Ma lettre à Bruno Spire, envoyée le 19/12/08 et restée sans réponse (1/2)

Publié par astares le 13.01.2009
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Monsieur,

 

Vous ayant écrit il y a quelques jours par fax, et n’ayant malheureusement reçu aucune réponse, je me permets de vous adresser ce nouveau courrier par voie postale avec AR.

 

J’ai relu ce matin votre réponse à la demande de positionnement émise par Act Up sur les ateliers « santé-bareback ».Il est étonnant, d’ailleurs, que ce texte ne soit plus accessible qu’à une seule et unique adresse URL.

 

Je dois dire que c’est un travail de maître, la rhétorique en est parfaitement huilée et pour un peu on se laisserait prendre au piège.

 

Cependant, votre raisonnement est vicié dès le départ et ne peut tromper que les benêts qui veulent que vous leur disiez ce qu’ils ont envie d’entendre, ce que vous faites d’ailleurs très bien.

 

Certes, on ne peut nier qu’il faille parler du bareback et que Aides soit totalement légitime pour apporter à ces séropositifs des réponses en terme de prévention.

 

Cependant, il me semble que ces réponses ne peuvent se faire que dans le cadre d’entretiens individuels adaptés aux pratiques et au parcours des personnes accueillies concernées par les rapports sexuels non protégés. Or, la publicité faite autour de ces ateliers et, surtout, sur le site Seronet, qui a été pris d’assaut par les barebackers dès le départ, et est devenu de fait une vitrine estampillée Aides du sexe non protégé, me semble tout à fait déplacée alors même que le VIH/Sida reste et demeure une maladie certes plus ou moins bien gérable par les médicaments, mais toujours incurable et en soi mortelle, et que le port du préservatif reste et demeure le seul et unique moyen de se protéger et de protéger les autres, afin d’enrayer la propagation du virus.

 

Force est de constater que cette très grande visibilité donnée au bareback par Aides laisse entendre que, si les séropos barebackers peuvent se permettre de « réduire des risques », a fortiori cela est aussi le cas des non séropos ou des personnes au statut sérologique inconnu, non barebackers.

 

Et c’est là que l’on ne peut vous suivre dans votre démarche. Car le discours destiné au départ aux seuls barebackers passe ipso-facto, par la publicité qui lui est faite, dans le discours général de prévention de Aides, le parasitant et le brouillant. En effet, les personnes peu ou mal informées visitant Seronet ou tombant sur vos flyers bareback, vont se dire qu’après tout puisque Aides, l’association par excellence de lutte contre le VIH/Sida, dit qu’on peut réduire les risques sans utiliser la capote, eh bien allons-y gaiement !