Législatives 2012, cap sur PACA !

Publié par jfl-seronet le 08.06.2012
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législatives 2012
A quelques jours du premier tour, plusieurs candidates et candidats aux élections législatives (Alpes-Maritimes) ont accepté de répondre aux propositions de AIDES pour la fin de l’épidémie de VIH/sida. Voici leurs réponses recueillies par Stéphane Montigny, président de AIDES PACA Est et Florence Excoffon, coordinatrice du Territoire d'actions de Aides Nice.
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André Aschieri, candidat Europe Ecologie Les Verts dans les Alpes Maritimes

C’est dans la deuxième circonscription des Alpes Maritimes que se présente André Aschieri, notamment connu comme le créateur de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire Environnementale. Il a déjà été député. Dans le courrier adressé à AIDES, il explique que son "engagement en tant que député de 1997 à 2002 et [ses] différents ouvrages montre [son] attachement à la défense de l'intérêt collectif en matière de santé et de prévention des maladies. Profondément humaniste, je défendrai à l'Assemblée Nationale (…) l'égalité d'accès à des soins de qualité, le droit de vivre dignement que l'on soit malade ou non, en situation régulière ou non et la lutte contre toutes les formes de discriminations, indique le candidat écologiste et vice-président de la région PACA. Persuadé que nous avons le devoir d'offrir le meilleur à notre jeunesse, je soutiens toutes les actions de prévention et en particulier les associations œuvrant dans ce sens. Mon combat pour le respect des droits fondamentaux et pour l'accès de tous aux biens de première et de haute nécessité ne s'arrête évidemment pas à nos frontières. La ville de Mouans-Sartoux [dont il est maire] a mis en œuvre un prélèvement de 1 % sur les recettes de notre régie des eaux pour financer des investissements d'accès à l'eau potable, à l'éducation et à la santé dans plusieurs pays d’Afrique et d’Asie". En fait, André Aschieri a déjà mis en place localement sa version de la TTF.

Eric Martin, candidat Divers Gauche dans les Alpes-Maritimes (7ème circonscription)

Une fois n’est pas coutume, commençons par la taxe sur les transactions financières. Le candidat Divers Gauche la soutient-il ? "J'y suis très favorable, mais je pense que le mieux serait de consacrer beaucoup de forces de la recherche publique dans la bataille du médicament, afin
de faire concurrence aux laboratoires privés ; de sorte que non seulement la France pourra offrir plus de génériques moins chers, mais aussi développer de nouveaux médicaments à juste prix", explique Eric Martin. Sur la question des conditions de vie sociale, le candidat défend la solidarité collective plutôt que la logique individuelle. Il est d’accord pour une revalorisation des minima sociaux et "prioritairement pour l'AAH et pour l'ASPA [allocation solidarité pour personne âgée]". Concernant l’accès aux soins et le droit au séjour pour soins des étrangers, il défend "un retour sur l'aide médicale d'Etat telle qu'avant, mais avec un renforcement des moyens de lutte antifraudes (notamment en termes de personnels disponibles pour les contrôles)". En revanche, il n’est pas d’accord pour que l’AME soit intégrée dans l’Assurance maladie. Sur la question des drogues, Eric Marin ne "croit pas que la répression soit le problème : ce qu'il faut favoriser, c'est le renouveau des travailleurs sociaux et le soutien aux associations, en articulation avec les forces de police et de gendarmerie (à l'exemple des Brigades de la prévention de la délinquance juvénile). Sur la question des comptes sociaux et des contributions des personnes malades au financement, Eric Martin a une position tranchée : "J'appartiens à un mouvement politique qui pense qu'on peut prendre les problèmes par tous les bouts qu'on veut, si nous ne disposons pas d'un modèle économique qui permette de soutenir le modèle social, nous serons contraints à des choix budgétaires désastreux. Pour les éviter, il faut redresser économiquement la France et l'Europe, notamment en cessant la surévaluation de l'euro, en réindustrialisant et en faisant reculer le libéralisme financier mondialisé. Cela peut paraître une réponse éloignée de la question et imprécise, mais c'est bien la réponse à la question : qu'est-ce qui pose problème ? Dans l'immédiat cependant, je pense que les inégalités devant l'accès aux soins (et les inégalités devant la mort) sont les plus scandaleuses. D'ailleurs, historiquement, le combat contre les inégalités devant les soins fut le premier d’entre tous. Aussi, je souhaite que les choix budgétaires difficiles épargnent toujours la qualité (et la quantité) des soins. Ensuite, j'estime que les praticiens doivent être soumis à des règles de
mobilité et bénéficier de revenus modérés : l'encadrement réglementaire des professions médicales est légitime et doit être à la mesure de l'effort consenti par les financeurs du système de santé (cotisants, Etat, etc.)"

