Covid-19 : morts, recos et procès

Publié par jfl-seronet le 09.09.2022
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ThérapeutiqueCovid-19

Un million de décès dans le monde depuis janvier 2022, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). C’est l’info choc de ces dernières semaines sur la Covid-19. Les autres infos portent sur de nouvelles recommandations de vaccination ou l’arrivée de nouveaux vaccins. Ainsi, les experts-es de l'OMS se prononcent en faveur d'une deuxième dose de rappel vaccinal contre la Covid pour les personnes les plus à risque, tandis que l’Union européenne examine un nouveau vaccin allemand s’appuyant sur des nanotechnologies. Mais le monde des labos n’échappe pas aux polémiques. Ainsi, Moderna a porté plainte contre Pfizer/BioNTech pour violation de brevets.

Deuxième dose de rappel vaccinal

Les experts-es de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommandent que les personnes les plus exposées à la Covid-19 se voient proposer une deuxième dose de rappel afin de renforcer leur immunité, rapporte le Quotidien du Médecin. C'est déjà le cas en France où le second rappel (la quatrième dose) est recommandé aux personnes de 60 à 79 ans inclus (dès six mois après la première dose), celles de 80 ans et plus ainsi que les résidents-es en Ehpad (dès trois mois après la premières dose), les personnes immunodéprimées âgées de 12 ans et plus (dès trois mois après la première  dose), âgées de 12 ans et plus en contact régulier ou vivant avec une personne vulnérable ou immunodéprimée (dès six mois après la première dose de rappel), les femmes enceintes (dès 6 mois après la première dose de rappel) et les personnes de 18 à 59 ans inclus à risque de forme grave de Covid-19 (dès six mois après la première dose). La recommandation d'effectuer un deuxième rappel après quatre à six mois supplémentaires ne concerne que les « populations les plus exposées ». Elle « ne constitue pas une recommandation générale de vaccination de tous les adultes après le premier rappel », a précisé l’OMS. Pour l'instant, ces recommandations de rappel concernent les vaccins disponibles mis au point pour lutter contre la souche initiale du Covid-19. L'OMS a déclaré qu'elle évaluerait les nouveaux vaccins mis au point par les laboratoires tels que Moderna et Pfizer, qui ciblent les nouvelles variantes d'Omicron.

Vaccin Moderna ciblant Omicron approuvé

Le régulateur britannique du médicament (MHRA) a annoncé lundi 15 août avoir approuvé une nouvelle génération du vaccin contre la Covid-19 de Moderna ciblant le variant Omicron, une première dans le monde selon le laboratoire. Cette version du vaccin consiste en une dose de rappel dit « bivalent », ciblant à moitié la souche originale du virus et à moitié le variant Omicron. Elle « provoque une forte réponse immunitaire » contre les deux, y compris contre les sous-variants d’Omicron BA.4 et BA.5, a indiqué la MHRA dans un communiqué. Elle « a été approuvée pour les doses de rappel pour les adultes par la MHRA qui a conclu qu’elle respectait les standards de sécurité, qualité et efficacité du régulateur britannique », a ajouté l’agence du médicament. Les effets indésirables constatés sont « typiquement faibles » et similaires à ceux observés pour les sérums originaux, est-il précisé. « Ce que ce vaccin bivalent nous apporte, c’est un outil plus aiguisé dans notre boîte à outils pour nous aider à nous protéger contre cette maladie alors que le virus continue à évoluer », a souligné la directrice de la MHRA, June Raine, dans un communiqué, cité par l’AFP. Fin juillet, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a déclaré qu’elle visait l’approbation, dès l’automne, d’un vaccin anti-Covid de Pfizer/BioNTech ciblant deux sous-variants de la souche Omicron se propageant rapidement : BA.4 et BA.5. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a averti, en juillet, que la pandémie était « loin d’être finie », en raison de la propagation des sous-variants d’Omicron, de la levée des restrictions sanitaires et de la baisse des dépistages. Les cas de Covid ont augmenté dans le monde à la fin du printemps et au début de l’été, portés par les nouveaux variants, mais ont depuis commencé à plafonner en Europe. Les pays européens commencent maintenant à se tourner vers l’automne et l’hiver, lorsque les cas devraient à nouveau augmenter.

