AME : Copé joue les extrêmes

Publié par jfl-seronet le 16.09.2012
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UMPAME
Il est toujours utile d’agiter un chiffon rouge, pour marquer l’opinion, faire parler de soi, galvaniser son camp voire en prendre la tête. La tactique est ancienne, pas très noble, mais efficace. C’est ce que met en œuvre aujourd’hui Jean-François Copé dans son combat pour prendre la tête de l’UMP et donc celle de l’opposition. Son chiffon rouge : l’Aide médicale d’Etat.
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Secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé veut être le nouveau calife de l’opposition. Pour ce faire, il se lance dans des attaques sévères contre son challenger, François Fillon, se pose en groupie de Nicolas Sarkozy et se radicalise pour séduire les courants y compris les plus réacs de l’UMP. Difficile de prendre autrement le choix fait par Jean-François Copé de signer la proposition de loi co-rédigée, cet été, par les députés Claude Goasguen et Dominique Tian pour restreindre, encore, le recours à l'Aide médicale d'Etat.

L’UMP a l’AME dans le collimateur depuis longtemps. Lorsqu’elle était aux affaires, elle a attaqué sévèrement le dispositif, partiellement restauré avec le retour de la gauche. Il n’en demeure pas moins que l’AME reste un marqueur politique dont la droite, même dans l’opposition, entend user et abuser. Pour rappel, l’AME, créée par le gouvernement Jospin, est destinée aux étrangers en situation irrégulière. Elle permet de prendre en charge les frais de santé des personnes concernées. Ce dispositif est à la fois humanitaire et un outil de santé publique (au bénéfice de tous). Il a coûté 588 millions d'euros en 2011. Cette somme, rappelle "Le Figaro" (5 septembre) n’entre pas dans les comptes de la Sécurité sociale, elle est réglée directement par le budget de l'Etat. Par certains aspects, l’AME est plus avantageuse que la CMU (couverture maladie universelle). Le secrétaire général de l’UMP estime que c’est un facteur de "nature à alimenter le vote FN". Il a ainsi expliqué : "Nous ne pouvons pas continuer comme ça, sinon les extrêmes vont continuer de monter", lors d’un café politique organisé par Jean Sarkozy, en soutien à sa campagne pour la présidence de l'UMP.

Sa solution a ce qui lui semble être un problème, Jean-François Copé l’a trouvée en Espagne. Elle consiste à supprimer l’AME sauf pour les enfants, les femmes enceintes et les urgences médicales vitales. C’est le cadre adopté par le gouvernement de Mariano Rajoy au motif d’économies budgétaires. "Notre pays est généreux et quand quelqu'un est dans une urgence de santé, il faut évidemment être à ses côtés, comme bien entendu pour les enfants", a-t-il dit lors de son intervention. "Mais, pour le reste, ces soins de confort qui sont pris en charge par la République française au bénéfice de personnes qui sont en France de manière illégale" doivent être supprimés. "Nous sommes le seul pays européen à pratiquer" l'AME. En proposant de supprimer l'AME, Jean-François Copé tend la main aux membres de la Droite populaire, qui dénoncent les prétendus effets pervers de ce système d'aide sur les comptes publics et l'immigration clandestine. Bon, en fait, cela tient plus du baiser sur la bouche que de l’accolade. Mais c’est logique puisque Jean-François Copé estime que sa victoire à l’UMP ne peut se faire sans les plus droitiers du parti. C’est aussi pour lui un moyen d’incarner une droite qui ne serait pas molle comme celle qu’incarnerait François Fillon. C’est enfin un signal adressé aux électeurs du FN. D’ailleurs, l’extrême droite a défendu cette suppression (pure et simple) de l’AME lors de la campagne présidentielle et les deux députés du FN ont déposé un amendement pour demander la suppression de l'AME lors des débats sur la loi de finances rectificative.