Législatives de Nîmes : une partie de "pêche miraculeuse" !

Publié par Rédacteur-seronet le 10.06.2012
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législatives 2012
Fortement mobilisés durant les élections présidentielles, les militants de AIDES Languedoc ne voulaient pas en rester là. Au lendemain du 6 mai 2012, ils ont lancé un projet ambitieux : réunir les différents candidats aux élections législatives de Nîmes (deux circonscriptions : la 1ère et la 6ème) dans une salle, les interroger et faire se confronter leurs programmes sur des thèmes choisis : santé, loi de 70 sur les drogues. Pari tenu… le 7 juin dernier.
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Militants à AIDES, Manuelle Bos et Lionel Caze racontent...

D’abord, un gros travail de contacts a été engagé pendant deux semaines, avec des staffs de campagne des candidats surbookés. Puis est venu le temps d’organiser des rendez-vous, individuellement, avec chaque candidat. Six sont venus au local de AIDES, à notre demande. C’est pratique les périodes de campagne électorale ! Les responsables de partis, tous très sincèrement préoccupés par la lutte contre le sida, acceptent plus facilement des petites exigences telles que le lieu de rendez-vous. Parce que ce fût un vrai avantage, de les recevoir "à domicile", sur notre terrain ! Visite du local, présentation de AIDES, de notre façon de travailler, de nos revendications : tout y passe… Et puis la touche finale : "Seriez-vous d’accord pour participer à un débat avec d’autres candidats, issus de familles politiques différentes ?" Difficile de dire non ! Ferrés comme des poissons ! Lors d’une réunion de préparation, nous nous étions dits : "Si  nous avons deux candidats, on le fait !" Nous en avons eu six !
 
En quinze jours, nous avons lancé les invitations officielles aux candidats, trouvé une salle dans Nîmes, rédigé un communiqué de presse, imprimé des affiches, organisé le déroulement de la soirée, distribué les rôles de chacun, "facebooké" et "twitté" sur cet événement, acheté des petits fours, et surtout, le plus difficile : nous avons gardé une veille constante sur nos six invités qui, au fur et à mesure, des jours semblaient pour certains avoir envie de se défiler… Nous n’avons rien lâché. Et le 7 juin à 18 heures, nous avons ouvert le rideau dans la salle N°2 du Centre Pablo Neruda, une salle surchauffée (au sens propre !). Quatre candidats sont venus, deux se sont fait représenter. Etaient présents : Hélène Alliez-Yannicopoulos du Nouveau Centre, suppléante de Yvan Lachaud, député sortant de la 1ère circonscription, Philippe Berta candidat du MoDem (6ème circonscription), Christophe Cavard, candidat Europe Ecologie les Verts (6ème circonscription), Denis Mercier du Front de Gauche (6ème circonscription) suppléant de Martine Gayraud, Mathieu Soulier représentant de Françoise Dumas, candidate du PS (1ère circonscription) et Yvan Verdeil représentant Sylvette Fayet, candidate du Front de Gauche (1ère circonscription). (1)

Au total : six familles politiques représentées : Europe Ecologie Les Verts, le Front de Gauche, le MoDem, le Nouveau Centre, l’UMP et le PS. Nous avons vu un candidat arriver tout seul, souriant, très à l’aise ; un autre, plus anxieux, entouré d’une nuée de collaborateurs. Deux sont arrivés pour représenter la même famille politique, (un vrai casse-tête pour les placer !). Un jeune médecin "débutant" en politique représentait sa candidate, il était souriant, mais cachait mal son malaise. Enfin, en arrivant, un d’entre eux nous a dit qu’il ne pourrait pas rester jusqu’à la fin du débat (nous avions prévu deux heures). Et pourtant, ils étaient encore tous là à 21 heures, à la clôture du débat ! La raison de cette assiduité : un débat de grande qualité de l’avis général devant une assemblée de plus d’une cinquantaine de personnes.
 
C’est Christophe Porot, le président de AIDES Languedoc, qui a ouvert le débat, posant le sens de notre démarche. "Les députés, s’ils représentent la nation, sont aussi des élus de proximité, accessibles, et à l’écoute de nos réalités de vies. C’est pourquoi nous sommes heureux que vous ayez accepté, au cœur de vos campagnes électorales respectives, de rencontrer des citoyens préoccupés par les sujets majeurs de la santé. AIDES, c’est une association de militants qui défendent les droits des personnes : celles qui vivent avec le VIH ou avec une hépatite chronique ; celles aussi qui prennent des risques… La réponse à l'épidémie nécessite une réponse politique, à la hauteur des nouveaux enjeux qui laissent entrevoir une perspective de fin d'épidémie", a-t-il expliqué. "Nous savons aujourd’hui comment mettre fin à l’épidémie, et nous voulons participer aux décisions politiques qui permettront d’atteindre cet objectif ! Parce que notre démarche d’aller vers vous, hommes et femmes politiques, ne s’arrêtera pas là : nous espérons pouvoir continuer à travailler ensemble, dans les années à venir", a rappelé Christophe Porot. Et après quelques données très concrètes liées à l’épidémie dans le Gard, en France et dans le monde, Christophe Porot a redit le souhait très fort de AIDES : "que ceci marque le début de consultations régulières, au-delà de vos familles politiques, car vous le savez maintenant, nous avons une vraie connaissance du terrain, et nous avons des revendications pertinentes à partager avec vous".
 
