Entre parenthèses...

Publié par patoche le 16.07.2014
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J'avais il y a quelques temps posté un billet assez vindicatif concernant ma mère et ma sœur, par contre, je n'ai pas évoqué mon père...

Mon père est mort ce 29 mai deux jours après son 76ème anniversaire, plutôt brutalement. Après avoir passé 15 jours à l'hôpital dont 10 en soins intensifs suite à l’ablation d'un rein, il est mort la nuit de son retour chez lui d'un malaise cardiaque, dû certainement à la fragilité engendrée par les suites de l'opération, vu qu'il ne présentait pas à priori de problèmes cardiaques.

Il n'était pas censé mourir, du moins pas maintenant, son père a vécu jusqu'à 90 ans et sa mère jusqu'à 96, alors pourquoi lui est-il parti à "seulement" 76 ans?

Ça ne changera rien que je me pose la question, mais je me la pose quand même. Pourquoi diable les médecins ont tenu absolument à ce qu'il se fasse opérer, sachant que la grosseur qu'il avait sur un rein ne présentait pas de lésions cancéreuses, le souci, c'est que cette tumeur était grande et qu'il était impossible de l’ôter seule, la seule option étant d'enlever le rein entier.

Quel est l'intérêt de faire subir une telle opération à un homme de 76 ans, sachant qu'il aurait peut-être pu continuer à vivre encore quelques années sans trop de soucis?

Il aurait pu continuer encore quelques années à collecter des objets insolites dans les marchés aux puces ou les déchetteries, à les assembler pour en faire des sculptures et des lampes avec son fer à souder; il aurait pu continuer à sculpter des croix occitanes, dans des morceaux de bois ou même de cuivre, à créer des chandeliers avec trois bouts de ferraille et des meubles avec quatre bouts de bois...

Il était comme ça, un peu doux dingue, anti-système, un petit rictus au coin de sa moustache, toujours calme, du moins en apparence, jamais dans le jugement...

Mais voilà, quoi qu'il en soit, il est mort...

Ma sœur m'a appelé en pleine nuit le 29 mai à 2 heures et demie du matin pour me l'annoncer, depuis ce moment, ma vie est entre parenthèses...

Ma mère est complètement perdue, déjà bien diminuée en raison d'une polyarthrite invalidante, ma sœur déboussolée m'a demandé de m'occuper de tous les papiers pour ma mère, elle s'est sentie dépassée, incapable de le faire. Les deux ont mis pas mal d'eau dans leur vin, je suis presque devenu providentiel a leurs yeux.

Je me suis donc occupé de toutes les tracasseries administratives et de pas mal d'autres choses, assez stoïquement, malgré les aberrations bureaucratiques dont la France a le secret, sans vraiment réaliser que j'envoyais des certificats de décès de mon propre père, machinalement, comme un passage obligé.

J'ai fait face à tout, et pour la première fois depuis longtemps, elles ne me regardent plus comme le mouton noir de la famille.

Aujourd'hui que je suis rentré chez moi à Nice, je me sens complètement vidé, incapable de gérer mon chagrin, j'ai envie de pleurer pour un oui pour un non, incapable de gérer mes propres tracasseries administratives, je n'arrive à rien... Parfois, je sens que je vais craquer...

Je suis en arrêt depuis le 6 juin, mon travail ne m'intéresse plus, je fais comme un blocage.

J'avais déjà fait un épisode dépressif cet hiver, mais l'anti-dépresseur que je prends ne me semble plus d'aucune utilité, je galère pour trouver un nouveau psy, soit ils ne prennent plus de patients pour le moment, soit le prochain rendez-vous disponible est aux calendes grecques; le plus tôt que j'ai trouvé c'est pour le 12 août, d'ici là, j'aurais eu le temps de me noyer dans un dé à coudre...

Car c'est bien de ça dont il est question, je me sens submergé et dépassé par des soucis qui pourraient paraître dérisoires, sauf qu'avec mon humeur, la moindre petite chose prend des proportions abyssales, mais c'est comme plus fort que moi, je ne vois que le négatif, tout me parait insurmontable.

Au delà du décès de mon père, j'ai l'impression d'arriver à un tournant de ma vie, un virage que je n'arrive pas à négocier. De plus, le virage est en pente, et j'ai l'impression qu'il me faudra descendre tout en bas avant de pouvoir remonter...

Commentaires

Portrait de JIPETTE

Il est exact que le départ d'un proche nous déstabilise plus facilement car dans ce cas nous passons en première ligne pour être fauchés nous aussi. Comme toi Pat j'ai perdu mon père voici 4 ans. Ma mère et ma soeur ont passé plutot facilement le cap. Seule ma nièce a été fortement pertirbé. Thanatos rode autour de moi ces derniers temps. Une amie (très proche) vient elle aussi de disparaître. Sa soeur en est très perturbée car c'est la survivante du clan familial : père et mère déjà décédés.

Tu as perdu appétence à la vie. Tu n'as pas le choix : elle doit IMPERATIVEMENT revenir. Anti-dépresseur, psy pourquoi pas mais puise plutot dans tes ressources. N'attend pas d'être en bas pour refaire surface. Allez mon grand. Debout mec ! Affection 

Portrait de Mumbly

Pour moi il est normal de se retrouver 'à genoux' après le décès d'un proche... Comme tu le dis, il faut juste remonter après la descente... Je crois qu'il vaut mieux se laisser à sa souffrance immédiate pour pouvoir mieux ensuite repartir. Cela prend à chacun un temps et une façon différente mais c'est le cours de la vie; tu as le droit d'être déprimé, désespéré, en colère, mais tu vas dépasser cet état, il le faut. Tiens bon, on pense à toi!

Portrait de patoche

...à tous les deux de votre soutien.