Le psychologue punk, contre l'estime de soi positiviste : "Se sentir mal est humain et nous devrions nous lier d'amitié avec notre merde"
Mis à jourmardi 24 octobre 2023 - 01:36
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Après avoir mis en garde contre la tyrannie du bonheur, le thérapeute Victor Amat se concentre désormais sur "arrêter d'acheter de la fumée et améliorer son estime de soi pour mieux s'aimer sans larmes".
Le psychologue Victor Amat défend le droit de se sentir mal. Shutterstock
"Que disons-nous à une jeune fille qui pense que pour s'aimer et être bien, elle doit perdre six kilos ou acheter le dernier après-shampooing ?", demande Victor Amat (Barcelone, 7 août 1963), un psychologue qui, dans sa jeunesse Il a été champion d'Europe de kick boxing. Cette mentalité de combattant, dit-il dans ses livres, l’a aidé à se forger une réputation d’expert en stratégie et en persuasion. En plus d'être enseignant dans d'importantes institutions publiques et universités, père de trois enfants et créateur de l'école Bajo Palo, où il enseigne à d'autres professionnels de la santé, il se déclare ouvertement punk .
Un « patronyme » qui mène à ses deux titres publiés. Après avoir réfléchi à la façon dont se forcer à penser positivement peut nous rendre plus malheureux , il se concentre maintenant sur notre perception de soi. Punk d’estime de soi. Comment mettre fin à l'estime de soi fleur heureuse (Ed. Vergara) questions selon lesquelles nous n'avons pas une bonne idée de nous-mêmes parce que nous sommes mauvais, aimons quelqu'un et souffrons, sommes proxénètes au travail ou si vous n'aimez pas ce que vous voyez quand vous regardez dans le miroir. " Se sentir mal est humain et nous devrions nous lier d'amitié avec notre merde ", défend-il. "Cela blâmer votre manque d'estime de soi est une bonne affaire pour le secteur de la croissance personnelle", ajoute-t-il.
Le thérapeute Victor Amat, avec son nouveau livre. L’ESTIME DE SOI, UNE THÉORIE
Amat affirme que l’estime de soi n’est pas comme le diabète ou un os qui peut se fracturer. "C'est un concept inventé pour expliquer l'inconfort. Il y a des patients qui mettent des années à trouver quelque chose qui augmente leur estime de soi et, comme ils ne le trouvent pas, ils se sentent plus mal. C'est pourquoi il est si important pour ces personnes que n'importe qui essaie de se changer avec les conseils qu'il vous donne... si vous avez une carte de crédit", explique-t-il.
Blâmer l'estime de soi pour tout ce qui nous arrive est, selon ce psychologue de 25 ans d'expérience, "un mensonge de connerie " . Cela encourage une fois de plus les gens à aller à contre-courant de la tendance répandue des fleurs naïves et joyeuses. "Il faut y répondre : parce que vous le dites, je ne le ferai pas. Ne me traitez pas comme un enfant", dit-il sans détour. Le fait que « vous pouvez faire tout ce que vous voulez » nous a fait beaucoup de mal, admet Amat. "Vous forcer à penser que tout dépend de vous peut détruire votre estime de soi si les choses ne se passent pas comme prévu." Et personne ne vit sur une île. "Il ne suffit pas de le proposer parce qu'il y a des conditions culturelles, familiales, économiques..." souligne-t-il.
Vous ne pouvez pas non plus superposer une situation agréable à une situation désagréable, « descendez ». Méditer n’est pas mauvais, poursuit-il, mais ce n’est pas le salut, aussi à la mode soit-il. " Si la conscience est la seule solution à votre mal-être, vous êtes en difficulté, je vous l'assure. Qu'est-ce que vivre consciemment ? Être une sorte de Bouddha ? Ne présumez pas que respirer lentement et porter des pantalons en lin amélioreront simplement votre vie . ", écrit-il dans un chapitre. "Il faut parfois accepter de ne pas s'accepter soi-même, un des grands paradoxes de l'estime de soi", clame-t-il.
LES AVIS DES AUTRES
Une bonne estime de soi, selon Amat, qui préfère l'appeler « une saine estime de soi », doit combiner une relation équilibrée entre ce que nous entendons des autres et la conception que nous avons de nous-mêmes. "Nous sommes des êtres sociaux et nous nous construisons en fonction de ce qu'on nous dit. Mais rien n'est bon ou mauvais en soi, l'important est de savoir si c'est bon pour vous, pas seulement parce que les gens vous disent que c'est bien, vous avez de l'accepter" .
Probablement, suppose le psychologue, les femmes ressentent davantage cette pression de ce que les autres diront en raison de leur rôle social en tant que soignantes et de leur exigence de devenir les meilleures en tout. "La culture patriarcale exige qu'ils soient parfaits . Un gars laid peut réussir, mais il n'en va pas de même avec une fille laide."
Cela va aussi aux racines, dans l’enfance. Dans sa maison, il était interdit de se plaindre et pleurer était mal vu. "En bon psychologue, je blâme les parents", plaisante-t-il. "Maintenant, sérieusement, l'estime de soi d'une fleur heureuse vous dit que vous pouvez réparer votre passé d'un simple trait de plume . Prendre conscience des lois acquises peut être douloureux, c'est pourquoi il est important d'en prendre soin et de ne le faire d'aucune façon. Ce qui se passe, c'est que beaucoup d'entre eux sont enracinés et vous n'avez aucune idée de la façon dont ils gâchent votre vie. Mieux parler n’est pas non plus une panacée. "Si avec un langage aussi positiviste je me sens encore plus mal, il vaudrait mieux ne pas le dire."
LA PENSÉE CRITIQUE
Amat a 25 ans d'expérience en tant que psychologue.
Et que propose-t-il ? "Arrêtez d'acheter de la cigarette. Punky votre estime de soi pour vouloir arrêter d'être quelqu'un d'autre . Cela vous tue petit à petit."
Surtout face au monde idyllique qui nous est présenté sur les réseaux sociaux, fenêtre ouverte sur le monde de la comparaison infinie, Amat conseille de ne pas tuer l'outil, qui peut être intéressant, mais de stimuler l'esprit critique . "Quand on regarde une photo d'eau turquoise et de personnages souriants, rien n'est aussi merveilleux qu'il y paraît", dit-il. L’idée est de réfléchir à ce que nous pouvons apporter et, ce qui est révolutionnaire, c’est d’être nous-mêmes. "Cela n'est pas synonyme de ne se soucier de rien et de ne pas se soucier de tout, mais le bonheur n'existe pas, il n'y a que le désir d'être heureux. Et s'aimer soi-même n'est possible que lorsque l'on réconcilie ses forces opposées", conclut le thérapeute .
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