Nicolas Gougain : "L'opinion est clairement en accord avec nos demandes"

Publié par Mathieu Brancourt le 07.04.2012
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droit lgbt
Le grand événement Egalité LGBT 2012, le 31 mars dernier, a été un succès, un tournant dans la campagne présidentielle 2012 sur les questions concernant les LGBT. A quelques jours du premier tour de la présidentielle, Nicolas Gougain, porte-parole de l'Inter-LGBT, un des organisateurs de l’événement, revient sur la place des revendications LGBT dans la campagne 2012… et parle d’avenir.
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La campagne 2012 est-elle un tournant ? Les questions LGBT ont-elles une meilleure place qu'en 2007 et la qualité du débat a-t-elle, selon vous, progressé ?
Nicolas Gougain : J'ai le sentiment que la question LGBT tient plus de place qu'en 2007. Du côté socialiste, le départ de la campagne de François Hollande a été beaucoup plus volontaire sur ces questions, en comparaison avec Ségolène Royal. Il y a plus de clarté à gauche. Au centre, il y a eu une évolution du positionnement du candidat du Modem [François Bayrou, ndlr] notamment sur les questions d'homoparentalité. Mais si on parle plus, c'est aussi parce que Nicolas Sarkozy a une position beaucoup plus conservatrice et affirmée qu'en 2007. A cette époque, il avait eu des propositions alternatives, avec lesquelles nous étions en désaccord, mais qui permettaient l'ébauche d'un dialogue. Pour le coup, il est, aujourd'hui, beaucoup plus tranché et a pris un tournant extrêmement conservateur. Il y a le ralliement de Christine Boutin, mais aussi la présence de Christian Vanneste à l'UMP [il n’a pas l’investiture UMP pour les législatives, mais n’a pas été exclu du parti, nldr], malgré l'affaire qui aurait voulu nous faire penser qu'il y avait un changement de positionnement. Dès lors, cela pousse peut être les autres candidats et les médias généralistes à mettre cette question "clivante" sur le tapis. Je ne me fais pas d'illusion sur un changement d'avis, mais j'aimerais néanmoins des propositions. Le PaCS a douze ans, l'attente est de plus en plus forte et la société est prête Nous devons attendre les deux élections (présidentielles et législatives), mais peu importe le gouvernement en place, nous aurons alors des rendez-vous, notamment à la Marche des fiertés 2012, pour continuer à rappeler les engagements pris durant la campagne. L'égalité n'attend plus ! On ne peut pas expliquer à des couples qui veulent se marier ou à des familles dont les enfants grandissent dans une véritable insécurité juridique, qu'il faut encore attendre un nouveau débat sur la question. Sachant que c'est l'égalité entre les citoyens qui est demandée, sans remise en cause de la force du mariage ou des couples hétérosexuels.

Les deux partis majoritaires (PS, UMP) restent clivés sur cette question. En cas de victoire de Nicolas Sarkozy, comment continuer à porter les revendications LGBT auprès d'un gouvernement idéologiquement contre ?

Cela fait déjà dix ans que l'on a un gouvernement défavorable à nos revendications. Mais aujourd'hui, l'opinion est clairement en accord avec nos demandes. Il sera alors de la responsabilité politique de la future majorité de ne pas être en décalage d'une attente sociale forte. Depuis 10 ans, nous nous sommes battus pied à pied pour les moindres dispositions visant à améliorer la condition des LGBT. C'est de notre responsabilité de continuer à faire bouger le gouvernement, quel qu’il soit, dans l'intérêt des LGBT. Même avec un gouvernement favorable, sans mobilisation forte de notre part, nous devrons peut-être encore attendre ! On attend plus de détermination de la part du candidat socialiste. D'ailleurs, il faudrait un projet de loi global, permettant un débat sur toutes les questions dans le même timing politique. Si on espace l'adoption de ces avancées, cela permettra à une opposition conservatrice de construire son offensive, qui pourra alors faire hésiter le gouvernement. On a vu d'ailleurs avec le thème du genre dans les manuels scolaires mais aussi sur "Le baiser de la Lune" [court métrage animé sur l’homosexualité pour le jeune public, ndlr], que la frange la plus conservatrice de notre pays et de nos politiques reste mobilisée contre l'égalité des droits. En cas de victoire d'un candidat favorable à nos revendications, il faudra donc garder notre vigilance sur les sujets que l'on porte et avancer le plus vite possible. Parce que tous les voyants seront au vert et qu’il n'y aura aucune raison d'attendre.

Propos recueillis par Mathieu Brancourt.