Innocent

Comme beaucoup, j'ai longtemps hésité avant de lancer un blog sur ce site. Mais mes raisons étaient peut-être un peu différentes. Cela aurait pu être que j'hésitais à dévoiler mon intimité. Cela aurait aussi pu être un manque de temps ou encore le fait que je ne suis pas attiré par l'exhibitionnisme social que représente souvent la blogosphère. Rien de tout ça en fait. J'ai surtout beaucoup hésité car quelque chose me gênait avec séronet. Voir à quel point ce site était squatté par les discours prosélytes sur le sexe à risque. Gêné aussi de voir depuis des mois comment ceux qui tenaient des discours inverses se voyaient remballés par une modération qui montrait bien plus de complaisance à l'égard des discours barebacks au prétexte que chacun serait libre de s'exprimer.

Non, tous les séropos ne baisent pas sans capote! 

Alors ce blog sera l'occasion de voir de quelle liberté d'expression disposent ceux qui pensent encore que l'épidémie de sida est un phénomène collectif ou chacun a sa part notamment dans la communauté homosexuelle. Car le sida chez les gays c'est un peu comme en Afrique: 13 à 17% de de porteurs du VIH/sida dans notre communauté selon les enquêtes déclaratives (Enquête presse gay et Baromètre gay) sans doute bien plus en réalité.  

Dans ce contexte les rhétoriques du "chacun est libre et responsable", les prétendus "adultes consentants", etc. me semblent n'être qu'une manière trop facile d'évacuer le problème. Un chacun pour soi bien incapable de mettre un terme à cette épidémie.

La place que prennent tous ces discours sur le bareback sur ce site ne sont sans doute que le reflet de la place qu'on leur laisse. Je me demande parfois si ces positions ne traduisent pas seulement un grand besoin de se justifier. Comme s'il y avait chez tous les séropositifs une sorte de culpabilité de s'être un jour contaminé.

Je suis étonné de voir à quel point tout le monde s'arrange avec les données de la recherche préventive pour trouver après coup une justification à ses prises de risque. Etonné de voir aussi à quel point on ne veut bien retenir que ce qui nous arrange et on écarte les informations contradictoires. 

J'aimerais aussi entendre plus souvent parler de la manière dont la complaisance vis-à-vis du sexe non protégé ne fait que nous assigner à notre statut sérologique. Qu'on évoque plus souvent nos rapports avec les séronegs.

Alors, il y a des chances que je n'intervienne qu'assez peu dans les réponses envoyés à ces billets. En tous cas dans les discussions stériles habituelles sur ce site web dès lors qu'il s'agit de prévention. Elles m'ennuient profondément.