AIDES aux UEEH 2010

Publié par jfl-seronet le 03.09.2010
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Les Universités d'été euro-méditerranéennes des homosexualités (UEEH) sont organisées, chaque année, en juillet, à Marseille. Evénement militant, ces rencontres "LesbiGayTransQueer" ouvrent tous les champs. Vous vous y reconnaissez ? Tant mieux ! Vous y trouverez aisément votre place. Si ce n’est pas le cas, libre à vous de vous la faire… AIDES, sur invitation des UEEH, a décidé cette année, de réinvestir l’espace Santé, le lieu étant propice aux échanges entre les associations et les formes de militantisme LGBTQI présentes. Jimmy, militant à AIDES à Lille, en était. Il raconte.

Nous, quelques "militantes" de AIDES, nous sommes retrouvées sur place le samedi ; enregistrement à l’accueil dans le hall de l’ESBAM (Ecole supérieure des Beaux Arts de Marseille), investissement des chambres dans la cité universitaire du CROUS, visite des lieux, explication des us et coutumes pour les nouvelles participantes et, enfin, rencontre avec nos partenaires de Keep Smiling, une association d’auto support sur la réduction des risques en milieu festif, qui, pour l’occasion, a apporté son "chill-out" pour créer un espace de détente et de convivialité autour de la santé communautaire et de la prévention. Après avoir fait connaissance, quelques courses et organisation des cuisines solidaires pour le week-end.


Le dimanche matin, première assemblée générale à 10 heures (c'est tôt !) qui commencera à 11 heures… Et là je commence à comprendre l’ampleur de ce que peut engendrer sur le plan organisationnel la mixité de genres, de sexes, de sexualités… Un petit rappel des règles, une mise au point sur les différentes organisations de la planification, la répartition des participations aux différentes tâches, les ateliers et animations de ces UEEH… vous comprendrez que ça peut faire peur ! Pour l’espace Santé, réunion à 14h30, juste après le repas, idem pour la planification des ateliers, heureusement que nous sommes plusieurs pour nous répartir les tâches… à peu près organisées pour la semaine entière. Toutes les intervenantes du pôle Santé s’activent à la présentation et la décoration du chill-out. Re assemblée générale, cette fois-ci pour restituer ce qui a été décidé lors des réunions de l’après midi. Après toutes les mises au point et la perte progressive des participantes de l’assemblée (Eh oui, 2 heures, c’est long) nous sommes enfin sorties de cette première journée collective. Enfin pas tout à fait, il reste le débriefing entre militantes de AIDES. Nous sommes donc parées pour commencer les activités.
Dès le lendemain matin, 10 heures (encore trop tôt ?), nous animerons le premier atelier Santé sexuelle et prévention sur le thème du coming-out, mais, en fait, des coming-out (orientation sexuelle, sérologie et même paternité). Un groupe bienveillant et désireux d’échanger composé d’une douzaine de participantes, des militantes de AIDES, et un jeu de la ligne (une spécialité de la maison : chacun se positionne de part et d'autre d'une ligne selon qu'il est d'accord ou pas avec une affirmation proposée à l'ensemble des participants au jeu. Par exemple : "Dans les couples gay, il y en a toujours qui fait l'homme et l'autre qui fait la femme") ; ça nous donne un atelier très productif où chacune a sa place pour s’exprimer et partager ses expériences. Les thèmes abordés seront le rejet, la peur des réactions de l’autre, du coming-out qui se fait en permanence et devient une expérience à renouveler perpétuellement tout au long de sa vie. Parler de son orientation sexuelle amène souvent à parler de son statut sérologique.