Gilbert Sauvan, candidat PS dans les Alpes de Haute-Provence (1ère circonscription)
C’est par courrier daté du 4 juin que Gilbert Sauvan, candidat socialiste qui a longtemps été le suppléant de Jean-Louis Bianco, a répondu à Stéphane Montigny, président de AIDES PACA Est. Le candidat a répondu avec sa suppléante Patricia Granet Brunello. Etrangers malades, moyens financiers pour enrayer les épidémies au VIH et aux hépatites, lutte contre l’homopbie… aucun sujet n’a été écarté. Justement que dit le candidat socialiste de la lutte contre l’homophobie. "Nous réaffirmons notre volonté de lutter contre l’homophobie et d’assurer l’égalité des personnes lesbiennes, gays, bis et trans. Dans ce domaine, une des mesures du programme de François Hollande est consacrée à l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples homosexuels", indiquent le candidat et sa suppléante. Interrogé sur la question des conditions de vie des personnes touchées par le VIH et/ou une hépatite, Gilbert Sauvan explique que : "L’infection par le VIH/sida même si elle est qualifiée aujourd’hui de maladie chronique reste une infection lourde de conséquences en terme d’évolution, de prise en charge, de contraintes dans la vie personnelle et professionnelle. La co-infection VHC complexifie encore plus la prise en charge et les effets secondaires des médicaments VIH et VHC qui rendent le parcours de vie de plus en plus fragile. La précarité est un problème récurrent chez les personnes touchées par le VIH et/ou les hépatites dont nous avons tout à fait conscience. Dans le contexte de crise à la fois économique et sociale, l’exigence de la solidarité et de la responsabilité demeure. La lutte contre l’individualisme et le chacun pour soi est une priorité afin de maintenir un système social fort pour tous".
Très clairement, le candidat socialiste indique qu’il faut revenir sur les restrictions aux soins et au séjour des étrangers malades. "Oui, nous comptons revenir sur ces restrictions. La suppression du droit de timbre de 30 euros pour l’accès à l’AME (aide médicale d'état) fait partie des 60 engagements de François Hollande. En plus de l’exigence humanitaire, ne pas soigner les populations concernées a des conséquences sur l’état sanitaire de la population en général. Nous nous devons de garantir à toute personne, quelle que soit sa situation financière, sociale ou administrative un accès effectif aux soins". Dans cette logique, il n’est pas étonnant que Gilbert Sauval avance que : "La santé est un bien commun, ce n’est pas une marchandise. La santé est au cœur des principes de solidarité et de responsabilité sociale. Il faut replacer les patients au cœur du système de soins, redéfinir les critères de qualité du parcours du patient et sortir de la logique budgétaire comme seule règle de fonctionnement de l’organisation des soins. Il va être mis fin à la convergence tarifaire public-privé, les modes de financement de l’hôpital public ne vont plus reposer que sur la seule tarification à l’activité. Nous nous devons d’organiser une accessibilité aux soins cohérente et rapide sur tout le territoire, en luttant contre la désertification médicale, en facilitant la coordination entre toutes les structures et professionnels de santé". Il estime par ailleurs, que "la démocratie sanitaire est une dimension essentielle de la politique de santé. En matière de lutte contre le VIH et les hépatites les associations sont un des piliers de la prise en charge de ces maladies. Leurs actions et implications dans la dynamique décisionnelle de l’organisation des soins doivent être confortées. C’est en confrontant tous les regards et toutes les sensibilités que nous pourrons construire l’avenir de façon plus positive".
Enfin sur la prévention et les soins auprès des travailleurs du sexe et des usagers de drogues, le candidat PS estime qu’il fait "s’atteler à redynamiser, en partenariat avec les associations, toute la politique de prévention pour lutter contre la transmission du VIH et des hépatites dans la
logique d’évolution de cette épidémie 30 ans après. Laisser s’installer la banalisation de l’infection par le VIH n’est pas acceptable. Cependant concernant les drogues elles restent des substances nocives et dangereuses pour la santé physique et mentale et elles entraînent des phénomènes d’addiction. Cela concerne un autre problème de santé publique important chez les jeunes. Il nous semble juste que l’interdit demeure. Concernant la prostitution se pose la question du délit de racolage passif qui conduit à repousser la prostitution dans des zones peu accessibles pour les associations et, in fine, se traduit par un moindre accès aux soins et aux services sociaux pour les personnes prostituées".

