Les chroniques du poumon [De quoi en faire tout un fromage]

Quelle vacherie tout de même : ça va de mal en pis partout !

Après la révélation en mars 2015 de l'entente illicite entre dix groupes du secteur agroalimentaire, il a fallu, à ces baratte-ineurs de laitiers, mettre la main au pot (de yaourt) pour payer l'amende de 192,7 millions d’euros qui leur a été infligée : cela a sans doute fait un trou dans le gruyère et peut-être failli écrémer une partie du haut de la profession...

Tout cela pour des histoires de traites à honorer : si seulement au lieu de penser "et ta sœur, elle bat le beurre !", les meneurs avaient eu la présence d'esprit de museler tout le cheptel, cela n'aurait sans doute pas débordé...

Bilan et résultat net : les bénéfices de croupe ont été allégés, le rendement a flirté avec le 0% et il a fallu affiner les perspectives, mais sans en faire des tomes.

Et pendant que nous, braves gens (qui, puisque l’hiver arrive, allons sans doute nous mettre à cailler), faisions chaque soir après repas notre faisselle, d'autres ouvraient un compte en petit suisse : mais où donc étaient passés les verts rebelles, Noër Mamelle en tête ?

Les services de la concurrence avaient à l’époque pris le taureau par les cornes et ce fut une bonne chose : la vache qui rit avait pleuré et nous avions nous tous bu du petit lait !

Mais foin de cette temporaire satisfaction ! Ce n’en est pas fini ! Voilà ce vendredi passé qu’environ 250 à 300 céréaliers ont trouvé à se mettre sur la paille dans le bas des Champs-Elysées pour réclamer la poursuite de l’utilisation du glyphosate. Cela ne tourne décidemment pas Rondup dans la tête de veau de certains : à force de ne voir que la récolte dans l’œil du voisin, ils ne voient plus l’épeautre qui est dans le leur !

Si Stéphane Travert (de porc bien sûr) ne s’est pas déplacé, Nicolas Mhulot, fétu simplement en ce matin frisquet, s’est lui fendu d’un échange avec les hommes de paille : voilà qui a le mérite du courage, courage qui ne fut jamais celui de Stéphane Le Foll-Avoine du temps où il était à la barre (de céréales).

La PAC mise en pratique en 2015 n’en finit plus de faire grincer les charrues des agriculteurs : il y a tout un tas de grains de blé dur dans les rouages et alors que certains s’en mettent plein les silos, les autres tirent la langue de bœuf.

Il y a belle luzerne que l’on sait que l’argent des aides va aux plus gros producteurs (ami beauceron, je te salue !) et si certains avaient trouvé dans la filouterie le moyen de s’en sortir (ami corse au cheptel ou pâturage inexistant, je te salue !), la majorité des petits exploitants file un mauvais coton et se seigle aux quatre veines (il faudra un jour séparer le bon grain de l’ivraie et agir comme Charles Martel contre les sarrasins).

Orge, voilà que parallèlement à tout cela, l’Etat supprime les aides au maintien de l’agriculture bio et veut recentrer celles-ci sur le soutien aux nouveaux producteurs, ce qui provoque l’incompréhension de la filière : ben oui quoi, on veut ou pas faire bien ? Sans vouloir créer une amarante viagère, l’on doit donner de coix mettre en place un futur viable à qui(noa) le veut.

Lin dans l’autre, il faudra bien trouver une solution : le sorgho en est jeté ! Maïs il ne faudra pas dépenser des millets d’euros (allons amis, donnez !) et prendre garde à ceux qui fromentent de sales coups (de pioche).

On ne riz plus ! Sillon voulait vraiment que tout le monde mange mieux et sain, que les plages ne nous rendent plus vert de rage avec leur odeur à tuer un cheval, que les cours d’eau et nappes (du dimanche, et à carreaux s’il vous plaît) ne soient plus mal-ni-tratées, que les courts-circuits soient enfin aux normes et que les AMAP fleurissent, l’on continuerait de développer le bio-top, ce qui remettrait un peu d’engrain dans l’exécution des tâches !

Etre agriculteur, c’est aujourd’hui devenu comme aller travailler à l’éleusine.

Bref : herbicide or not, glypho-that is the question.