Solidays 2023 : Les Sœurs n’iront pas

Coup de tonnerre ! Dans une tribune publiée le dimanche 18 juin sur leur page Facebook, Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence du Couvent de Paname annoncent qu’elles ne se rendront pas au festival Solidays, cette année. En cause, selon les Sœurs, une « invisibilisation de la lutte contre le VIH » dans cet événement. En effet, le festival, porté par l’association Solidarité Sida, semble prendre ses distances avec la lutte contre le VIH depuis plusieurs années : « Où est le ruban rouge ? Où se trouve la mention de cet engagement acharné dans la communication du festival ? Certes, la disparition de ce symbole de notre lutte ne date pas d’hier. La direction de Solidarité Sida nous a confirmé que ce choix remonte à 2012 et que le ruban n’apparaît plus, pour partie, que par le logo de l’association. Ces dernières années, il est effacé progressivement du merchandising », déplorent les Sœurs. Pourquoi cet effacement ? Les Sœurs ont rencontré la direction de Solidarité Sida qui leur aurait répondu « pas assez vendeur », selon elles. La pilule ne passe pas. « Notre désaccord est un désaccord avec les choix et stratégies de la direction. Durant cette discussion, elle nous a confirmé que le choix de gommer le ruban rouge était conscient, et qu’il n’y aurait pas de ruban sur les communications à venir. Il nous a aussi été dit que Solidays n’avait en fait jamais été « le festival de lutte contre le VIH/sida » mais un événement festif célébrant « les solidarités ». Ré-écriture de l’histoire ? Les Sœurs dénoncent un double discours de la direction qui les a invitées, chaque année, pour apporter une « crédibilité militante, tandis que la communication masque l’âme véritable de l’événement ». Et d’ajouter avec amertume : « Depuis 25 ans, nous avons investi Solidays comme ce qui nous a été confirmé qu’il n’était pas, sur une ambiguïté sciemment, voire savamment, entretenue. Depuis 25 ans, nous avons voulu croire en ce qui n’était pas. Act-Up nous l’a appris, on ne combat pas une épidémie dans le silence. Et celui qui règne délibérément autour de la prévention VIH/sida dans la communication de Solidays nous est douloureux et difficilement supportable ». Les Sœurs Couvent de Paname rappellent que l’épidémie de VIH n’est pas terminée : « Le VIH n'intéresse plus personne, l'épidémie n'est plus ce qu'elle était en 1999 », s’est-on entendu dire. Mais comment peut-on s’étonner de la marginalisation d’un combat à laquelle on participe, même avec la sincère et bonne intention de récolter des fonds qui lui seront très utiles ? » Et les Sœurs de conclure : « Notre coeur est brisé et notre mascara ruiné, on ne va même pas chercher à le cacher. Ne pas être à la cérémonie contre l'oubli des ami.e.s du Patchwork des Noms nous coûte d'une manière indicible ». Une tribune qui a suscité de nombreuses réactions sur Twitter. Citons Act-Up Paris : « Nous avons co-signé ce texte puissant et fort de nos très chères Sœurs sur l'état actuel des Solidays. Le VIH-SIDA disparaît peu à peu et nous dénonçons ce processus d'invisibilisation ! SILENCE = MORT ». Ou encore l’activiste Gwen Fauchois : « J’ai toujours pensé beaucoup de mal de Solidays qui, pour moi, usurpe et a toujours usurpé le statut d’association de lutte contre le sida qui ne peut être confondu avec la collecte de fond et encore plus de mal du ruban rouge, mais je comprends la colère de les voir supprimer le peu que Solidays fait ». En date du mardi 20 juin, Solidarité Sida qui organise les Solidays n’avait pas réagi publiquement à cette tribune.