Christine Dorejo, candidate PS dans la 3ème circonscription de Nice
Ce n’est pas un courrier, mais une rencontre qui a permis aux militants de AIDES de discuter avec Christine Dorejo, candidate socialiste à Nice, et de connaître ses positions quant aux moyens d’arrêter l’épidémie de VIH. Un échange direct et franc. Les militants racontent : "Sans aller toujours dans le sens de la marche du Parti Socialiste, Christine Dorejo a répondu à toutes les questions que nous souhaitions lui poser. Elle a donc placé comme des urgences immédiates à traiter le droit d’entrée pour l’AME (aide médicale d'état), à abroger très vite. Il y a aussi la notion de revenu minimum d’existence, intégré pour toutes les personnes, qu’elles soient atteintes de pathologies chroniques ou non. Les franchises médicales ont été abordées : oui, il faut revenir dessus, parce qu’il faudrait privilégier la répartition des moyens vers ceux qui en ont le moins dans notre société. L’urgence se situe aussi au niveau de l’accès aux soins et aux autres droits pour toutes les personnes se trouvant en situation de vulnérabilité sociale et/ou économique. Ces populations précaires sont les prostituées, les usagers de drogue et les étrangers malades.
A cet effet, Christine Dorejo a affirmé que la politique répressive concrétisée par la loi dite Besson doit cesser. Concernant la loi 70 [relative aux drogues, ndlr], elle affirme ne pas vouloir revenir dessus tout en exposant que cela rejoint des convictions personnelles et des freins qui lui sont propres, tout en affirmant vouloir rester à l’écoute de ceux et celles qui exposent une approche différente, telle que la notre. Elle a d’ailleurs exposé des arguments familiaux qui lui font, pour le moment, avoir cette réflexion autour de la dépénalisation de l’usage des drogues ainsi qu’un manque d’informations pour pouvoir porter une réflexion éclairée. Toutefois, les programmes d’échanges de seringues en prison, les salles de shoot supervisées trouvent un écho favorable chez elle, avec à l’appui, des rencontres et des visites qu’elle a pu faire autour de ces sujets en Allemagne notamment. Toujours sur un plan national, elle annonce qu’un budget révisé autour des questions de santé sera présenté en septembre de cette année, avec un lobbying important d’une élue de Bordeaux. La T2A a été rapidement abordée, en appuyant une volonté de réformer ce système rapidement. Enfin, autour des questions sur les trans et sur les conditions régissant leur parcours de transition, elle a réagit de façon vive en trouvant absolument choquant cette approche psychiatrique et que donc, il faudrait faire évoluer cet état de fait. Quant à adopter une évolution dans le droit telle que celle de l’Argentine, elle admet qu’elle ne domine pas assez le sujet pour savoir s’il est possible de transposer dans le droit européen et français une telle reconnaissance de l’identité sociale par le genre ressenti. Elle est très favorable à ce que les professeurs soient formés afin de parler et d’éduquer les élèves sur les questions d’homophobie. Elle a repris aussi la promesse faite par le Parti Socialiste de proposer le mariage aux homosexuel-le-s. Enfin pour ce qui concerne la TTF, elle se déclare en faveur de celle-ci à condition que les fonds recueillis ne soient pas destinés aux pays d’Europe et au rétablissement de leurs économies, mais bien dirigés vers les pays fragiles au niveau économique et particulièrement en Afrique. A ce moment, elle a évoqué son parcours personnel dans ces pays et son émoi devant les situations de dénuement des personnes rencontrées (…) Elle a aussi rappelé les fondements même de son engagement qui sont liés à des valeurs de partage et d’humanité".