L’après-midi, réunion pour organiser l’animation du chill-out. Nous sommes toutes d’accord sur le fait d’être présentes le plus possible sans pour autant se contraindre à un planning avec des permanences définies ; l’avenir nous apprendra que nous avions fait le bon choix car chacune a investi le lieu lorsque nous étions libres et c’est devenu notre point de ralliement. Le soir au débriefing, l’équipée semble contente de la manière dont se déroulent et s’organisent les choses jusque là. Après le repas, nous nous retrouvons toutes spontanément au niveau de l’espace Santé, animant les débats et orchestrant les "démonstrations" autour des matériels de prévention.
Le mardi matin, c’est l’atelier "Mobilisation des trans contre le VIH/sida : à quoi peut bien servir une "vieille" association de lutte contre le sida ?". Pour être clair, quels sont les besoins des communautés Trans en prévention et surtout quelles sont ou pas leurs attentes vis-à-vis de AIDES ? Les personnes présentes sont très intéressées et très claires sur leurs attentes plus centrées sur les communautés FT (FT = du genre féminin vers un autre genre qu'il n'est pas toujours nécessaire de préciser) et les demandes se centrent sur le besoin de données, d’enquêtes afin d’avoir des chiffres qui permettent de mieux définir et quantifier ces besoins. En attendant, il est clair que de la documentation basée sur les connaissances actuelles serait la bienvenue, des supports du style plaquette Dicklit et T Claques… La présence de membres espagnols du collectif Stop Trans Pathologisation permet d’échanger sur les avis et les partis pris dans leur pays et le notre. L’après midi, il faut préparer la consultation communautaire sur la prophylaxie pré-exposition (PrEP) que j’anime avec un intervenant de Keep Smiling. Nous nous sommes mis d’accord sur le fait de réduire au maximum dans le temps la partie présentation car dans l’ambiance des UEEH, il est difficile de dépasser les 45 minutes sans générer un effet soporifique sur les participantes ; ça permet de prendre le temps de débattre longuement car le groupe prend tout de suite possession du sujet en abordant tous les points de vue. Chacun respecte la parole de l’autre, ce qui me permet, de participer pleinement au débat en mon nom sans trop avoir à gérer l’animation. Pas de débriefing, la consultation a perduré… fort tard. Nous enchaînons directement sur le dîner. Le soir, le débat sur les PrEP reprend au niveau des cuisines solidaires puis dans le chill-out.
Nous sommes mercredi, et c’est le colloque des UEEH à l’Alcazar dans le centre de Marseille. Les sujets sont très prometteurs : les Trans et les Queers autour "des corps, des identités… et après ?". Motivé, même si la fatigue commence à se faire ressentir, alors que certains ont confondu calanques et colloque, je réalise sur place que ce n’est pas forcément par confusion, mais plutôt par expérience. En effet, la première présentation sur les images de couverture du magazine Têtu a un goût de légèreté qui finit par vous laisser sans appétit, alors que la suite des présentations est beaucoup trop universitaire pour être buvable. Ce que je discerne aisément semble très riche, mais il y a trop peu de choses exprimées dans mon langage de madame tout le monde. Je suis vite saoulée et désintéressée, je n’irai pas jusqu’au bout des présentations ;  Le soir, débriefing, l’avis est partagé en ce qui concerne le colloque, et il semblerait qu’en off toute notre action communautaire mène bon train au sein des UEEH.
La fatigue commence réellement à peser, mais ce jeudi matin, c’est l’atelier "Mon corps et le corps médical". Tout s’articule bien et chaque participant a des expériences et contraintes de santé différentes face au sujet. Rien de tel pour vous remettre en route. L’évidence est que les soignants sont loin d’être prêts à tout prendre en compte dans la prise en charge de leurs "patients" que l’on parle des spécificités dues au genre ou à la sexualité, ou aux besoins liés à l’état de santé. Il est évident qu’un programme de formation et de sensibilisation des professionnels de santé mettra du temps à être instauré, mais que cela ne serait pas du luxe. C’est aussi aux personnes, elles-mêmes, de devenir acteurs de leur santé et ne plus être totalement passives face au système de santé. Après le déjeuner, c’est l’atelier "Mobilisation des Handis sur leur sexualité" et là je vois qu’en France tout du moins, pouvoir envisager qu’une personne à mobilité réduite ait, ne serait-ce qu’un désir de sexualité, est totalement inenvisageable… alors plaider pour la sexualité handi LGBT ! il y a du boulot…

Après, le dépistage VIH n’a pas eu un franc succès. Beaucoup avaient exprimé leur désir d’y participer, mais, au final, elles nous disent que là dans l’ambiance des UEEH ce n’est pas leur priorité que de passer trois heures (temps de déplacement compris) pour aller se faire dépister. Une participante dit que si le dépistage avait eu lieu à l’ESBAM (sur place donc), elle l'aurait fait. Après le débriefing… Le soir est animé pour tout le monde… Après les discutions au chill-out, je donne ma contribution aux UEEH et je tiens le bar jusqu’à la fermeture.
Aujourd’hui, vendredi,  pour moi, c’est repos. Mais les autres militants ont des retours à faire sur les ateliers "Dépsychiatrisation trans" et "Déportation homosexuelle". Le soir toujours : animation au chill-out et retour tôt pour être frais à l’atelier du samedi matin.
Atelier "Mes partenaires sexuels, comment je les trouve, comment je baise avec". Le sujet plaît, et les participantes ont vraiment envie de parler de cul, curieuses de savoir comment les unes et les autres font, où, et surtout comment élaborer des stratégies efficaces pour se préserver et préserver ses partenaires des IST … Un atelier très stimulant… je dois dire. Je prenais des notes. Ensuite, c’est moins drôle, il faut commencer à préparer le départ qui se fera le lendemain matin tôt… faire son sac, s’organiser pour rendre les clés… mais bon, après, dernière assemblée générale à laquelle je participe, puis Colomba et moi allons gérer l’entrée de l’ESBAM pendant le tour de garde de l’agent de sécurité, avant de rédiger notre dernier billet pour la liste HSH de AIDES. Le soir, l’ambiance est un peu mélancolique, mais pas question de se laisser abattre, nous animerons jusqu’au bout !
Départ le Dimanche, la tête pleine de souvenirs et enrichie de toutes les expériences en termes d’animation et de tous les échanges avec les autres participantes des UEEH. Un bilan très positif pour moi.
Jimmy est militant à AIDES
Vous souhaitez militer à AIDES : consultez la page "Devenez volontaire" sur le site aides.org