Vaccin allemand s’appuyant sur des nanotechnologies

L’Agence européenne des médicaments (EMA) a annoncé, jeudi 18 août, examiner un nouveau vaccin contre la Covid développé par le laboratoire allemand SK Chemicals qui s’appuie sur des nanotechnologies pour s’attaquer au virus, en prévision d’une éventuelle résurgence de la pandémie à l’automne. S’il est homologué, le vaccin appelé Skycovion, sera le septième approuvé au sein de l’Union européenne, alors que d’autres nouveaux vaccins sont également examinés par l’Agence européenne. SK Chemicals « a soumis des données sur la capacité de ce nouveau vaccin à déclencher la production d’anticorps contre la souche initiale du Sars-CoV-2, le virus responsable de la Covid-19 », a expliqué l’EMA. Le vaccin s’appuie sur des nanoparticules contenant des éléments de la protéine Spike qui est la clé permettant au Sars-CoV-2 de pénétrer dans les cellules humaines. Le vaccin développé par SK Chemicals contient également un « adjuvant » permettant de renforcer la réponse immunitaire de l’organisme au vaccin, a précisé l’agence.

Pollution et Covid-19 : mauvais mélange

On entend souvent que les enjeux climatiques ont un lien avec à la santé. Une récente étude portant sur la Covid-19 le confirme. Dans la revue « Science of the Total Environment », des chercheurs-ses du CNRS et de l’Inserm montrent que les villes les plus polluées ont payé le plus lourd tribut pendant l’épidémie de Covid-19, comme l’explique Le Monde (23 août 2022). « Dans une étude publiée début août dans la revue Science of the Total Environment, en collaboration notamment avec Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche à l’Inserm et spécialiste reconnue des questions de pollution de l’air, Jean-Baptiste Renard [directeur de recherche au CNRS au sein du Laboratoire de physique et de chimie de l’environnement et de l’espace , ndlr] met en évidence une corrélation entre le niveau d’exposition aux particules fines (PM2,5, de diamètre inférieur à 2,5 micromètres) et la mortalité due à la Covid-19 », indique le quotidien. « En s’appuyant sur le cas de Paris (le mieux documenté) et en l’élargissant à 31 autres villes et régions de six pays d’Europe de l’Ouest (France, Allemagne, Italie, Espagne, Pays-Bas et Royaume-Uni) sur la période 2020-2022, l’étude montre que les niveaux de mortalité les plus élevés sont constatés pendant les pics de pollution et varient en fonction de leur intensité. Et dans des proportions considérables. Sur la base de l’analyse de l’ensemble des données, les chercheurs sont parvenus à identifier une tendance : une augmentation de la mortalité de l’ordre d’un facteur de 5 est constatée lorsque les concentrations en PM2, 5 flirtent avec les 45 microgrammes par mètre cube. Des niveaux atteints à Paris et en Lombardie. Les auteurs en déduisent une augmentation d’environ 10 % de la mortalité par microgramme par mètre cube de particules fines supplémentaires ».

Risque de myocardite élevé après infection

Les antivax ont beau faire campagne (y compris en voyant grand comme à Toulouse récemment) sur de prétendus effets indésirables majeurs chez les personnes vaccinées ; la science nous dit le contraire. On en veut pour preuve les résultats, récemment publiés, d’une étude britannique publiée dans la revue Circulation. Le risque de myocardite est onze fois plus élevé après une infection par le Sars-CoV-2 qu'après la vaccination contre le Covid-19, rapporte cette étude, citée par le Quotidien du Médecin (22 août). Cette analyse menée à partir des données de près de 43 millions de personnes vaccinées au Royaume-Uni met également en évidence un risque de myocardite après vaccination plus élevé chez les hommes de moins de 40 ans, en particulier après une deuxième dose de Moderna. Les auteurs-rices ont analysé les données de 42 842 345 personnes âgées de 13 ans ou plus vaccinées entre le 1er décembre 2020 et le 15 décembre 2021 avec au moins une dose de vaccin (AstraZeneca, Pfizer ou Moderna). Parmi elles, 21 242 629 ont reçu trois doses et 5 934 153 ont eu une infection par le Sars-CoV-2 avant ou après la vaccination. Ces données ont été croisées avec les statistiques sur les infections, les données sur les certificats d'admission à l'hôpital et celles sur les décès, recueillies sur la même période, détaille le quotidien médical. « Au total, 2 861 cas de myocardite ont été recensés (0,007 % des personnes vaccinées), avec 617 événements enregistrés de 1 à 28 jours après la vaccination. « Il est important que le grand public comprenne que le risque de développer une myocardite après un vaccin contre la Covid-19 est rare. Ce risque doit être mis en balance avec les avantages des vaccins dans la prévention des infections graves. Il est également crucial de comprendre qui présente un risque plus élevé de myocardite et quel type de vaccin est associé à un risque accru de myocardite », a commenté le Pr Nicholas Mills, coauteur de l’étude, dans un communiqué.

