Egalité LGBT 2012 : Et la santé dans tout ça ?

Publié par jfl-seronet le 03.04.2012
1 033 lectures
Notez l'article : 
0
 
meeting LGBTsanté en campagne 2012
Grande et belle réussite militante, le meeting LGBT pour l’Egalité en 2012 organisé le 31 mars à Paris aux Folies Bergère n’a pas éludé la question de la santé. Pour autant, la thématique n’a eu que la portion congrue avec deux bonnes mais très courtes interventions… et quelques propos des candidats ou de leurs représentants… La santé LGBT reste encore marginale dans les revendications… du moins dans les discours. Seronet était à la soirée des Folies Bergère.
Meeting_lgbt3.jpg

Efficace, rondement menée, enjouée, passionnée et émouvante, historique et hystérique… la soirée de meeting sur l’égalité LGBT en 2012 a, à la vue du chrono, assez peu traité des questions de santé LGBT. Il a bien sûr été question du VIH en quelques occasions chez les candidats ou leurs représentants avec le meilleur et le moins bon. Le moins bon, c’est le discours trop compassionnel sur le VIH de la porte-parole de François Bayrou, Fadila Méhal. Le meilleur, ce sont les propos d’Eva Joly (Europe Ecologie Les Verts) dénonçant les tares d’ACTA et l’impact de ce projet sur la fabrication des génériques et l’accès aux traitements dans les pays du Sud. Bon, soyons juste, certains ont, un peu plus parlé de santé. Fadila Méhal, membre du "shadow cabinet" (une sorte de gouvernement parallèle, mais avec des membres du Modem) de François Bayrou, s’est prononcée sur la politique de santé. Elle indique bien qu’il existe un problème d’accès aux soins et qu’un des obstacles est l’existence des franchises médicales. Pour autant, dans le contexte budgétaire actuel, elle voit mal ce qu’il est possible de faire. "La suppression des franchises médicales, c’est oui ou c’est non ?", lâche une voix énervée dans l’assistance ? "C’est oui pour une suppression pour les personnes les plus fragilisées", concède Fadila Méhal qui, dans un contexte de contrainte financière, préconise de limiter cette suppression aux personnes atteintes par une maladie chronique.

Les autres candidats ou leurs représentants ne vont pas ou peu aborder cette question.
A l’UMP, la question de la santé est abordée de façon indirecte par le représentant de l’UMP, Geoffroy Didier, qui cite les chiffres de l’aide internationale de la France au Fonds mondial de lutte contre le sida et à UNITAID. Le conseiller régional UMP d’Ile-de-France parle du "milliard d’euros annuels" que la France accorderait à ces institutions. Un chiffre qui fait réagir Eric Fleutelot, un des deux militants à intervenir sur les questions de santé lors de ce meeting. Le Directeur général adjoint international de Sidaction explique, avec ironie, que l’aide française, c’est 360 millions d’euros au Fonds mondial et 110 millions à UNITAID. Cela fait donc 470 millions… on est loin du milliard imprudemment annoncé. "C’est sans doute ça leur manière d’avoir appris à compter", tacle-t-il à propos de la majorité sortante. Mais Eric Fleutelot n’entend pas seulement parler de la vérité des chiffres de la contribution française. Son message est double. C’est celui de la fierté de voir que Sidaction a dans le monde des partenaires (certains très anciens) qui grâce à l’aide des financements qu’ils leur versent ont pu changer les choses. Il site la Blue Diamond Society au Népal, les projets conduits à Douala, Bujumbura… pour la santé des gays, le partenariat avec AIDES dans le projet Africagay contre le sida. L’autre partie du message, c’est qu’il est primordial de s’engager sur la question de la santé des gays dans les pays du Sud. C’est doublement nécessaire parce qu’il faut enrayer les contaminations dans ces communautés LGBT et parce que si cela n’est pas fait, il est illusoire d’imaginer qu’on pourra arrêter l’épidémie dans les pays du Sud. Pour sa démonstration, Eric Fleutelot cite l’exemple du Kenya et donne deux chiffres : la prévalence du VIH est de 7% dans la population générale, elle atteint le chiffre particulièrement élevé de 21% chez les gays dans le même pays. Tout est dit !

