Séronautes : consommateurs, usagers, adhérents ou participants ? (Episode 3)

Publié par Jhparis le 13.10.2008
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Nous ne sommes pas des consommateurs à mon sens. Je ne parle pas ici de position marchande mais de celle de la personne qui attendrait que Séronet réponde à un besoin spontané, sans action de sa part, par le seul fait de réclamer et dans une position passive. Au-delà, un consommateur est en droit de réclamer au vendeur ou prestataire de service l’exécution de ses obligations. Sommes-nous tous propriétaires indivis de Séroneta alors? Nullement, cela sous tendrait que nous aurions chacun à part égale la jouissance des lieux, un usufruit sur le site. Cela pourrait se défendre si il y avait une répartition des charges, que nous ne soyons pas simples occupants précaires sans devoirs ni responsabilités et en la matière les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Séronet est une initiative gérée non par ses occupants même si nous y participons collectivement, nous ne faisons pas le ménage ni réglons les factures de gaz. Certains préconisent pourtant cette solution et ce point de vue est parfaitement respectable et je pense même que je pourrai y adhérer et apporter ma contribution mais dans ce cas cela doit se faire au sein d’un autre espace et les réalités auxquelles se confrontent un architecte, maître d’œuvre et gestionnaire de bien risquent à mon avis de décourager ce qui étaient pourtant les plus motivés...

Sommes-nous des usagers de Séronet ? Je ne le pense pas et quand bien même des subventions publiques participent au fonctionnement du site ou qu’il sert un intérêt général, notre propre implication individuelle fait que notre statut dépasse celui de l’usager d’un service public. En dehors de considérations juridiques, une autre raison pour que cela ne soit pas le cas : le fait qu’un service public à un caractère universel, impératif et que sa continuité soit assuré. En l’espèce et sur le caractère universel, nous se sommes pas égaux à l’accès de Séronet, ne serait-ce par ce que des séropositifs n’y ont pas accès (ben oui faut avoir Internet) et qu’il y a d’autres lieux ou modes de solidarité pour les personnes séropositives. Séronet n’a pas non plus la vocation de répondre pour toutes et tous à un besoin d’assistance ou de solidarité, faut-il encore accomplir un acte positif, de s’y inscrire et de participer, et sur la continuité elle n’est en rien assurée, ne serait-ce par ce que les financements ne sont pas pérennes. Enfin, Séronet n’est pas un dû, n’en déplaise à certains, nous ne pouvons objecter à quelqu’un ses limites, carences ou absences d’accomplissement d’une mission de service public et après tout si l’on n’adhère pas à ce projet nous ne sommes pas obligé d’y participer.

Des adhérents, sociétaires, alors ? Pas plus, cela sous-tendrait que Séronet, bien qu’à l’initiative ou géré en partie par des associations, soit sous une forme associative, chacun d’entre nous adhérent à cette association et au choix qui y sont fait. Cela supposerait de surcroît que ce soit les adhérents qui élisent seuls un bureau et fixe les lignes directrices de l’association. L’un d’entre nous évoquait ce week-end la question de la représentativité des internautes auprès du comité de pilotage de Séronet. A priori, je suis toujours favorable aux expériences démocratiques pour autant je suis contre cette idée, par ce que je ne représente que moi-même et ne considère pas qu’un autre internaute ne représente plus que lui-même et que chacun peut déjà exprimer son point de vue, on l’a encore vu ce week-end. Cela poserait de surcroit des problèmes de modes de désignation et également des problèmes d’anonymat.

L’intégralité de « Séronautes : consommateurs, usagers, adhérents ou participants ?» (4 épisodes) sur mon blog : http://www.seronet.info/blogs/jhparis