mon histoire parmi les vôtres (saison 7)

Ce soir ,envie de poursuivre mon récit là où je l'avais laissé .

  Nous avons tout quitté .Avec 300 francs en poche ;nous avons fui Paris ,la France pour une destination toute symbolique l'Afrik .Deux séropos en route pour le voyage sans retour ,retourner à la source du mal . Ce virus qui allait nous avoir ,comme les autres survivants .

 Pas de médocs ,donc la mort . Aussi simple que ça et complètement terrifiant ."Combien de temps "??? Aucun renseignement solide,aucun encouragement ,aucun espoir .

  Les dernières nouvelles de mon médecin de l'hôpital Beaujon ,prenez des vitamines et ne vous laissez pas aller ,mangez bien ...etc...! Quel désarroi dans son regard .Nous étions en 1990 .

  Mon compagnon A....,m'avait persuadée que c'était la meilleure opportunité ,le meilleur choix ,sinon une agonie devant mes 3 chers  amours d'enfants. Non,ça c'était hors de question! Le voyage payé par son père ,trop content de pouvoir se débarrasser de ce fils trop extrémiste dans tout . Il est vrai que ce fils ,parti de sa grande et célèbre famille russe à l'âge de 14 ans ,disparaissait des semaines entières ,faisant les 400 coups ,vivant comme un clochard (il préférait "saltimbanque" ) et ne revenant chez ses parents que dans des états épouvantables : il aimait toutes les drogues et les avait toutes essayées avec avidité  . Quelles folles inquiétudes pour sa famille ! jusqu'au jour de ses 18 ans ,quand sa mère l'actrice lui donna des clés et le conduisit dans un studio spacieux  :"Tiens ,mon fils ,c'est à toi tu y mourras seul ,pas devant mes yeux de mère ..." A....était 'border-line' ; il était Trop et avait fait souffrir ceux qui l'aimait .

Dans ce contexte ,la requête faite à son père ,était recevable . 

Nous avions rédigé une lettre à faire pleurer n'importe quel être ,un tant soit peu humain.Nous avons attendu la réponse du père ,chez un pôte en Auvergne.J'avais mis plusieurs jours à la peaufiner cette fameuse lettre où A...demandait à son père l'argent pour deux allers simples Paris-Dakar ,pour y finir notre vie .Dûr pour un père!

 La réponse affirmative nous combla de joie et de retour à Paris ,nous nous sommes retrouvés très vite à l'aéroport de Roissy ,en partance . Nous avons abandonné nos manteaux d'hiver ,les deux hommes se sont rapidement donné l'accolade ....

 Je ne pouvais plus reculer .J'étais condamnée ,de toute façon . Mais j'ai pleuré dans cet avion ,qui faisait Paris-Madrid-Ténérife-Dakar .A....buvait de la vodka avec un passager .

                 Nous sommes arrivés très tôt le matin et j'ai mis le pied sur cette terre d'Afrik avec une grande émotion .A....fut très gentil ,sentant que j'étais bouleversée, chamboulée et anxieuse ,si loin .

 Il m'est absolument impossible de raconter ces trois années (un livre peut-être? ), mais j'ai plus appris sur la Vie en trois ans ,que durant mes 39 années précédentes. 

 J'avais confiance car A....connaissait bien l'Afrique de l'ouest ,donc je l'ai suivi .Ce matin de février 1990 ,nous avions 50€ ,et un nom de copain P... ,banlieusard parisien,qui élevait des poulets (ça rapportait gros ) à Malika (???????????) . Point barre pour l'organisation du voyage .De taxis en taxis ,de billets en billets ,le soir A.....l'avait trouvé ! A 50kms de Dakar

 ,en brousse,dans un village désolé et loin de tout .Le soleil était rouge feu. J'étais exténuée .

  Je me suis endormie sous la grande moustiquaire ,sur un fin matelas de mousse :impossible d'avoir un semblant de pensée cohérente. Dormir.Toujours,longtemps .

            Mais les coqs sénégalais sont aussi matinaux que les nôtres !

  Réalité . L'endroit était idyllique et je pensais ,dans mon petit cerveau européen ,que nous allions cultiver des légumes ,élever des poulets avec P...,nager dans cet océan qui grondait à 5kms de là,....Et aller voir ce Docteur Talarmin ,à Dakar à l'hôpital militaire français ,dont je n'hésite pas à inscrire le nom parce que ce médecin détermina ce qui arriva plus tard . Il changea notre vie .

  je laisse mon aventure africaine inachevée ,pour ce soir ....

             A très bientôt 

                                             Meliah.