Soliloques # 1

Publié par Ferdy le 09.09.2009
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Je me suis adressé des commentaires en guise d'échauffement. Il s'agissait évidemment d'une mauvaise manip qui, finalement, me convient.

La première pensée que l'on rencontre au saut du lit va déterminer une part non négligeable de l'humeur de la journée. Ce matin, j'étais comme anesthésié par la grâce ; j'aimerais conserver cet état d'infertile candeur au moins jusqu'au déjeuner. Ici, à Aix-en-Provence, les températures sont redevenues propices à un sommeil de professionnel. Fenêtres fermées, t-shirt ; hier soir si j'en avais eu le courage, j'aurais bien réintégré la couette sur ma couche, peut-être afin de créer l'illusion d'un poids (plume) protecteur, un écran de douceur dans ce monde désolant. Il y a bien longtemps que ce n'est pas d'un corps dont j'ai besoin pour goûter aux joies parcimonieuses de l'existence. Parmi tous les effets secondaires liés au Sustiva, il y aurait celui-ci : exil de la libido et anéantissement du désir. Je peux enfin regarder hommes et femmes avec une égale attention ou bien, je suis en train de me gouiniser. Depuis que j'arbore un crâne rasé et une barbe de trois jours, je remarque les regards des femmes dans la rue. Il y en a de nombreuses qui me paraissent d'une beauté limpide ou mystérieuse, selon les cas. C'est une préoccupation d'esthète comme une autre. Débarrassée des enjeux de la séduction et du rateau. Avec les hommes, quand mon radar me signale une silhouette attrayante, le seul échange de regard suffit à me savoir encore présent ou pas totalement perdu pour la patrie.

Je charge sans doute le Sustiva d'effets indésirables qui appartiennent d'abord à mon désengagement progressif et plutôt radical de la sexualité. Si mes comptes sont exacts, ce dont je ne saurais douter, la dernière fois que j'ai couché avec un homme c'était mon amant, et il est décédé il y a deux ans et quatre mois.

Pour plomber le blog, ça plombe.

Préciser les causes de sa mort n'enlèvera rien au pathos. Pour lui, ce fut un cancer de l'oesophage. Il se repose depuis au Père-Lachaise.

Commentaires

Portrait de filigrane

J'avais raté les numéros 0, 0.1 et 0.2 de ces soliloques pour les raisons que le rédac chef analyse lucidement dans sa dernière livraison, mais j'ai rattrapé mon retard et je suis conquis. 
Portrait de rickhunter

Je cherchais un titre et, fort paresseusement, j'ai copié-collé celui de Filigrane. 6h40 un dimanche matin est un peu tôt pour parcourir les oeuvres de l'auteur mais j'ai bien aimé ce billet, le côté écrit, le texte probablement relu avant publication... Quant à m'abonner, je vais chercher le moyen de!

RH1