Politique : les drogues trinquent encore !

Publié par jfl-seronet le 10.07.2011
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Et encore une… Une quoi ? Une nouvelle salve contre la dépénalisation des drogues et les salles de consommation supervisée. Celle-ci on la doit à un rapport d’information parlementaire sur les toxicomanies dont les deux principaux rédacteurs sont la députée Françoise Branget (UMP) et le sénateur Gilbert Barbier (RDSE). Une fois encore, la charge est sans nuances… Revue de détail.
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Tromblon, artillerie lourde, grosses Bertha… le rapport parlementaire (dont une version circulaire… mais qui n’a pas encore été publié officiellement) n’y va pas par quatre chemins sur la question de la dépénalisation de l'usage du cannabis et les salles de consommation supervisée de drogues. Selon le texte, cité par l’AFP, la dépénalisation constituerait "une impasse éthique et juridique" et les salles de consommation de drogue seraient une "option hasardeuse".
Dans ce document, les rapporteurs de cette mission, la députée Françoise Branget (UMP) et le sénateur Gilbert Barbier (RDSE), affirment qu'"aucune argumentation solide ne justifierait une dépénalisation de l’usage des drogues illicites, que les obligations internationales contractées par la France interdisent, au demeurant, de prévoir". Ils estiment que le cannabis "reste une transgression" et "qu'il faut qu’il le demeure". La thèse est connue : "Dépénaliser inciterait ces jeunes [il s’agit des consommateurs occasionnels, ndlr] à poursuivre". Bon prince, le rapport recommande tout de même de "moduler la sanction de l’usage" avec plus de discernement.
Autre point de critique, les salles de consommation supervisée. Dans le document, les rapporteurs jugent que "des interrogations subsistent quant à l’évaluation de l’impact global des centres d’injection supervisée". Une solution alternative ? Eh oui, le recours, plus fréquent, à des "maraudes de contact" pour "intervenir auprès des toxicomanes les plus vulnérables et précaires".
Député PS de Paris, Jean-Marie Le Guen, qui a participé aux travaux de cette mission d'information, s'est insurgé contre ces conclusions qui "sont en décalage complet avec la première partie du rapport sur les drogues qui souligne que la situation en France se dégrade et s'aggrave", et qui "dénonce un manque de moyens". "La troisième partie du rapport reflète les positions gouvernementales", constate le député qui dénonce une "instrumentalisation" de cette mission d'information "pour relancer la politique du gouvernement". "C'est un document à charge qui ne se préoccupe que de défendre la position gouvernementale", déplore Pierre Chappard, cité par l’AFP, porte-parole du Réseau français de réduction des risques, en dénonçant "approximations" et "mauvaise foi". Ainsi, il rappelle qu’"il existe déjà des maraudes et cela n'a pas résolu les problèmes" et que ce sont d'ailleurs les équipes au contact des personnes usagères dans la rue qui ont réclamé la création de salles d'injection supervisée.
"Manifestement, les rapporteurs ne tiennent aucun compte des résultats obtenus avec la politique de réduction des risques face à la situation catastrophique qui a perduré jusqu’au milieu des années 90", affirme Act Up-Paris dans un communiqué (29 juin). "Le rapport ne s’intéresse ni aux nouveaux usages ni à la réduction des risques en milieu festif, dans les banlieues ou les zones rurales, et encore moins à la lutte contre l’hépatite C, pourtant priorité de santé publique. La seule proposition novatrice est l’installation de programme d’échange de seringue en prison, en passant à côté du manque actuel de moyens qui condamne la France à ne pas pouvoir remplir les missions de réduction des risques en milieu carcéral qu’elle s’est elle-même fixée... une sorte d’arbre pour cacher la foret, ou plutôt un désert". "Ce rapport n’est finalement qu’une occasion manquée, qu’une campagne gouvernementale à moindre frais, une rhétorique biaisée, recyclée, usée, qui ne cherche qu’à défendre la doctrine de la [Mission interministérielle de lutte contre les drogues et la toxicomanie], et non à trouver des réponses appropriées aux problèmes des usagers de drogues et de la société. L’absence de véritable réflexion sur la politique de réduction des risques reflète bien la nouvelle politique gouvernementale depuis 2007, qui consiste à surtout ne rien faire".
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