Un million de décès dans le monde

La pandémie de Covid-19 a fait un million de décès dans le monde depuis janvier 2022, a indiqué (25 août) l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui appelle les gouvernements à accélérer la vaccination alors qu'un tiers de la population mondiale n'est toujours pas vaccinée. « Nous avons dépassé le jalon tragique d'un million de décès dus à la Covid-19 depuis le début de l'année », a déclaré le directeur général de l’organisation Tedros Adhanom Ghebreyesus.  Il a demandé aux gouvernements de tous les pays de redoubler d'efforts pour vacciner prioritairement tous les travailleurs-ses de la santé, les personnes âgées et les autres personnes les plus exposées, afin d'atteindre une couverture vaccinale de 70 % pour l'ensemble de la population.  En janvier 2022, l'OMS, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) et leurs partenaires ont créé le Partenariat pour la fourniture du vaccin contre la Covid (CoVDP), dans le but de faciliter la distribution des doses dans 34 pays dont la couverture vaccinale était inférieure à 10 %, tous sauf six se situant en Afrique.  Désormais, s'est réjoui Tedros Adhanom Ghebreyesus, seuls dix pays ont encore une couverture inférieure à 10 %.  « Cependant, il reste encore beaucoup à faire », a-t-il dit.  Selon le patron de l'OMS, un tiers de la population mondiale n'est toujours pas vaccinée, dont deux tiers du personnel de santé et trois quarts des personnes âgées dans les pays à faible revenu.  Selon les dernières statistiques de l'OMS, la pandémie de Covid-19 est responsable de 6,45 millions de décès dans le monde depuis que les premiers cas sont apparus fin 2019 dans la région de Wuhan en Chine.

Moderna porte plainte

Mic Mac. L’entreprise américaine de biotechnologies Moderna a annoncé vendredi 26 août porter plainte contre les firmes pharmaceutiques Pfizer et BioNTech pour violation de brevet concernant leur vaccin à ARN messager contre la Covid-19. « Moderna est convaincue que le vaccin Comirnaty de Pfizer et BioNTech contre la Covid-19 contrevient à des brevets déposés par Moderna entre 2010 et 2016 et couvrant la technologie fondamentale de l’ARN messager de Moderna », indique un communiqué de la firme, qui passe à l’offensive judiciaire. Moderna et Pfizer/BioNTech ont les premiers mis en production leurs vaccins contre le coronavirus, très rapidement après le début de la pandémie, grâce à cette technologie de l’ARN messager qui permet de commander aux cellules humaines de fabriquer des protéines présentes dans le virus afin d’habituer le système immunitaire à le reconnaître et à le neutraliser. Jusqu’alors, les vaccins s’appuyaient sur des formes affaiblies ou désactivées des virus pour habituer l’organisme à se défendre, et le développement des remèdes, ainsi que les essais cliniques pour vérifier leur sûreté, pouvaient durer plusieurs années. « Cette technologie révolutionnaire a été cruciale pour le développement du propre vaccin à ARN messager de Moderna, Spikevax. Pfizer et BioNTech ont copié cette technologie, sans l’autorisation de Moderna, pour fabriquer Comirnaty », avance le communiqué de Moderna.