Un baiser anecdotique mais symbolique.

Publié par romainparis le 24.08.2009
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La semaine dernière, j’ai été arrêté dans la rue par des salariés de Aides qui quêtaient des donateurs. Je les vois souvent puisqu’ils sont sur mon itinéraire pour aller travailler et d’habitude je les zappe poliment. Cependant, cette fois-ci, c’est un joli garçon qui m’a abordé (j’assume mon côté intéressé et de m’être uniquement arrêté parce qu’il était mignon). Avant qu’il me déballe son speech rôdé, j’ai pris les devants :

- Es-tu séropositif ? ai-je demandé.

- Non, mais…

- Tu travailles pour Aides, tu n’as donc aucun préjugés sur le sida ?

- Non, bien sûr que non, il…

- Toi, tu embrasserais une personne séropositive sur la bouche ? (Oui, vous me voyez venir… parce vous savez que je le suis. Lui, non. Par contre il n’a eu aucune hésitation avant de me répondre)

- Sans problème ! Tu sais, le vih ne se transmet pas comme cela, c’est…

- Alors vas-y.

- … Euh, quoi…

- Je suis séropositif, embrasse-moi.

Il m’a regardé pour voir si je plaisantais, a comprit que non.

- Ben, je ne suis pas gay sinon je t’aurais embrassé sans problèmes.

- Moi non plus je ne suis pas gay, ai-je menti. Dommage, bonne journée.

Et je suis parti sans me retourner.

Dommage en effet, il m’aurait embrassé, même sur la joue, j’aurai signé son papier. Ce n’est pas une histoire d’argent ou le plaisir d’embrasser un joli garçon qui prévaut dans cette anecdote. Je lui ai demandé d’embrasser « une personne séropositive », non un gay, non un homme. Clémentine Célarié avait en son temps montré le chemin, il semblerait que sa leçon n’ait pas été retenue...

Commentaires

Portrait de panam75019

il ne s'agit en aucun cas d'un salarié de Aides c'est ce qu'on appelle du street marketing pratique utilisée par la plupart des associations dans leur démarche de collecte de fond. Et puis moi en tant que séropositif je n'embrasserais certainement pas le premier mec qui me le demanderait, le baiser de Melle Célarié était fait dans un contexte même si il a été fait sur l'impulsion d'un moment, par conséquent on a pas à retenir de leçon de ce geste. Mais que tu sois déçu que ce garçon qui te plaisait n'est pas voulu t'embrasser cela s'entend et se comprend. Pour avoir été un temps recruteur de donateur également j'espére que toutes les personnes qui signe le papier comme tu dis le font pour de bonnes raisons, devenir donateur pour une association que ce soit pour Aides, MDM, Care ou autre c'est un acte militant, c'est adhérer à l'éthique et la politique de ladite association.
Portrait de romainparis

Mais comment savoir qui ne s'agit pas de salarié de Aides puisqu'ils se présentent en tant que membres de AIDES.... Serait-ce donc un mensonge ? Ensuite, sur le fin fond de l'histoire, nous ne sommes pas sur la même longueur d'onde. Cela va s'en dire puisque je considére le baiser de C.Célarié comme un acte important et chargé de symbolisme dans la lutte contre le sida. Chacun retient son geste à sa façon, pour moi il est significatif qu'une Grande leçon.

Portrait de saraconor

déçu dites-vous....quelle tolérance...

tu es courageux Romain et comme cette image de Madame Clémentine Célariée a été piétinée par ce petit con, et comme ton coeur a dû se glacer...

c'est + que du mensonge, c'est du p.... de markéting, la maladie qui est derrière n'a pas de sens, nous sommes dans une société qui s'approprie nos mots et maux et les vide de leur sens...

Portrait de nathan

Cela dit, tous les "streetmarketeurs" (quel barbarisme !) ne sont pas comme celui-là. J'en croise tous les jours près de chez moi et on plaisante sur la nouvelle cause de la semaine pour laquelle ils streetmarkètent lucidement, sans surjouer leur rôle comme celui que tu as rencontré. D'ailleurs, on retrouve certains d'entre eux dans la même rue, plus tard, pour des enquêtes de marketing/consommation, genre goûter des glaces comme ça m'est arrivé en juin. Il n'y a pas de sous causes.
Portrait de nathan

Voici un blog où un streetmarketeur s'exprime :

Pour lui, quêter pour Aides c'est s'engager pour Aides.
Portrait de romainparis

Je ne pense pas que ce jeune homme connaisse le geste de C.Célarié, un simple geste qui m’a marqué par sa sincérité là où d’autres ne font que semblant d’être compatissant. Après, je me suis dis qu’il quêtait pour la lutte du sida sans vraiment rien connaître de l’histoire de cette lutte. Je ne lui en veux absolument pas. Je l’ai provoqué, défier aussi quelque part, non pour le mettre mal à l’aise, mais juste par amusement… au début. J’aurai aimé qu’il relève ma provocation, autant pour mon plaisir d’embrasser un joli garçon que pour qu’il aille juste qu’au bout de son affirmation de pouvoir embrasser une personne séropositive. Il n’a pas assumé parce que je suis un garçon. Il n’y a eu aucune animosité entre nous deux mais je pense qu’il l’aurait fait avec une fille. C’est pourquoi je lui ai menti en disant que je n’étais pas gay, pour qu’il comprenne que le sida ne se réduit pas à une histoire de sexualité.