je retourne le mois suivant en formation. A un moment donné, le professeur demande à un élève si ses parents l'ont désiré. Puis il pose la question à un deuxième, puis un troisième. Inévitablement; il va faire le tour des élèves, je le sens. Cela me dérange et je pars. Je pars si loin que quand le professeur me pose la question je n'ai d'autre choix que de reconnaître que pendant un instant, j'étais tout à fait ailleurs, à tel point, que je ne me rappelle même plus la question qui était posée. La question était si dérangeante pour moi que j'avais préféré fuir plutôt que d'avoir à y répondre.

 

Une simple protection contre la douleur. Alors, je me suis autorisé à regarder de plus près.

 

Mon trouble vient du fait que je ne sais pas répondre à cette question. Ai-je ou non été désiré ? Je ne sais pas.J'ai d'abord trouvé drôle de ne pas savoir. Nous ne nous parlions pas, certes, mais je devrais le sentir.

 

Si la réponse est non, c'est insupportable, je me révolte. Le monde s'effondre.Si la réponse est oui, ce n'est pas très confortable non plus en ce sens que cela m'oblige aussi à me remettre en question.Par contre, je remarque quelque chose de fichtrement intéressant : si je me répète intérieurement : « je n'ai pas été désiré », cela provoque en moi une sensation intérieure désagréable. Si je me répète intérieurement : « j'ai été désiré », cela provoque en moi une sensation très agréable : le corps se met à sourire. Finalement, l'important n'est pas ce qu'il s'est passé mais la façon dont ma conscience l'a perçu.

 

Un ami m'invite alors à considérer que la question n'est pas tant de savoir si l'enfant est désiré avant sa naissance que de savoir s'il est élevé avec amour après sa naissance. Oui, effectivement.

 

Ceci dit, aujourd'hui, en écrivant ce témoignage, derrière la gêne ressentie avec la question du désir de mes parents, je sens la présence de l'inceste.

 

L'inceste côté maternel, je l'avais déjà senti. Cette fois-ci, je le sens côté paternel. 4 générations plus haut dans la branche paternelle, il y a eu 11 garçons. Au bout du compte, j'ai un mal fou à mémoriser les prénoms car je suis issu d'une famille où l'on vivait les uns sur les autres sans plus savoir qui est qui. Tout se tient; y compris mon absolu besoin d'espace, de solitude et ma passion pour la quête de la connaissance de soi.

 

Au week-end suivant de formation, le professeur me dit ne pas avoir reçu mon mail. Je vous le donne en mille : j'étais dans les indésirables. Du coup, il m'a remis dans les désirables.

 

Au niveau symbolique, je crois que je suis en train de reprendre ma place. Merci La Vie

 

Pascal