Mano Solo… là haut !
"Je l'ai appris à Noël 1986. J'avais des ganglions partout. Et je savais que je cumulais tous les risques. J'avais beaucoup séduit et fait pas mal de conneries toxicomanes, même si je ne me shootais plus depuis longtemps. J'avais vraiment le profil (…) Les autres. Je ne les ai plus vus de la même manière. En une seconde, j'ai basculé dans un autre monde, je n'étais plus le même homme. Et puis, surtout, une oppression : je crois que j'ai perdu ma liberté, ce jour-là. L'insouciance, la liberté de se tromper, de perdre du temps..." C'est ainsi que Mano Solo expliquait, dans une interview au Nouvel Observateur en janvier 1997, comment il avait découvert qu'il était séropositif et ce qu'il avait ressenti.
Dans cette même interview, il expliquait au journaliste François Armanet
ce qu'était son traitement : "C'est vraiment lourd. Entre les antiviraux, les antiprotéases, les antibiotiques et les trucs pour l'épilepsie - je suis devenu épileptique aussi -, je prends 34 pilules par jour. Depuis qu'on m'a adapté les doses, je ne dégueule plus. Je le supporte bien physiquement, et en tout cas, en ce moment, je me sens bien. Mais combien de temps les nouvelles molécules marcheront ? On n'en sait rien. L'AZT, par exemple, a des effets bénéfiques pendant dix-huit mois, et ensuite le corps s'habitue. Mais pour l'instant, ça m'a sauvé la vie." Il expliquait aussi en quoi le fait de revendiquer "son sida" était un acte militant. "Ne pas me laisser écraser par la société, c'était déjà un acte militant. Quand j'ai su que j'avais le sida, Le Pen parlait encore de sidatorium. Tout le monde déblatérait n'importe quoi sur le sida, sans penser que moi et d'autres mecs nous l’avions vraiment. Tout d'un coup, toute la société parlait de moi, et sans me demander mon avis ! Et c'était hors de question. Culturellement, je n'avais justement appris qu'une seule chose : ouvrir ma gueule."
C'est cette rage, jamais vraiment adoucie, qui marquera ses textes et ses dix-sept ans de carrière. Une carrière fertile, marquée par des succès, trois disques d'or, mais tenue loin des grands médias. Une carrière défendue par une voix déchirante, marquée par de nombreuses influences musicales, qui chantait "le désespoir, la mort qui le guettait et le Paris populaire" qu'il aimait tant. Mano Solo est né Emmanuel Cabut en 1963 à Châlons-sur-Marne. Il est le fils du dessinateur Cabu et de la journaliste Isabelle Monin. Il constitue un premier groupe de musique, "La Marmaille nue", qui donnera son nom à son premier album en 1993. Un album qui connaîtra un grand succès puisqu'il en vendra 100 000 exemplaires. Même s'il a signé une dizaine d'albums, c'est surtout sur scène que Mano Solo, mélange de "Damia et Tom Waits" comme l'écrivait Le Nouvel Observateur, impose un style. C'est sur scène que cet artiste va se faire connaître à la fois en amoureux de Paris et en révolté. Mano Solo a beaucoup chanté le désespoir de toute une génération face à la détresse due au sida, à la drogue et aux échecs amoureux. "Ces chansons étaient très noires dans les années 1990, mais la rage de vivre qui en émanait donnait de l'espoir, porté par des mélodies pleines de pêche qui faisaient bouger les salles de concert", rappelle l'AFP. "J'ai tellement parlé de la mort, que j'ai cru la noyer, la submerger de ma vie, l'emmerder tant et tellement, qu'elle abandonne l'idée même de m'emmener avec elle", chantait l'artiste en 1997. "Il ne viendra plus. Il ne viendra plus nous invectiver. Il ne viendra plus nous encourager. Il ne viendra plus nous donner tout ce qu'il avait : son talent, sa force, son élan, sa générosité". Ces mots sont ceux de sa mère. Ceux qu'elle a choisis pour annoncer, sur le site consacré à l'artiste, la disparition de son fils.
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Commentaires
Les grands esprits se rejoignent ?
C'est la même photo "symbolique" que j'ai placée ce matin en illustration de ce forum :
Mais je voudrais comprendre pourquoi cette photo ci-dessous de Mano que j'avais postée la semaine dernière dans le forum "La photo de l'année 2009" :
a été supprimée sans explication de la part de la Faux-Seronet toujours la semaine dernière alors que Mano était encore vivant et postée, aujourd'hui, dans le même forum, elle est n'est pas supprimée :
http://www.seronet.info/billet_forum/photo-de-l-annee-2009-22357#comment...
C'est parce qu'aujourd'hui il est mort ? Et... ?
Enfin, bravo au service de presse de Seronet pour sa réaction rapide au décès de Mano Solo... C'est inhabituel une réaction aussi rapide à l'actualité.
Ciao Mano
Précision
Bonsoir Nathan,
Il y a bien eu un post de dépublié sur ledit forum mais c'est parce qu'il était vide, aucune photo de publiée à l'écran, ni aucun texte. Peut-être un bug, je ne sais pas...
Bonne soirée à tous. Sophie
salut, solo !
bah, t'es mort comme PKDick
ça me console pas plus
AVC ischémiques et AVC hémorragiques
Les AVC sont répartis en deux grandes catégories :
Les ruptures d'anévrisme dont il est question à propos de Mano indiquent qu'en fait il a fait un avc hémorragique massif. Ces avc laissent peu de chance de s'en sortir...
Pour info, les AVC sont la première cause de handicap en France.
édition du post précédent ci-dessus voir plus haut
Cest marrant comment...
Tu as raison ptifrêre
D'accord avec ça !
Je signe ! Puis-je ?
amicalement,
Kalisha Ka !
"Même sans espoir, la lutte est encore un espoir."Romain Rolland
Je me dois de lutter...
Le militant surtout
C'est aussi et surtout un militant qui :
"expliquait aussi en quoi le fait de revendiquer "son sida" était un acte militant. "Ne pas me laisser écraser par la société, c'était déjà un acte militant. Quand j'ai su que j'avais le sida, Le Pen parlait encore de sidatorium. Tout le monde déblatérait n'importe quoi sur le sida, sans penser que moi et d'autres mecs nous l’avions vraiment. Tout d'un coup, toute la société parlait de moi, et sans me demander mon avis ! Et c'était hors de question. Culturellement, je n'avais justement appris qu'une seule chose : ouvrir ma gueule."
http://www.seronet.info/article/mano-solo%E2%80%A6-la-haut-22613#comment-40765
Perso je découvre d'un eil nouveau le chanteur Mano Solo et je comprends mieux les mots employés pour exprimer sa soufrance et son combat, merci à JFL de nous avoir fait partager ces morceaux choisis.
Juste trop tard...
hommage perso.
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