Le sexe… tout un programme

Publié par Rédacteur-seronet le 12.02.2012
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Semaine des sexualités
AIDES Aquitaine organise sa deuxième Semaine des sexualités, "XY SEX" du 10 au 18 février. L'occasion de parler cul, sexe et santé. C’est Bruno Spire, président de AIDES, qui a ouvert les festivités dans un discours qui met les points sur le Q ! Et comme Seronet ne rate jamais une occasion de parler sexe…. Voici les mots chauds… de Bruno !
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Bonjour à tous et à toutes,
C’est un réel honneur pour moi d’être invité, cette année encore, à participer à l’ouverture de cette seconde édition de XY SEX, la semaine des sexualités, élargie cette fois, à toute l’Aquitaine. L’année dernière, plus de 800 personnes s’étaient jointes à nous pour parler de sexualité, d’épanouissement et de plaisir. Chacun avait une place pour s’exprimer sur son identité, ses envies, ses pratiques sexuelles, son statut sérologique face au sida. Chacun avait le droit à la parole pour parler de plaisirs sans risque d’être jugé ou méprisé. La semaine XY SEX 2011 s’est déroulée sous le signe de la rencontre, de la tolérance et de la mixité : une lesbienne échangeait avec un SM, un jeune multipliant les plans cul  interrogeait un adepte des plans jus, un gay plaisantait avec une célibataire hétéro endurcie, des couples curieux écoutaient, béats parait-il, les paroles d’un couple échangiste. C’est fort de cette mixité des genres, des âges, des orientations, des envies et des désirs que nous avons pu échanger dans un cadre de solidarité et de compréhension. Oui, lors de la semaine XY SEX de 2011, la sexualité n’a pas été abordée sous l’angle médical, elle a été discutée pour ce qu’elle est, une source de plaisirs et d’épanouissement personnel. Et cela a certainement permis de revisiter les besoins de santé de chacun, en fonction des envies et pratiques multiples, différentes, parfois mouvantes. Car c’est avant tout de notre santé et de nos pratiques sexuelles qu’il s’agit.


En 2012, il nous appartient donc de poursuivre cette démarche. La lutte contre le VIH et les hépatites doit s’adapter aux comportements, à la vraie vie. Pas l’inverse. A AIDES, nous le savons, nos sexualités peuvent nous exposer à des jugements. Mais comment échanger, comment s’informer, comment se protéger lorsque nous sommes stigmatisés pour nos envies ?


Nous refusons d’être assignés à une identité sexuelle qui s’imposerait à nous, ne nous laissons pas réduire à une unité "rassurante", moralement conforme. Toutes les sexualités doivent avoir leur place…
Et là, je ne résiste pas à citer Michel Foucault. Il disait : "Tout est dangereux, ce qui n’est pas exactement la même chose que ce qui est mauvais. Si tout est dangereux, alors nous avons toujours quelque chose à faire". Une pratique sexuelle peut être dangereuse, mais, sauf à être contrainte, elle n’est jamais mauvaise.  Or, dans la lutte contre le sida, les représentations sur les sexualités entrent largement en ligne de compte. Les discriminations liées au genre ou à l’orientation, les stigmatisations à l’encontre des Trans, les préjugés contre le multi-partenariat, contre ceux qui pratiquent des jeux sexuels SM sont autant de freins à la lutte contre le VIH/sida qui éloignent les personnes de l’information, de la prévention et du dépistage, qui les empêchent de prendre soins d’eux.


Et pourtant, Aujourd’hui, nous le savons, il est possible d’en finir avec l’épidémie. Les traitements permettent de réduire de 96% les risques de contamination. Protéger, Dépister, Traiter, en France et dans le monde, voila les outils qui permettront d’atteindre cet objectif. En revanche, ils ne seront pas suffisants tant que des minorités ou des pratiques seront stigmatisées. Plutôt que de contester ou condamner une pratique sexuelle, trouvons comment l’accompagner. Privilégions toujours une santé publique respectueuse des libertés individuelles à la répression et à la contrainte.