Marie-Louis Gorgon, candidate PS dans les Alpes -Maritimes (9ème circonscription)

C’est sur les conditions de vie des personnes touchées par le VIH et/ou une hépatite que la candidate socialiste a choisi de s’exprimer. "Dans un contexte difficile pour les dépenses sociales, la nouvelle Assemblée devra engager une refonte coordonnée des politiques de santé pour une meilleure maîtrise du reste à charge pour les patients. C’est pourquoi, je soutiendrai la politique d'encadrement des dépassements d'honoraires, par spécialité et par région, proposée par la nouvelle majorité présidentielle", indique Marie-Louise Gourdon. Interrogée sur l’accès aux soins et au séjour des étrangers malades, la candidate indique qu’elle soutiendra "l’engagement de François Hollande de supprimer le droit d’entrée dans le dispositif de l’Aide Médicale d’Etat mis en place en 2011 (timbre annuel de 30 euros par adulte). L'AME est un dispositif à part destiné aux personnes en situation irrégulière. Si par la suite, la situation de séjour en France se régularise, il est normal que les personnes bénéficient de l'assurance maladie", indique-t-elle. En matière de lutte contre l’homophobie, Marie-Louise Gourdon rappelle que "François Mitterrand avait pris l’engagement de sortir l’homosexualité du code pénal. Cela a été fait. Dès 1981, l’homosexualité a cessé d’être une maladie aux yeux de l’administration française, les fichiers d’homosexuels tenus par les préfectures ont été détruits. Aujourd’hui, cette marche vers l’égalité doit se poursuivre. Si je suis élue députée, je soutiendrai la légalisation du droit au mariage dans sa forme actuelle pour les couples de même sexe, l'égalité des droits dans l'accès à la parentalité pour toutes et tous, l’inscription de l'identité de genre aux critères de discrimination reconnus par la loi. Je soutiendrai la formation des personnels de la fonction publique, des personnels de l'Aide Sociale à l'Enfance et des enseignants pour qu'ils sensibilisent, détectent et préviennent l'homophobie".

Interrogée sur la question de l’usage des produits et la loi de 70, la candidate ne répond pas. En revanche, elle ne botte pas en touche lorsqu’on l’interroge sur le travail sexuel. "Le délit de racolage passif instauré par la loi pour la sécurité intérieure du 18 mars 2003 conduit à repousser la prostitution dans des zones peu accessibles pour les associations et se traduit par un moindre accès aux soins et aux services sociaux pour les personnes prostituées. Je soutiendrai sa suppression", note-t-elle.

Marie-Louise Gourdon est favorable à ce "que la taxe sur les billets d'avion soit relevée pour renforcer la lutte contre la maladie au plan international" et défend l’idée que "les collectivités locales doivent être appelées à participer à la prévention de la maladie". Elle a aussi des choix sur la conduite des politiques de santé et la participation des personnes malades et usagers de la santé". Les maladies longue durée (ALD) sont certes prises en charge à 100 %, mais ce pourcentage s'applique sur le tarif de remboursement prévu dans le protocole [de soins, ndlr] et laisse à la charge du patient les nouvelles franchises médicales, dont l’augmentation de 32 % de la franchise hospitalière, ainsi que les éventuels dépassements d'honoraires pratiqués par les médecins de secteur 2. En 2011, près d’un tiers des Français ont renoncé à des soins dans l’année pour des raisons financières. Dans un département comme les Alpes-Maritimes [elle y est conseillère générale, ndlr], je suis favorable à un encadrement strict les dépassements d’honoraires. Les associations de malades autour du sida ont été des pionnières en matière de démocratie sanitaire. Elles ont permis de faire émerger des problématiques particulières concernant la santé. Il faut poursuivre l’action en rendant plus effectifs le droit à l’information et consacrer les droits collectifs des patients".