Covid-19 : interrogations sur les réinfections

12 Septembre 2020
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Des chercheurs-ses de Hong Kong ont annoncé lundi 24 août avoir découvert le premier cas avéré au monde de réinfection par la Covid-19, mais, prudence oblige, les experts-es soulignent qu'il est trop tôt pour en tirer des conclusions sur la suite de la pandémie, indique l’AFP. « Ce cas montre qu'une réinfection peut survenir quelques mois seulement après avoir été guéri d'une première infection », indique dans un communiqué le département de microbiologie de l'Université de Hong Kong (HKU), selon lequel quatre mois et demi séparent les deux infections. Selon les chercheurs-ses, une analyse génétique a montré que ces deux infections successives de la même personne avaient été causées par deux souches différentes du Sars-CoV-2, responsable de la Covid-19. « Nos résultats suggèrent que le Sars-CoV-2 pourrait persister dans la population, comme c'est le cas pour d'autres coronavirus responsables de banals rhumes, même si des patients ont acquis une immunité », poursuivent les chercheurs-ses de la HKU. « Puisque l'immunité peut ne pas durer longtemps après une infection, la vaccination devrait être envisagée même pour des gens qui ont déjà été infectés », jugent-ils. La personne concernée est un homme de 33 ans résidant à Hong Kong. Il avait été testé positif une première fois le 26 mars, après avoir présenté des symptômes (toux, maux de tête et de gorge, fièvre). Une fois guéri, il a été testé négatif à deux reprises. Le 15 août, il a, de nouveau, été testé positif, rappelle l’AFP. Point important, il ne présentait cette fois aucun symptôme : sa maladie n'a été découverte que grâce à un test de dépistage à l'aéroport de Hong Kong, alors qu'il revenait d’un séjour en Europe. « Il est peu probable que l'immunité collective puisse éliminer le Sars-CoV-2, bien qu'il soit possible que les infections suivantes soient moins sévères que la première, comme cela a été le cas pour ce patient », écrivent les chercheurs-ses dans leur étude. Elle est en attente de publication dans la revue médicale américaine Clinical Infectious Diseases. Ces derniers mois, plusieurs cas de possible réinfection avaient été mentionnés dans le monde, sans certitude. Deux cas confirmés de réinfection ont été identifiés en Europe, l'un aux Pays-Bas et l'autre en Belgique, a d’ailleurs rapporté (25 août) la télévision publique néerlandaise NOS, citant des sources médicales. Selon Marion Koopmans, virologue qui conseille le gouvernement néerlandais, le cas (des Pays-Bas) concerné est une personne âgée dont le système immunitaire était affaibli. En ce qui concerne le patient belge, le virologue Marc Van Ranst a précisé qu'il présentait des symptômes légers de Covid-19. « Ce n'est pas une bonne nouvelle », a-t-il déclaré sur la chaine Nos en expliquant que les anticorps développés par le patient après l'infection initiale n'avaient pas été suffisants pour prévenir une nouvelle contamination par une souche légèrement différente du virus. Marc Van Ranst a souligné qu'il n'était pas encore clair si de telles réinfections étaient rares ou si « beaucoup plus de gens (…) pourraient être réinfectés six ou sept mois après » la première contamination. D’un point de vue médical, les poussées de reprise des symptômes chez des personnes déjà malades depuis longtemps sont relativement connues. Les spécialistes s'attendaient à ce que des cas de réinfections par le Sars-CoV-2 soient observés. Pour confirmer qu'il s'agit d'une véritable recontamination, des tests génétiques sont nécessaires pour déterminer si la première et la seconde infection ont éventuellement été provoquées par des souches différentes du virus. Ce qui est le cas dans les trois cas récemment rendus publics. La question de l'immunité face à la Covid-19 est entourée de nombreuses inconnues. Des spécialistes mettent toutefois en garde contre les conclusions hâtives. « Il est difficile de tirer des conclusions définitives d'un unique cas. Vu le nombre d'infections dans le monde, voir un cas de réinfection n'est pas si surprenant », a commenté le Dr Jeffrey Barrett, du Wellcome Sanger Institute. La Pr Akiko Iwasaki (Yale School of Medicine) a commenté sur Twitter : « Il est peu probable que l'immunité collective puisse éliminer le Sars-CoV-2, bien qu'il soit possible que les infections suivantes soient moins sévères que la première », comme cela a été le cas pour la personne de Hong Kong. « La seconde infection était asymptomatique. Si l'immunité n'a pas été suffisante pour empêcher la réinfection, elle a protégé cette personne contre la maladie », a-t-elle précisé, citée par Le Quotidien du médecin. Et d’expliquer : « Le patient n'a pas eu d'anticorps détectables au moment de la réinfection, mais en a développé après : c'est encourageant ». Avant de conclure : « Puisqu'une réinfection peut se produire, il est improbable que l'immunité collective acquise par les infections naturelles suffise à éliminer le Sars-CoV-2. La seule manière d'aboutir à une immunité collective est la vaccination ».  Pour nombre de scientifiques, les personnes qui ont déjà eu la Covid-19 doivent avoir en tête qu'elles peuvent être infectées à nouveau et doivent respecter la distanciation physique, porter le masque et se laver les mains.