Mediator : onde de choc et solutions
Sollicitée par le Ministère de la Santé, l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) a remis (15 janvier) son rapport. Il cible particulièrement les laboratoires Servier, fabricants du médicament aujourd’hui retiré de la vente, et l'Afssaps. L’Igas ne mâche pas ses mots et affirme à propos de l’Agence que, celle-ci, "empêtrée dans des procédures juridiques lourdes et complexes", a fait preuve d'une "incompréhensible tolérance" et a "failli à sa tâche". Pour le ministre Xavier Bertrand, c’est donc le temps des décisions. Il faut d’abord remplacer Jean Marinbert, le directeur démissionnaire et puis lancer une refonte complète du système de contrôle des médicaments (la pharmacovigilance). Cette refonte devrait s’appuyer sur un deuxième rapport de l'Igas en juin 2011. Comme le précise l’AFP, ce rapport se fondera sur une large concertation, qui s'engagera "dès la fin janvier" et sur "les travaux des missions parlementaires" a précisé le ministre. La nouvelle réforme devrait apporter de meilleures garanties quant à l’étanchéité des relations entre les laboratoires et l’Afssaps, les déclarations de conflits d’intérêt, la procédure d’autorisation de mise sur le marché, le système de remboursements de médicaments... soit tout ce qui a posé problème dans l’affaire du Mediator. En attendant les grands changements et afin de limiter tout risque d’une nouvelle affaire, l'Afssaps, comme le précise l’AFP, devra remettre "avant fin janvier" un bilan des soixante-seize médicaments qui font actuellement l'objet d'une procédure de suivi. Cette mesure n’est pas du luxe si on en croit un récent sondage de CSA, Le Parisien/Aujourd'hui en France (16 janvier) qui révèle qu’un "Français sur trois se méfie des médicaments". Selon ce sondage, 64 % des Français ont "tout à fait confiance" (15 %) ou "plutôt confiance" (49 %) dans les médicaments qu'ils utilisent. Ils sont en revanche 35 % à ne pas faire confiance aux médicaments : 21% n'ont "plutôt pas confiance" et 14 % "pas du tout confiance". "C'est la fin d'un certain âge d'or : le temps où le médicament jouissait d'une image de sauveur sans défaut est aujourd'hui révolu", commente le journal. De son côté, la revue Prescrire propose une solution pour redonner confiance aux usagers dans les médicaments. Directeur de la revue médicale indépendante, Bruno Toussaint a préconisé lors d’une conférence de presse (17 janvier) l’apposition d’un "avertissement clair pour les patients" sur les boîtes de médicaments qui font l'objet d'une surveillance particulière sur le plan des effets indésirables. Selon lui, un signalement très apparent, par exemple un logo sur les boîtes, permettrait aux patients, mais aussi aux professionnels de santé, d'être plus vigilants.
Plus d'infos sur http://www.sante.gouv.fr
Plus d'infos sur Prescrire sur http://www.prescrire.org
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Commentaires
Mouais... D'abord régler les conflits d'intérêt !
Par exemple, la loi oblige tout médecin à déclarer s'il perçoit des revenus de l'industrie pharmaceutique lorsqu'il s'exprime en public.
Cette loi est-elle respectée ? Avez-vous déjà entendu un médecin dire qu'il touchait des euros de telle ou telle firme pharmaceutique avant de prendre la parole sur C dans l'air ou sur France Inter ou dans Le Monde ? Or la loi l'y oblige !
Pour une véritable transparence et la validité du plaidoyer, cette loi devrait être étendue par ailleurs à toute personne ou organisation ou association qui exprime en public un avis concernant la santé, les associations de malades y compris.
Voir aussi ce billet :
http://www.seronet.info/billet_blog/exit-l-afsaps-que-les-assos-et-le-tr...
Fi du rapport bénéfices/risques
En aucun cas, ce rapport ne devrait pencher en faveur des risques mais en faveur des bénéfices.
Et si une molécule permet d'espérer des bénéfices pour un grand nombre, bénéfices qui ne sont en fait jamais évaluables à moyen et long terme (voir récemment le débat avec Sophie-Seronet sur ce que, rapportant apparemment des données d'experts de Aides, elle a minoré en termes d'effets secondaires concernant Prezista) quand bien même une minorité de patients serait exposée aux risques, ces études sont de toute façon toujours faussées dans la mesure où les investigateurs, les infectiologues, trouvent dans les protocoles d'évaluation (financés par les firmes pharmaceutiques elles-mêmes) dont ils assument la direction une source supplémentaire de revenus qui leur permet jusqu'à décupler leurs salaires de praticiens hospitaliers, donc de fonctionnaires.
Tout cet argent privatisé pourrait permettre de financer la recherche pour que de nouvelles molécules efficaces voient le jour. Or ce système de prébendes conduit à la sclérose de la recherche pharmaceutique et donc à la sclérose de la production de nouvelles molécules. Et en ce qui nous concerne nous, séropos, cela s'oppose à l'émergence des traitements de quatrième ligne ou à l'optimisation des traitements existants pour réduire leurs effets secondaires délétères, à moyen terme. C'est l'effet Archimède !
Une position difficile à trancher,