Rapport d’experts hépatites 2014 : AIDES et le TRT-5 ont réagi

Publié par jfl-seronet le 22.05.2014
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AIDES et le TRT-5 ont réagi à la publication du premier rapport d’experts 2014 sur la prise en charge des personnes infectées par les virus de l’hépatite B ou de l’hépatite C réalisé par l’ANRS (1) et l’AFEF (2). Extraits.

"Avec 4 000 à 5 000 morts par an et près de 500 000 personnes infectées en France (dont 250 000 qui l'ignorent), les hépatites virales sont un enjeu de santé publique à prendre très au sérieux", rappelle AIDES d’entrée de jeu. L’association "qui appelait depuis 2010 à la production de ces recommandations, voit dans la sortie de ce rapport un signal très positif".

"Nous n'oublions pas pour autant les insuffisances chroniques des pouvoirs publics à s'emparer de la question, comme en témoigne le faible bilan du dernier plan national hépatites, sous doté et non renouvelé depuis 2012. Nous resterons donc vigilants quant aux moyens déployés pour mettre en œuvre ces nouvelles recommandations", indique l’association.

Les TROD VHC… c’est pour quand ?

AIDES insiste dans son communiqué sur le dépistage. "Les tests rapides VHC, c'est pour quand ? Avec plus de 100 000 personnes qui ignorent être infectées par le VHC, il y a urgence à diversifier l'offre de dépistage", insiste l’association. "Le rapport le montre [que] cette diversification passe par le développement de tests rapides, fiables, et accessibles aux populations les plus exposées. Forte de son expérience dans le champ du VIH, AIDES appelle depuis 2011 à la mise à disposition de ces tests rapides VHC". Selon le rapporteur Daniel Dhumeaux, la Haute Autorité de Santé (HAS) aurait même rendu un avis positif le 16 mai dernier pour la mise en place de ces tests. "Il s'agirait là d'une remarquable avancée", déclare Bruno Spire, président de AIDES. "A condition qu'elle bénéficie des financements adéquats et qu'elle soit accessible partout, y compris pour la population carcérale".

Nouveaux traitements : non à une prise en charge à deux vitesses

"Exorbitant" : c'est le terme employé par Daniel Dhumeaux lui-même pour qualifier le prix de cette nouvelle génération de traitements, mieux tolérés et offrant des taux de guérison spectaculaires. Des prix, en effet, très élevés : entre 60 000 et 90 000 euros par personne ! Va-t-on devoir refuser la guérison à des milliers de malades pour des raisons de coût ?"

Pour AIDES, "cette situation est intenable : tout doit être mis en œuvre pour assurer un accès aussi large que possible à ces traitements". "A quoi bon renforcer le dépistage si on n'est pas en mesure de garantir aux personnes touchées un accès à des traitements de qualité ?", s'interroge Bruno Spire. "Sans un meilleur accès aux droits des populations les plus touchées (migrants, population carcérale, usagers de drogues) et une pression des pouvoirs publics pour faire baisser les prix des nouveaux traitements, nous courrons le risque d'une prise en charge à deux vitesses".

VIH, hépatite C : exigeons des médicaments à des prix acceptables

Le TRT-5 (3), lui aussi, a réagi à la sortie du rapport sur les hépatites. "Quel est le prix d’une vie pour un laboratoire pharmaceutique ? Cette question est ouverte face aux récentes exigences des laboratoires pharmaceutiques qui attendent de l’Assurance maladie des sommes excessives au titre de la prise en charge de médicaments vitaux" explique le Collectif. "Par exemple, le prix estimé des nouveaux traitements de l’hépatite C (sofosbuvir, simeprevir, daclatasvir) revient à exiger 20 milliards d’euros sur 5 ans de la Sécurité sociale pour éradiquer l’hépatite C en France", avance le TRT-5. "En tant que malades, nous nous réjouissons de voir apparaître de nouveaux traitements prometteurs, que ce soit pour le VIH (anti-intégrases), l’hépatite C (sofosbuvir, ledipasvir, daclatasvir, simeprevir) ou d’autres maladies graves comme les cancers. Mais notre espérance est vite tempérée devant le poids de ces traitements pour la collectivité au nom de la solidarité nationale. Si l’innovation thérapeutique permet de sauver des vies, le sésame que représente la mise à disposition de nouveaux médicaments très performants ne doit pas entraîner des choix mettant à mal le système de solidarité nationale. Les malades chroniques seront-ils les prochaines victimes de la crise économique ?", interroge le Collectif.

Le TRT-5 presse les labos

"Nous demandons aux laboratoires pharmaceutiques qu’ils cessent de mettre sous pression le système de santé et pratiquent des prix accessibles. En détournant au profit de leurs actionnaires les sommes allouées à la couverture du risque solidaire de santé, non seulement ces firmes exploitent l’effort commun, mais elles nous exposent aussi au risque majeur de voir notre accès aux soins remis en cause", indique le TRT-5.

"Nous appelons l'Etat à jouer son rôle de régulateur des prix et à ne pas accepter les pressions des laboratoires pour des prix très élevés, à l’heure des économies nécessaires pour faire face aux défis des maladies chroniques et du vieillissement de la population.

Nous demandons à participer activement aux débats menés au sein du Comité économique des produits de santé (CEPS) sur la fixation des prix des produits et services de santé, dans un esprit de rationalisation et de sauvegarde du système de santé dans son ensemble", conclut le communiqué du TRT-5.


(1) : Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales.
(2) : Association française pour l’étude du foie, autrement dit la société savante des hépatologues.
(3) : TRT-5 est un collectif  créé en 1992 qui rassemble neuf associations de lutte contre le VIH/sida de lutte contre le sida françaises engagées dans les domaines des traitements, de la recherche, de la prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH  et les hépatites virales.