C’est à Stéphane Calmon, président de la région Nord Ouest Ile-de-France de AIDES, l’autre représentant sur les questions de santé du meeting, à qui revient de présenter les revendications des associations organisatrices sur les enjeux de santé des personnes LGBT. "Les lesbiennes, les gays, les bis et les trans sont les oublié-e-s des politiques de santé en France, entame Stéphane Calmon. Nous avons besoin d’avoir des données de
recherche de qualité sur notre santé". S’adressant aux candidats et à leurs représentants,
il enchaîne : "Vous en aurez besoin pour construire avec nous une politique de santé publique qui nous prenne en compte. Une politique de santé qui lutte notamment contre le mal-être et le suicide des jeunes LGBT. Nous vous demandons de dégager des moyens pour mettre en place de réelles enquêtes d'ampleur nationale sur la santé LGBT".
"Parce que le VH fait partie de vos vies depuis 30 ans, nous appelons de nos vœux une politique de lutte contre le sida ambitieuse, poursuit-il. Nous vous demandons  de développer des campagnes de dépistage auprès des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Nous vous demandons de renforcer les dispositifs de lutte contre le VIH et les IST. Nous vous demandons de soutenir les associations qui partout en France mènent localement des actions de santé sexuelle. Nous vous demandons  de garantir un accès aux soins de qualité pour toutes et tous. Ce qui commence par la suppression des franchises médicales pour les personnes atteintes d’une pathologie grave/et ou chronique. Enfin, nous vous demandons de privilégier la prévention aux logiques de répression. Quand on sanctionne plutôt que de prévenir ou de soigner, on isole les personnes et on leur fait courir plus de risques vis-à-vis de leur santé. Et en particulier le risque de transmission du VIH et des hépatites. C’est le cas notamment des personnes usagères de drogues". D’autres revendications sont présentées. "En matière de don du sang, nous vous demandons de réviser le critère d'exclusion des hommes homosexuels, vécu comme stigmatisant. Nous proposons que le critère d’exclusion se fonde sur la notion "pratiques à risque" et non plus sur celle de "populations à risque", indique-t-il. "Nous souhaitons que soit mise en place une réelle politique de lutte contre les discriminations des personnes vivant avec le VIH, des personnes victimes de sérophobie. Une politique de lutte contre les discriminations dans tous les milieux : au travail, dans l'accès aux soins et aux services, en prison, etc.", poursuit Stéphane Calmon. Le militant n’oublie pas, au nom des associations LGBT, de demander aux candidates et candidats de "rétablir le droit au séjour en faveur des étrangers malades n’ayant pas accès aux soins dans leur pays d’origine. La remise en cause de ce droit conquis par les militants de la lutte contre le sida, signe le début du démantèlement du droit acquis par les malades et les personnes les plus vulnérables. Mesdames et messieurs les candidats … dans le cas d’une épidémie comme le VIH/sida, il y un lien direct entre la santé de chacun et la santé de tous. Aujourd’hui, nous savons qu’il est matériellement possible de d’enrayer cette épidémie. Possible, mais pas réalisable sans une politique ambitieuse de l’Etat qui donne les moyens financiers aux acteurs de la prévention, du soin et du soutien. Possible, mais pas réalisable sans des femmes et des hommes politiques qui acceptent de transformer la société pour que celle-ci s’adapte aux personnes les plus vulnérables et pas l’inverse..."


Applaudissements… mais le temps est imparti. Il est temps de revenir à l’égalité des droits et à l’ouverture du mariage aux couples de même sexe. Portion congrue… on vous disait.
Plus d’info.