Solidarité : Where is the money !

Publié par jfl-seronet le 01.04.2012
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tuberculose
A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose : des militants de la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, réunis au Cap en Afrique du Sud, ont mis la pression pour demander aux leaders mondiaux de tenir leurs engagements pour financer le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme plutôt que de renflouer les banques.
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Des décennies durant, l'Afrique a été ravagée, et l’est encore, par trois maladies mortelles : le VIH/sida, la tuberculose (TB) et le paludisme. Ce "trio infernal" décime chaque année des millions d'Africains. Et que font les Etats concernés ? "Au lieu de se concentrer sur ces maladies impitoyables, de nombreux gouvernements africains dépensent leurs budgets pour acheter des armes ou payer les exorbitants salaires des certains politiques, en oubliant leurs promesses et leurs engagements en faveur d’un majeur accès à la santé de leurs citoyens en investissant dans l’accès aux traitements et aux outils de préventions, des armes bien plus efficaces et nécessaires pour le développement des pays !" Ce jugement, c’est celui qu’ont fait plusieurs militants de la lutte contre le  VIH, la tuberculose et le paludisme réunis lors d’une conférence au Cap (Afrique du sud) le 19 mars dernier à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose.


En décembre 2011, à l’occasion de la Conférence internationale sur le VIH/sida et les IST en Afrique (ICASA) à Addis-Abeba, le Collectif "Where is the money" ("Où est l'argent ?") a mobilisé des centaines de militants qui ont organisé, un peu partout, des manifestations et lancé une pétition qui a été remise à l'Union Africaine. Le diagnostic des militants est simple. Il y a dans le monde environ 46 millions de personnes vivant avec le VIH ou la tuberculose et plus de 200 millions de cas de paludisme par an. La Déclaration d'Abuja, adoptée en avril 2001 par des dirigeants africains, faisait de la réponse au VIH/sida, à la tuberculose et aux autres infections connexes une question prioritaire dans les plans nationaux de développement des Etats africains. Les dirigeants s’engageaient alors à ce que 15% de leur budget national aille à la santé. Onze ans plus tard, le bilan fait par les militants montre qu’une "poignée de pays a atteint cet objectif". En effet, la moyenne régionale reste autour de 7% pour la santé. Les militants rappellent aussi que la santé dans les pays concernés reste en très grand partie dépendante des financements internationaux.

Et dans le contexte actuel cela pose problème. Certains pays du Nord dont l'Italie, l'Espagne et l'Irlande ne tiennent pas leurs engagements dans les financements du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme… alors même que cela "représente environ les deux tiers du financement international pour la lutte contre la tuberculose et le paludisme, et 20% des financements pour la lutte contre le  VIH". Il y a donc d’un côté des pays du Nord en défaut et de l’autre des gouvernements africains qui ne tiennent pas davantage leurs engagements… c’est le vrai ticket perdant. Les militants réunis au Cap indiquent dans leur communiqué du 19 mars que sur les quatre pays qui avaient pris des engagements auprès du Fonds mondial, seul le Rwanda l’a tenu. L’Afrique du Sud, la Namibie et le Nigeria ne l’ont pas tenu.


Le désengagement des pays du Nord a eu pour conséquence l’annulation du round 11, le dernier cycle en date des subventions versées aux pays. Cela signifie que le Fonds mondial ne sera plus en mesure de financer de nouveaux programmes de lutte contre le  VIH/sida, la tuberculose et le paludisme jusqu'en 2014 ! Les militants réunis au Cap jugent cette situation d’autant plus dramatique que ces dix dernières années le Fonds mondial avait montré son efficacité, sauvé des vies, éviter de nouvelles infections, réduit, par exemple, la mortalité liée à la co-infection VIH et tuberculose.


Pour les militants, un autre facteur est déterminant dans le contexte : "Non seulement le nombre des nouvelles infections par le VIH a chuté au plus bas niveau depuis 1997, mais les nouvelles recherches scientifiques nous montrent qu’un accès précoce pour une personne séropositive à la thérapie antirétrovirale réduit le risque de transmission sexuelle à un partenaire séronégatif de 96%". "Cette nouvelle recherche suggère que si nous investissons davantage dans le traitement, nous pouvons non seulement sauver des vies, mais nous pouvons aussi prévenir de nouvelles infections", explique Rosemary Mburu, coordinatrice à la World AIDS Campaign. "Nous pouvons maintenant envisager un monde où le VIH n'est plus l'énorme menace qu'elle est aujourd'hui, mais dans ce but, nous avons besoin d’une augmentation des investissements aujourd'hui". Le message des militants du Cap est donc clair : Réduire les financements de la lutte contre le  VIH en période de crise est une stratégie à courte vue et, de surcroît, contre-productive.


"Chaque année dans le monde le trio mortel (VIH/sida, tuberculose et paludisme) est à l’origine de quatre à cinq millions de décès. Ce ne sont pas que des chiffres, ce sont des millions de vies, des millions d'enfants morts ou laissés sans parents", dénoncent les activistes réunis au Cap. "Ne pas financer aujourd’hui la santé va avoir un impact énorme sur la vie de plusieurs millions de personnes. C’est pour cette raison que cette semaine [celle du 19 mars] des dizaines d’activistes africains ont organisé cette réunion d’urgence pour coordonner leurs  efforts et développer un message commun autour des trois plus grandes menaces pour la santé des populations africaines", indiquent-ils. Les militants réunis au Cap entendent développer un plan d'action d'urgence pour pousser les gouvernements du continent africain et ceux des pays donateurs à financer le Fonds mondial à la hauteur de 2 milliards de dollars avant Juillet 2012 (pour les pays bailleurs au Nord) et à atteindre les objectifs de la Déclaration d’Abuja pour les pays africains.


Il n'est pas commun que des associations de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme se réunissent, mais avec la menace accrue de ces trois maladies sur le continent africain et le danger du manque de financements, il est essentiel de collaborer, construire et élaborer des stratégies communes pour s'assurer que les gouvernements donateurs et d'Afrique financent dans une manière adéquate la santé.