Quelle est notre maladie?

Publié par Zagadoum le 21.04.2009
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La maladie est une réalité mais comment composer avec sa vérité et donc sa réalité face à la perception variée de la société via les médias , les associations les religions et nous? ( inclus ceux qui ne l'ont pas hein!)

Aujourd'hui physiquement je vais mieux que jamais , un traitement souple , un virus en laisse , peu d'effets secondaires , un vécu ancien.

J'ai des amis ,certains ont le VIH d'autre pas , quand en on parle , c'est souvent sous la forme de questions qui me sont posées et je remarque d'une part que ces personnes me respectent mais d'autre part qu'elles se trouvent dans un paradoxe ayant pour source la maladie telle qu'elle est véhiculée c'est à dire avec catastrophisme lors des charity days .

D'où une demande pour ré-investir son regard sur la personne .

Exemple : Avec tes traitements il se peut que ce soit toi qui m'enterre non?

Concernant la séxualité j'ai aussi des questions , et c'est pas évident d'y répondre. je m'y attelle en essayant d'être le plus clair et de bien poser les problèmatiques sur la base des demandes que je reçois et en donnant des liens.

De l'avis de tous cependant , avoir le VIH reste une plaie sociale récemment j'étais à un entretien portant sur une formation d'assistant d'accueil , il m'a été demandé puisque cette formation  concernait le public TH d'expliquer en quoi mon Handicap pouvait me poser problème.

J'ai été factuel en abordant point par point les sujets en rapport et lorsque j'ai dit que j'avais le VIH , la personne l'a griffoné sur ses notes : " j'étais marqué "' et je lui ai dit : " Madame c'est à vous que je l'explique car vous m'avez posé une question " .

Elle a fini par reconnaitre à l'aune de son attitude que la maladie fait peur ".

Je crois que la peur est une vecteur soit de rejet soit de pitié c'est à dire cette demande de compassion époumonée via certaines émissions , participe au maintien de celles-ci .

Je veux aller au de-là de cela.

Je pense que le respect qu'on accorde à une personne est fondé d'une part sur ce qu'elle véhicule d'elle au travers de ses dires , de ses émotions de ses qualités et autres , or nous sommes tous travestis en virus par les peurs d'autrui : c'est en cela la souffrance d'être séropostif , le ressenti absolu d'être ce virus symboliquement, alors que ça n'a rien d'identitaire c'est juste un masque , celui du lépreux à clochette du moye age.

Pourtant c'est mon histoire c'est mon vécu et je dois me taire pour me protéger , mais je souffre quand même . 

Parfois d'heureuses surprises.

Je touve l'église plus soucieuse de la personne malgré un idéal que je ne suis pas capable d'approche et je crois que la séxualité , la mort à la maladie sont au coeur d'un conflit portant sur le controle social de ces personnes , mais que voulez vous?

Chacun ses ouailles.

Quelles sont vos éspérances pour vos années à venir et comment comptez vous y parvenir?

Quelle est notre place dans la société , comment concevoir sa relation à l'autre?

Mes projets : reprendre mes études , j'aurais du lien social , je m'occuperait l'esprit , je me ferai des amis. 

Faire une jonction entre mon vécu et les autres via une activité associative .

Je ne vois que ça pour me réaliser et vivre un tant soit peu.

Concernant mon insertion dans le monde du travail , c'est l'espoir " , un peu comme ce vaccin , dont le simple terme induit le fait que cela n'est pas possible pour ceux qui savent ce qu'est un vaccin.

Je ne sais pas mentir , j'ai besoin d'être factuel , tant pis si j'en paie le prix avec le plus grand nombre , la bienveillance existe aussi.

Commentaires

Portrait de bastetzoe

Moi,où j'habite, la population est majoritairement assez âgée et de plus formée par une beaucoup d'agriculteurs. Ce n'est pas pour dire du mal de ces gens que je cotoie que j'aprécie parfois, mais il faut quand même dire que pour la plupart ils ne font pas vraiment preuve d'ouverture d'ésprit ! Et en plus certains se "payent le luxe" d'être rascites alors que nous vivons dans un lieu privilégié et où le peu d'étranger sont très bien intégré dans le sens positif du terme. Ils font vraiment partie de la population.

Tu comprendras donc qu'avec ces gens là, il n'est pas question que je parle de ma maladie. Seuls quleques ami(e)s sont au courant de ma cohabitation avec le VIH et de ce que j'ai traversé dans le passé. Mais je ne te cache pas que ce secret pèse lourdement sur mes épaules.

Parfois je pense que les gens se demande de quoi je vis, pourquoi je ne travaille pas. Je me suis déjà prise quelques reflexions à ce sujet.

Je suis contente pour toi que tu puisses en parler et avoir un entourage relativement ouvert. Mènes tes projets à bien, je te le souhaite de tout coeur en attendant moi je continue à vivre dans mon silence.

Portrait de Zagadoum

Je comprends que cela soit dur dans les campagnes mais je le vis pas.

Certes la dilution de population facilite surement le fait de le dire , tandis que dans un village tout se sait.

Vivre avec ce silence c'est anxiogène et dépréssiogéne au possible : peut être que pour son propre équilibre il faut accepter de prendre un risque : qui sait ça ne sera pas que mauvais.

Sur l'emploi crois moi , j'ai aussi des réfléxions...