Les règles du jeu ont été fixées dès le départ par l’animatrice du débat : Stéphane Giganon, directrice de la région Auvergne Grand Languedoc de AIDES : une question de la salle, une main levée pour le candidat qui veut y répondre, puis les autres candidats qui le souhaitent prennent à leur tour la parole. Les règles ont fonctionné, et mis à part deux ou trois moments de "friction", elles ont été respectées. Il était prévu d’aborder trois thématiques : l’accès aux soins et les moyens nécessaires pour enrayer les épidémies de VIH et des hépatites ; la santé publique et la répression ; les conditions de vie dignes. Dans l’ensemble, les échanges étaient détendus, cordiaux. Parfois une voix portait un peu plus haut, et si nous avons pu assister à des frictions tenaces entre points de vue politiques, nous avons également vu des candidats être unanimement d’accord sur certains sujets ! Le public dans la salle a été le moteur de ces heures d’échanges, et l’ordre des thèmes parfois bousculé, mais aucun "blanc" dans la salle et les questions ont été parfois pointues. Par exemple, un participant a demandé : "Les élus peuvent-ils faire pression sur les laboratoires pour que les traitements deviennent accessibles partout ?" Un autre, s’adressant plus particulièrement à la candidate Nouveau Centre/UMP : "Quel sort réservez-vous à l’AME/AMG ?" Du côté des candidats aussi, on se pose des questions : "Santé publique et répression : je ne vois pas le lien entre ", renvoie ainsi le candidat du MoDem Philipe Berta à AIDES.

"Etes-vous pour ou contre le cannabis thérapeutique ?" ; "Pensez-vous que la France pourrait avoir un rôle de leadership sur les questions internationales : dépénalisation de l’homosexualité en Afrique notamment ?" ; "Echange de seringues en prisons : pour ou contre ?" ; "Et accompagnement à l’injection ?" Et puis aussi cette question : quel profil préconisez-vous pour présider la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et la toxicomanie ? Après tout, le poste est vacant depuis le départ d’Etienne Apaire. Et encore : "Est-ce que les médicaments génériques ont le même effet que les médicaments que je prends ?" ; "La décentralisation et les Agences régionales de santé : est-ce que cela va renforcer les égalités, ou creuser les inégalités du système de santé ?" ; "Je suis VIH depuis 18 ans. J’ai 59 ans et j’ai l’AAH… comment vais-je vivre à la retraite ? Comment vais-je me loger, me nourrir, me soigner ?" Et encore une question du candidat du MoDem : "Quelle est la position de AIDES sur le dépistage systématique ?"
 
Le débat et les différentes interventions des candidats ont été filmés. Certaines vidéos et commentaires commencent à être diffusés sur le net. Chacune des positions sera épluchée pour la suite de l’action de plaidoyer en Languedoc dans les mois à venir. C’est d’autant plus nécessaire que certains vont être élus dès le 17 juin, d’autres retenteront leurs chances lors d’un autre suffrage, tous continueront certainement de jouer un rôle politique local. Nous avons pris rendez-vous avec nos invités d’un soir : tous se sont engagés sur ce point. Quels que soient leurs avenirs électoraux, tous sont convaincus de l’expertise et de la crédibilité de nos arguments pour faire avancer la lutte contre le sida et les hépatites, sur un plan international, national et local.

(1)  Yvan Lachaud (NC), Francoise Dumas (PS /EELV) et Christophe Cavard (EELV/PS) sont présents au second tour. Ces 2 derniers sont en ballotage favorable dans leurs circonscriptions respectives dans une triangulaire avec le FN ; Yvan Lachaud est second dans la sienne (celle de Françoise Dumas). Pour le second tour, Philippe Berta (MoDem) n'appelle à voter pour personne, Martine Gayraud soutient Christophe Cavard et Sylvette Fayet soutient Françoise Dumas.
La fin de l’épidémie de sida
Les dix mesures que défend AIDES
Mesure 1 : Garantir des conditions de vie dignes pour toutes les personnes vivant sur notre territoire, notamment en instaurant un revenu d’existence et une couverture santé véritablement universelle, en rétablissant le droit au séjour pour soins, et en répondant aux contraintes liées au vieillissement des personnes malades ;
Mesure 2 : Lutter efficacement contre les discriminations, en commençant par garantir l’égalité de droits pour les gays et les Trans et l’égalité effective aux soins et aux droits dans les départements français d’Amérique (Guyane et zone Caraïbes) ;
Mesure 3 : Privilégier la santé publique à la répression, en particulier concernant l’usage de drogues et le travail du sexe ;
Mesure 4 : Améliorer la participation des malades aux politiques de santé, notamment en les associant à toute modification du paysage sanitaire français ;
Mesure 5 : Assurer les moyens de la lutte contre le sida pour enrayer les épidémies à VIH et à hépatites virales, en augmentant les financements dédiés ;
Mesure 6 : Mettre en place la Taxe Robin des Bois sur les transactions financières, qui doit être affectée à la lutte contre les pandémies et pour le développement ;
Mesure 7 : Doubler la contribution de la France au Fonds mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme ;
Mesure 8 : Augmenter graduellement l’Aide publique au développement à hauteur de 0,7% du PIB d’ici 2015 ;
Mesure 9 : Promouvoir une diplomatie active pour la défense des droits des personnes séropositives et des populations les plus vulnérables : homosexuels masculins, Trans, femmes, usagers de drogues et travailleur/es du sexe ;
Mesure 10 : Soutenir la production et la diffusion de traitements à moindres coûts et s’opposer à toutes dispositions susceptibles d’entraver la production de médicaments génériques, en particulier celles incluses dans les accords de libre échange négociés par la Commission européenne.