Finissons-en, par exemple, avec les discriminations d’Etat dont sont victimes les Trans lorsqu’ils sont privés de droits : inégaux face à la prise en charge médicale et sociale, soumis à une psychiatrisation et une stérilisation forcée ;
Cessons d’ignorer la prise de drogues dans le milieu gay, prenons la en compte pour l’accompagner au mieux ;
Ne condamnons pas, sans discuter avec eux, ceux qui refusent le préservatif, échangeons plutôt pour leur proposer d’autres moyens de se protéger et de protéger leurs partenaires, tout en intégrant leurs envies.
C’est ça la réduction des risques sexuels : respecter des pratiques tout en prenant soin de soi.


Pour l’heure, hélas, nous sommes loin du compte. Les stigmatisations, discriminations et violences sont encore une réalité.  Lutter contre le VIH et les hépatites, ce n’est donc pas que médical, c’est aussi dans la société et par la politique. C’est pour ça qu’en 2012, entre présidentielles et législatives, nous pouvons, je dirais même nous devons faire bouger les lignes. AIDES est présente dans ces campagnes. Et nous interpellons  les candidats pour qu’ils prennent des engagements ambitieux et volontaristes. Soyons optimistes.
En 2012, nous pouvons lever les tabous ;
En 2012, nous pouvons faire reculer le moralisme inquisiteur qui refuse toute diversité ;
En 2012, nous continuerons d’assumer pleinement nos sexualités ;
Ce n’est pas à nous de changer, c’est à la société de nous accepter.
En 2012, nous porterons la parole des minorités, des sans voix, des sans droits et de tous ceux qui sont rejetés.  De qui je parle ? Des gays, des Trans, des femmes, des travailleurs du sexe, des usagers de drogues, des étrangers... de nous tous.

C’est pour nous, pour eux que AIDES a décidé de battre la campagne.
Plus que jamais, la lutte contre le sida et les hépatites est politique !
Et nous avons un programme, 10 revendications autour d’une question simple : "Serez-vous le candidat de la fin du sida ?" Nous devons défendre les populations sensibles.
Nous devons en finir avec les citoyennetés à deux vitesses, aussi bien pour les  minorités que pour les ultra-marins, trop souvent négligés dans les politiques de santé.
Nous devons améliorer la prise en charge des personnes malades, tout au long de leur vie. Que quelqu’un dans l’incapacité de travailler du fait de sa maladie ait une allocation adulte handicapé inférieure au seuil de pauvreté, c’est inadmissible. Nous devons pousser l’Etat à mener une diplomatie active pour défendre les minorités, pour permettre d’aller vers un accès universel aux traitements ;  la lutte ne doit pas être sacrifiée sur l’autel de la dette.
Un monde sans sida est possible, en 2012, donnons nous en les moyens.
C’est pourquoi j’invite toutes celles et ceux qui partagent nos combats et nos valeurs à nous rejoindre. Sur ces perspectives pleines d’espoir et d’optimisme, je déclare la semaine des sexualités ouverte !

Commentaires

Portrait de jimmhy

les injustices envers les taux d'handicap d'une personne à l'autre j'aimerais savoir comment ils font pour décider lui ce sera inférieur à 80 pour 100 et l'autre sera à 80 pour 100 !!! quand aux préjugés envers les séropositifs les homosexuels je crois qu'on trouvera le remaide contre le sida ou un vaccin et les mentalités vont empirer je pense les ne pensent qu'a eux (les autres on s'en fout) pas tout le monde dieu merci la libertée c'est de pouvoir etre libre de ses movements chacun fait sa vie comme il l'entend tant qu'il n'empiète la vie privée de son voisin le combat doit s'arrèter quand nos droits serons enfin mis en application vive l'amour dans toutes ses formes