les dents de la mère (suite) et faim

Publié par Ferdy le 30.11.2009
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La dentition.

Mes parents au téléphone ce midi. Je raconte le parcours ; il me manquait le rdv avec l'anesthésiste. Ma mère : poursuis, vas jusqu'au bout. Moi : - Maman, vous pensez vraiment que je suis un imbécile ? Pas du tout, mais continue (...)

J'ai eu l'impression que ma mère voulait raccrocher plus vite que de raison. Je lui dis  encore : je vous remercie pour ce merveilleux patrimoine génétique, mais pour les dents, je ne vous remercie pas.

Elle poursuit la conversation par la description d''un vol alarmant sur Swissair ; je pense à mes dents ; elle à un vol difficile entre Los Angeles / Genève.

Je raccroche dépité.

Commentaires

Portrait de arsule

mais avoir celle qui nous écoute et nous couve(un peu trop à mon gout des fois pour ce qui est de la mienne) c'est pas tjrs ca

 apprendre à pardonner sans jamais oublier

amicalement

arsule

Portrait de Ferdy

essentiel ! m'empêche pas d'avoir un rapport assez zarbi avec elle, mon père inexiste, mais on survit, je crois.
Portrait de filigrane

Je la connais cette mère.... 

Bon la mienne ne survole pas l'Amérique. C'est que dans ma famille on n'avait plus ni la culture, ni l'argent. Mais les prétentions au fond de la tasse oui,  bien collées.

Et donc moi aussi je vouvoie la mother. Récemment, quand je suis allé la voir à l'occasion de son  AVC (dont elle se remet très bien : je crois qu'on en est à la troisième extrème onction depuis 10 ans et à mon avis c'est pas la dernière) j'ai encore éprouvé la honte de devoir lui parler devant des aides-soignantes et des infirmières que, par hypothèse, j'imaginais syndiquées à la CGT, et avec qui j'ai redoublé de gentillesse, mentionnant à la première occasion ma qualité de fonctionnaire, et mettant une ardeur toute particulière à  lancer la conversation sur la marchandisation de l'Education Nationale, de l'Hôpital, de la Poste, des trains,  et la diminution des effectifs, et les cadences infernales et tutti quanti, pour bien montrer que je n'étais pas de son bord à elle. C'est que de loin elle fait un peu villieriste même si dans le fond elle est pas bien dangereuse : elle vote toujours un peu Giscard. 

En fait d'ailleurs,  si ce vouvoiement me fait honte en public, je ne le déteste pas en privé. Quand j'ai eu 20 ans, se rendant bien compte du caractère parfaitement suranné du vouvoiement, elle a fait des appels du pied pour passer au tutoiement : je m'y suis toujours refusé ; hors de question de lui offrir la moindre intimité avec moi. Trop tard. 

Bon allez des bises.

Portrait de Ferdy

Cher filigrane, fais attention à ces liens fraternels, les miens sont désastreux !

A propos du vouvoiement avec mes parents, ce n'est pas tant, comme tu le laisses entendre une forme de respect suranné, mais plutôt une distance essentielle, ma mère n'est pas une copine, mon père non plus (!), et puis la deuxième personne du pluriel, même dans ce confinement bourgeois, appelle des phrases plus ciselées, sans aucune familiarité, mais avec parfois une efficacité de circonstances ; je précise, au hasard, que le vouvoiement s'impose à moi, avec certaines personnes, nettement plus âgées, et que la musique d'une phrase devient alors un modèle de courtoisie à laquelle je suis attaché ; mon frère et moi avons grandi dans cet inconnu, les parents bien sûr nous tutoient, mais la distance entre eux et moi a toujours marqué ce lien assez étrange, sans animosité particulière, mais sans affection ; la famille comme petite entreprise, avec ses règles et ses lois immuables,

attention à la dernière extrème onction Filigrane ! (je devine que nous avons partagé pas mal de rateaux !)