Des militants se mettent à nu pour un accès universel aux traitements

En milieu de journée, munis de nos arcs, drapeaux et chapeaux verts, nous avons rejoint nos camarades de Oxfam France dans le centre de Nice pour une répétition ultime de l’action médiatique que nous avions planifiée autour de la "taxe Robin des bois", cette taxe infime sur la spéculation financière, qui pourrait permettre à toutes les personnes vivant avec le VIH, les hépatites et la tuberculose d’avoir enfin un accès universel à un traitement.
Nous avions misé sur une action décalée et bon enfant qui nous distinguerait des milliers d’autres militants venus défiler à l’occasion du G20.
Il faut dire que pour les nombreux journalistes présents, le champ des revendications était multiple : activistes pro-Tibet, anti-capitalistes, défenseurs du droit à l’amour (si, si), militants chrétiens anti paradis fiscaux ou défenseurs de la taxe Robin, difficile de rendre compte de la diversité des manifestations.
Nous comptions d’abord sur notre look pour susciter la curiosité : Plus de cent Robin-e-s des bois, tout de vert vêtus, forcément ça ne passe pas inaperçu. Ajoutons au costume, slogans vivifiants et orchestre de percussions brésiliennes et vous êtes dans l'ambiance avec une envie irrépressible de rejoindre le cortège pour danser et scander : "Taxons taxons taxons, la spéculation, pour un monde plus juuuuuste !" Résultat, avant même le top départ de la manif, sur la place Delattre de Tassigny, la manif avait ses mascottes, en tête de cortège.
Nous on piétinait, on attendait le signal pour y aller. Certains militants de AIDES venus tout spécialement de Paris blaguaient avec leurs compagnons du Sud, mais on voulait marcher, on voulait que le G20 nous entende, on trépignait de les interpeller sur leurs fausses promesses.
Après le départ, chacun connaissait son rôle : les porteurs de drapeaux AIDES, les scandeurs de slogans, et les agitateurs de pancartes. On marchait au rythme de la batucada et des exclamations des gamins super fans de notre costume : "Eh Robin, prends aux riches pour donner… à moi". Euh… pas sûr qu’ils aient vraiment tout compris ces petits. Car la taxe Robin des bois, telle que Nicolas Sarkozy qui assure la présidence du G20 cette année, la promet depuis des mois, est sensée redistribuer les richesses certes, mais à ceux qui en ont le plus besoin, les populations des pays pauvres, qui n’ont pas de quoi se soigner.
En fait nous étions tellement sollicités par les journalistes friands d’en apprendre plus sur nos revendications que nous avons même failli manquer le signal de l’événement médiatique que nous avions promis à nos fans. A 16h30 précises, nous avons stoppé le cortège au milieu de la rue et nous avons offert un show très très chaud. La centaine de Robin-e-s a retiré lentement chacun de ses vêtements (même le chapeau vert), pour ne garder que 0,05% de tissus, ou presque afin de montrer qu’une taxe de 0,05% c’est mini, mais ça peut tout changer. En effet, ces 0,05% de vêtements ont eu un effet certain car dès le lendemain nous étions à la Une de tous les grands journaux du pays en presque tenue d’Eve et d'Adam. Une expérience au poil… et qui a eu l’effet escompté afin de porter haut et fort nos revendications.