Le dire ou pas

Publié par Kitsune le 17.01.2018
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Je me suis aperçu, en surfant sur le site, combien il était difficile à certain-e-s, sinon beaucoup, d'avouer leur séropositivité à l'éventuel-le partenaire que celle ou celui qui s'exprimait souhaitait voir entrer dans sa vie.

Ainsi que nombre d'entre vous l'ont écrit, il n'est de règle valable, quantitative ou absolue : tout est affaire de circonstance, du besoin qui préside à l'envie d'aller vers un-e autre, de l'impérieux qui pousse à vouloir construire quelque chose de et à nouveau, d'aboutir ou concrétiser.

Permettez que je vous livre mon expérience, qui n'est bien évidemment en rien une leçon de vie (la prétention n'est pas dans ma nature et j'ai beaucoup de mal avec les gens pétris de certitudes).

J'ai, pratiquement systématiquement, lorsque j'ai rencontré un garçon, avoué, alors que s'annonçait le premier baiser, ma séropositivité : il s'agissait (oui, tout cela est à l'imparfait, ma santé d'aujourd'hui m'éloignant de toute perspective) pour moi d'être honnête. Tant vis-à-vis de ce partenaire potentiel d'une nuit, de quelques jours ou éventuels quelques mois, que de moi-même. Il en allait de ce besoin, pour le coup absolu, d'être dans la vérité : il était hors de question pour moi de ne pas témoigner de respect à celui qui avait envie de partager un moment avec moi, hors de question de ne pas lui avouer ce risque que je pouvais lui faire courir (quand bien même les mesures de précaution seraient au rendez-vous), exclu de mettre le pied dans un engrenage extrêmement difficile par la suite à gérer. A fortiori lorsque le garçon avait à mes yeux plus que ces atouts physiques qui chez moi n'ont toujours été qu'un prélude (j'ai en effet toujours eu besoin de discuter un minimum avec les fantasmes que j'ai pu rencontrer, ne pouvant intrinséquement réduire l'autre à un objet de consommation).

Derrière cette volonté de vérité, celle aussi toute nécessaire, de ne pas moi me bercer d'illusions qui à terme se verraient détruites faute d'avoir été sincère : c'est un luxe que je savais ne pouvoir m'offrir.

Croyez-moi : bien souvent, je n'ai rencontré que de la compréhension et, lorsque j'ai essuyé un refus de la part de celui avec qui quelque chose aurait été possible, ce refus a toujours été empreint de respect. Jamais je n'ai senti ou vécu de violence ni même d'hostilité.

Il est même arrivé que l'on me dise oui par la suite. J'ai en mémoire ce garçon qui s'était éclipsé et qui pourtant quelques jours après (je lui avais donné mon numéro de téléphone) m'avait appelé afin de me proposer de passer une soirée avec lui. Soirée au cours de laquelle il n'était rien advenu et pour cause, son attitude lors de notre rencontre ayant eu pour moi valeur de refus : il m'avait de nouveau appelé deux jours plus tard me demandant pourquoi je ne m'étais pas montré plus entreprenant lors de ce moment partagé à son domicile (j'ai bien évidemment expliqué mon attitude).

Je n'ai jamais voulu d'un oui par défaut, ce qui ne m'a nullement empêché d'en vivre plusieurs, à l'instar cette gentillesse adressée à mon égard par l'un de mes amants avec qui j'avais eu une relation suivie de quelques mois : "oui mais je t'ai pris avec ta séropositivité"... gentillesse qui faisait porter sur moi tout le fardeau de l'échec sentimental à travers cette réaction de dépît qui ne pouvait que témoigner d'une errance affective et d'une irresponsabilité malheureusement répandues (oui, je sais, je ne suis pas très clément avec les gens qui ne maîtrisent pas le cours de leur existence).

J'ai aussi, a contrario, dit non à ce jeune garçon qui était prêt à partager quelque chose avec moi malgré mon statut (il était pourtant sacrément mignon et gentil) : j'avais face à moi quelqu'un d'inexpérimenté dans l'existence, pas forcément au fait de tout ce que ce terme de séropositif pouvait englober tant au quotidien qu'au regard d'une perspective d'avenir. Il faut, je crois, dans une relation sérodiscordante, être sur un pied de réelle égalité, c'est à dire que l'un et l'autre soient parfaitement conscients et responsables de ce à quoi ils s'engagent.

Vous l'aurez compris, je suis plutôt adepte de la vérité : dire sa séropositivité est il me semble bon. Cela évite la déconvenue à venir : il vaut mieux à mes yeux entendre un non d'emblée plutôt qu'un oui mais ou un non à venir. Il n'en reste pas moins que toute relation est difficile, que l'on soit séropositif ou non, couple sérodiscordant ou non : accepter l'autre tel qu'il est demande beaucoup au quotidien (c'est au-delà de l'amour que l'on peut éprouver). Seuls la parole, l'échange constructif, la confiance partagée, permettent d'aller de l'avant, de s'enrichir et bâtir autre chose qu'une illusion ou une suite d'incompréhensions fatales.

 

(mon intégrité m'oblige à vous dire qu'il en a cependant autrement été pour moi lors de mes escapades dans les backrooms où tout en général se résumait à affaire de sexe : j'ai moi aussi sacrifié à mes désirs irrépressibles, quand bien même je faisais attention aux prises de risques, tant envers l'autre qu'envers moi)

Commentaires

Portrait de didfie

 

 

Salut

 

Là est la question.

Comme je l'ai dit dans un autre échange cela dépends.

J'ai 56 ans marié 4 enfants et séropo depuis 5 ans.

J'ai fait la connaissance il y a 2 ans d'un homme de 52 ans qui vit avec un homme depuis 9 ans . Et ils s'aiment beaucoup.

 

Notre relation est devenue une relation amoureuse forte et , au bout de 2 mois , je lui ai dit ma séropositivité par amour et par honneteté car je voyais , et lui aussi , que cette relation était forte.

Il m'a demandé 15 jours de réflexion. Il s'est renseigné auprès de médecins et de Info SIDA entre autres. Au bout de 2 semaines j'ai reçu un sms me disant qu'il souhaitait me revoir et que il n'y aurait pas de moment sexuel ce jour-là. Il voulait parler. Nous avons parlé en toute franchise et , au bout de 30 mn , il m'a dit je t'aime j'ai envie de toi allons dans la chambre et nous avons baisé ( toujours avec un préso par respect pour lui et son couple).

Et notre relation dure depuis. Nous nous aimons de plus en plus et ne pas nous voir est dur. Nous savons aussi que nous resterons amants car j'ai une femme et lui un mari.

Lui avoir dit a rendu cette relation amoureuse franche et claire car il sait tout. Avant lui j'étais volage et depuis que je le connais il n'y a plus que lui comme homme dans ma vie.

Oui je crois que le dire est bon quand on sent que la relation n'est pas que sexuelle mais que les sentiments d'amour sont là.

Je vis avec lui une relation amoureuse extraordinaire et je lui ai ecris ceci:

En silence je t'aime

En secret je t'adore

Tu as su me changer

J'ai appris à t'aimer

Et depuis 2 ans

Mon amour n'a pas changé

Je t'aime pour l'éternité.

 

Bonne soirée à vous.