New-York construit un mémorial du sida
Un jardin triangulaire de 1400 mètres carrés parsemés de bancs en pierre, de bouleaux blancs et bordés de trois grands miroirs : "Infinite Forest". Le projet de mémorial du sida qui a été retenu le 20 janvier 2012 par le jury d'un grand concours et qui doit prendre place sur le site de l'ancien hôpital new-yorkais St Vincent's, a été refusé par le développeur en charge de sa construction. Ce projet, qui avait pourtant été approuvé par les commissions chargées de l'aménagement urbain, verra le jour après avoir été repensé.
Lancé en septembre 2011 par les fondateurs de la coalition pour le AIDS Memorial Park (1), ce concours a mobilisé les architectes du monde entier. "Nous avons vu 475 projets de 26 Etats américains et 32 pays des six continents. C'était fascinant de voir la grande diversité des propositions", expliquait Regan Hofmann, directrice exécutive du magazine américain sur le VIH "Poz" et membre du jury final après la délibération, le 20 janvier 2012. Michael Arad, qui a imaginé le mémorial dédié aux victimes des attentats du 11 septembre 2001 et à leurs familles, Kenneth Cole, directrice de l'association amfAR (2), Thelma Golden, du Studio Museum de Harlem (3) et de nombreuses autres personnalités – architectes, artistes, journalistes, responsables d'institutions militantes et culturelles – faisaient également partie de ce jury.
Regan Hofmann explique que "le choix n'a pas été facile", qu'il s'est porté sur le projet "Infinite Forest" proposé par le paysagiste Rick Parisi et qu'il a été approuvé par les commissions responsables de l'aménagement urbain de la ville. "J'espère que cet espace, un triangle de miroirs et une forêt d'arbres, permettra aux personnes de se souvenir, de se recueillir et de célébrer [la vie]. En plaçant les visiteurs face à leur reflet et à celui de beaucoup d'autres, il les amènera aussi à s'interroger sur leurs propres relations au VIH et au sida," écrivait-elle dans cet article, soulignant le fait que la jeune génération "n'a pas bien conscience de ce que représente l'histoire du sida" et "qu'elle est encore touchée par le virus".
Coup de théâtre. Rudin Management, qui a racheté ce terrain après que l'hôpital St Vincent's a fait faillite en avril 2010 pour y construire un parc et de luxueuses résidences, a rejeté le choix du jury. La compagnie déclare que les travaux de Rick Parisi serviront de base au projet final mais qu'elle va travailler avec les initiateurs du projet et la société locale pour définir ce projet. "Nous sommes d'accord pour continuer de travailler avec les parties prenantes afin de réaliser au mieux ce mémorial", a récemment déclaré le président de Rudin Management. Refus accepté par les responsables de l'aménagement urbain et soutenu par les fondateurs de la coalition pour le AIDS Memorial Park qui ont expliqué que "le concept vainqueur [les] inspirait et qu'il servirait de point de départ au processus".
L'élaboration d'un nouveau projet de mémorial pourrait retarder le début des travaux car il devra, une nouvelle fois, être examiné par les commissions concernées mais les responsables de Rudin Management expliquent qu'ils feront en sorte de respecter les délais. Le Mémorial sera construit à la place de l'hôpital St Vincent's, sur un terrain bordé par la 7ème avenue, la 12ème rue et l'avenue Greenwich, au cœur du quartier gay de Greenwich Village et à deux pas de Christopher Street, à New-York.
(1) Créée en 2011 par les urbanistes Christopher Tepper et Paul Kelterborn, la Coalition pour le AIDS Memorial Park se donne pour mission de "reconnaître et préserver l'histoire continue de l'épidémie de sida à travers la création d'un parc "mémorial" à New-York, où plus de 100 000 hommes, femmes et enfants sont morts des suites du sida, ainsi que pour célébrer et commémorer les efforts des activistes et des proches des personnes malades qui ont su répondre à cette épidémie avec héroïsme".
(2) AmfAR (American foundation for aids research), organisation non gouvernementale internationale, soutient la recherche contre le sida, la prévention, l'éducation thérapeutique (accompagnement des personnes sous traitement) et plaide auprès des instances politiques pour améliorer les conditions de vie des personnes séropositives depuis le début des années 1980.
(3) Le Studio Museum de Harlem est un réseau d'artistes d'origine africaine nés à Harlem, aux Etats-Unis, à l'étranger, dont l'œuvre s'inspire de la culture noire et/ou en est influencée.
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Commentaires
J'avais proposé la même chose à Paris,
ça existe déjà à Paris !
vivement
Il faut que j'aille la voir de près,
Moi aussi j irai voir çà.
jamais entendu parler
je ne sais pas
Inauguration en grandes pompes
hooo va oui !! c'est vraiment moche,puis
J'ai fait une petite enquête
Boycotté ou..
Je pense que chaque effort de mémoire