LES SEXTOYS QU'IL FAUT BALANCER D'URGENCE (DU PLACARD ET DE NOS TÊTES)

Publié par lericou06 le 12.05.2014
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Quand vous pensez à un téléphone, c'est rarement une énorme cabine téléphonique qui vous vient à l'esprit. Vous ne visualisez plus la télévision comme un énorme cube qui prend la moitié du salon. Alors pourquoi quand on pense « sextoy », pense-t-on encore au canard vibrant ? (Et pourquoi cette nana doit-elle faire le signe de la victoire, alors qu'elle chevauche l'incarnation même de la lose ?)

 

Le problème, ce n'est pas de mettre à jour notre imaginaire. Le problème, c'est que les médias, l'industrie du film, la publicité et le business du sextoy lui-même, persistent à prendre pour emblème un machin ridicule, pas puissant, pas ergonomique, bref le sextoy comme incarnation de la misère sexuelle. Ce qui renforce la culpabilité pendant l'achat, et le silence après l'achat. Ce qui explique pourquoi quand je parle de mon nouveau téléphone, les copains disent « vazy vazy montre », mais quand je parle de mon nouveau sextoy, j'ai droit au sourire snob de celle qui a franchi les limites du bon goût. C'est comme si j'avais acheté des saucisses cocktails (ici, mes excuses aux amateurs de saucisse cocktail, voire aux amateurs d'apéricubes).

 

Il faut balancer le canard vibrant, qui n'a même pas été un vaillant soldat. Qui a juste servi de couvre-honte. Soit vous aimez la puissance et vous prenez un Fairy, soit vous aimez le confort discret-design, et vous prenez un Iroha. Le canard vibrant c'est le sextoy des gens qui détestent les sextoys, de même que Bilal c'est l'auteur de BD de quand on n'aime pas la BD.

 

Il faut balancer les godes couleur chair avec les fausses veines, surtout quand ces godes sentent le plastique. Il faut balancer les vaginettes pseudo-réalistes aux intitulés étranges comme "petit rectum de loutre".

 

Il faut balancer les menottes en fourrure qui s'ouvrent toutes seules. Parce que tout l'intérêt d'attacher ou d'être attachée, c'est de pouvoir y croire cinq minutes. Si vous voulez acheter des menottes, prenez des vraies, et pitié, sans moumoute de couleur.

 

Il faut balancer le rabbit parce qu'il existe tellement de choses plus jolies (mais là mon argument est pourri).

 

Il faut balancer la lingerie érotique qui gratte et que finalement on ne porte jamais, et qui devient un fantôme dans le placard : le fantôme de la femme érotique qu'on ne sera jamais (parce que nue c'est si pratique). Soit le corset fait partie d'un rituel d'adoration et de contrainte et de détachement, soit c'est une figure obligée nulle, où les lacets deviennent tes ennemis personnels, d'autant que tu n'as plus aucune flexibilité à l'abdomen. (Ceci vaut aussi pour le latex et le vinyle alias les antres de la transpiration : il faut vraiment aimer ça. Si vous faites semblant, faites semblant avec du faux.)

 

Il faut balancer les dés érotiques et les remplacer par une conversation ou par un jeu improvisé. Sinon tu te retrouves à lécher les cheveux de ton partenaire. Personne ne veut lécher des cheveux. Je crois.

 

Il faut balancer les lubrifiants qui collent et qui sentent l'ananas ou la fraise ou des parfums « rigolos » qui ne font rigoler personne vu que le lendemain tes cheveux sentiront encore le Mister Freeze (+ la salive de ton/ta partenaire, si tu as zappé le point précédent).

 

En fait, il faut balancer tout ce qui sert à « pimenter » un couple. Il faut balancer tout l'attirail d'initiation au sexe : nous sommes, tous, des experts de notre sexualité, et le choix tout-public est un choix pour personne. Libération, mes amis. Balancez-moi ces vieux trucs pourris (vous notez qu'il n'y en a pas tant que ça, d'ailleurs).

 

Bref. Nous sommes en 2014. Les gays ne sont pas comme dans la Cage aux Folles, les échangistes ne sont pas forcément en crise de couple, les nudistes ne vont pas violer ton gamin, et les sextoys ne sont plus ce qu'ils étaient.

Commentaires

Portrait de WhiteAngel

je me suis bidonnée à lire ton post, vraiment génial ..Tongue Out