ALD : l’Etat limite les transports !
Il suffit parfois d’une formule ironique… pour montrer la cruauté et l’absurdité d’une mesure. Celle retenue par [Im]Patients, Chroniques et Associés remplit parfaitement son office : "Pour vous soigner… Maintenant faites du stop !" Rien de mieux que ce raccourci frappant pour critiquer le nouveau décret pris par le gouvernement contre les personnes malades. Pour [Im]Patients, Chroniques et Associés et ses adhérents, ce décret est bel et bien un "frein à l’accès aux soins pour les personnes malades !"
"Jusqu’à présent, dès lors qu’une personne était reconnue en ALD (Affection longue durée), elle pouvait rejoindre un centre de soins quelle que soit la distance ou la fréquence des rendez-vous imposés par son traitement, rappelle [Im]Patients, Chroniques et Associés. La priorité était de mettre tout en œuvre pour soutenir la personne dans sa démarche de soin". Tout a changé avec un nouveau décret (n°2011-258) du 10 mars 2011. Désormais, les personnes malades, mais sans "déficience ou incapacité jugée sévère", n’auront plus leurs transports remboursés lorsqu’elles se rendront chez leur médecin ou centre de soins de proximité. L’association cite l’exemple d’une personne en ALD résidant à moins de 50 km de son centre de soins, qui s’y rend quatre fois par semaine et qui travaille à temps plein à 40 km de là…. Cette personne devra désormais mettre la main à son porte monnaie pour supporter tous les frais de transports. Un sacré progrès !
"Les personnes malades, des 'profiteuses' ?" s’interroge [Im]Patients, Chroniques et Associés. Evidemment l’association n’est pas de cet avis, mais dénonce ce qui semble manifestement une arrière-pensée des décideurs qui ont concocté cette savante mesure. "La lecture de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2011 nous permet d’apprécier le peu de considération que le gouvernement porte aux personnes malades, estime l’association. Une des fiches spécialement consacrées aux personnes en ALD indique les mesures qui permettront "d’éviter les dépenses injustifiées" parmi lesquelles celle "de ne plus prendre en charge systématiquement les dépenses de transports pour les patients en ALD lorsque leur état de santé ne le justifie pas. Il s’agit, avec cette mesure, de mettre fin aux nombreuses dépenses injustifiées constatées par les caisses d’Assurance maladie en matière de consommation de transports sanitaires". Sous entendu, les personnes malades en ALD seraient donc des mauvais "consommateurs" qui "abuseraient".
Bien évidemment, [Im]Patients, Chroniques et Associés conteste cette vision, surtout l’association note que les personnes en ALD "subissent dans leur vie quotidienne et professionnelle les conséquences de leur affection évolutive, la lourdeur des traitements, les effets secondaires, etc.". A cela s’ajoute une pression financière plus forte et un reste à charge plus élevé. "Depuis que le gouvernement a lancé son dispositif "2011, année des patients et de leurs droits", les mesures prises ne font qu’augmenter nos frais médicaux : baisse de remboursement des médicaments à vignette bleue et des dispositifs médicaux, augmentation du forfait hospitalier à 18 euros par jour, limitation de la prise en charge des actes lourds et des transports sanitaires, etc. Le tout venant s’ajouter aux mesures des années précédentes : franchises médicales, participations forfaitaires, etc. Se soigner devient un luxe ! Serions-nous revenus au temps où la saignée soignait les maux ?", interroge [Im]Patients, Chroniques et Associés. L’association indique dans un communiqué (6 juin 2011) qu’elle soutient les associations, dont Amalyste, la FNATH, la FNAIR et le CISS, qui viennent de déposer un recours auprès du Conseil d'État pour demander l’annulation de ce décret. Pour l’association le message est clair : "Notre porte-monnaie est vide, pouvoir travailler et se soigner est un parcours du combattant, disposer de suffisamment de ressources pour se soigner devient un luxe… Face à toutes ces attaques, nous voulons maintenir le combat pour un accès aux soins pour tous et lutter contre l’exclusion des personnes fragilisées par la maladie".
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Commentaires
ils veulent
ps
Implication plus forte des médecins généralistes ?
La solution ne réside-t-elle pas dans une implication plus forte des médecins généralistes traitants de proximité (par définition) dans notre prise en charge ? Médecins que les spécialistes vih, sauf exceptions - notamment à travers les quelques réseaux ville-hôpital réussis - ont toujours maintenu à la marge de notre prise en charge ?
Est-il vraiment toujours utile, pour un grand nombre d'entre nous, de nous rendre dans un service spécialisé lointain, tous les trois, quatre ou six mois pour nous entendre dire que "tout va bien" ?
Ne faut-il pas que les spécialistes vih consacrent leur temps précieux à ceux d'entre nous qui en ont le plus besoin plutôt que de n'accorder, sous la pression de l'acte, que dix minutes à tous ?
A moins que tout cela ne soit mû par des considérations liées notamment aux gains complémentaires que peuvent représenter les essais en tous genres dans lesquels nous sommes inclus, même sans le savoir...
Oui mais
Pour la prescription de nos médocs, notre
sans compter que
Généraliste, transports
Seule la prescription initiale des anti rétroviraux doit être faite à l'hôpital, le renouvellement peut etre fait par le généraliste.
Le pb est plutôt qu'ils n'ont pas la formation nécessaire.
La question des frais de transport est bien sur un frein pour ceux qui habitent loin du service hospitalier qu'il faut conserver même si l'on dipose d'un généraliste informé et compétent.
ald et transports
On fait
Histoire d'amour propre. Suivie à 150 km
Implication des généralistes et formation
C'est justement le coeur du problème. Or la plupart des services des maladies infectieuses sont universitaires et ont donc aussi pour mission la formation des professionnels de santé et donc des généralistes volontaires. Cela existe déjà dans le cadre des réseaux Ville-hôpital. Il faut élargir le panel des généralistes impliqués dans la prise en charge des séropos. C'est de toute façon inéluctable compte tenu du fait que la file d'attente des patients grossit d'année en année et que dans le cadre de la RGPP et de la loi Hôpital, patients, santé et territoires, les moyens humains dans les services hospitaliers sont au mieux constants mais le plus souvent en diminution.
suivi en ville